Grève à l’abattoir d’Olymel de Vallée-Jonction : après les vagues de la COVID-19, une vague de solidarité!

Une grève générale illimitée à l’usine d’abattage d’Olymel à Vallée-Jonction a été déclenchée le 28 avril dernier par le Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction-CSN. Les ouvriers de l’abattoir s’étaient donné un mandat de grève le 28 février. Ils sont sans contrat de travail depuis le 1er avril. Ils dénoncent un manque de volonté de négocier de la part de l’employeur.

Les syndiqués ont déposé une offre salariale le 19 avril, offre qui est restée lettre morte. La partie patronale se contente d’estimer les demandes exagérées, soit ce qu’elle évalue être une hausse salariale de 35% sur la première année et de 51% sur trois ans et demi. La vérité, c’est que ces demandes n’ont rien de déraisonnables. Ce sont les propriétaires de ce monopole qui le sont. « Depuis la convention de 2007, nous avons obtenu l’équivalent de 1,13$ l’heure en augmentation de salaire. On travaille pour des pinottes. Les usines qui ont négocié dans les deux dernières années, leurs demandes étaient de 2$ l’heure. Nous ne sommes pas fous. » Qui plus est, les ouvriers n’ont plus de REER. Conséquemment, la main-d’œuvre est volatile. Martin Maurice, président du syndicat, a prévenu avec aplomb que « [t]ant qu’il n’y a pas de négociation et que ce ne sera pas réglé totalement, il n’y aura pas de retour au travail. »

On se souvient aussi que la prime COVID de 2$ l’heure a été retirée aux employés d’Olymel à Vallée-Jonction le 22 juin 2020. Pourtant, près d’un an plus tard, la pandémie fait toujours rage, les ouvriers courent de graves dangers en allant travailler tous les jours et leurs salaires ne sont guère généreux. Au fond, la reconnaissance de la bourgeoisie envers le prolétariat à l’ouvrage en tant de crise sanitaire n’a jamais été réellement au rendez-vous.

Le monopole Olymel compte quinze usines au Québec. C’est l’acteur industriel le plus important de sa catégorie dans la province. L’usine de Vallée-Jonction fait travailler un peu plus de 1 050 travailleurs.

Cette usine revêt une importance particulière pour Olymel. On y abat 35 000 à 38 000 porcs chaque semaine. Avec la grève en cours, les bêtes pourraient être redirigées vers les États-Unis ou vers d’autres provinces canadiennes. Certains contrats avec les éleveurs de porc se trouvent menacés. Le président des Éleveurs de porcs du Québec, un représentant véreux de la bourgeoisie, a déploré que le conflit met de la pression sur les propriétaires des fermes d’élevage qu’il qualifie faussement de « victimes collatérales ».

« On ne voit pas comment on pourrait demeurer concurrentiels dans le marché avec des augmentations semblables », a indiqué un porte-parole d’Olymel, Richard Vigneault. Il poursuit en affirmant que « [ç]a placerait l’usine hors compétition. » Rien n’est à ajouter : la concurrence entre les transformateurs de porc règne au détriment de la main-d’œuvre. Ce sont les travailleurs qui font toujours les frais de la joute que se livrent les grands monopoles entre eux. Sous un mode de production capitaliste, le sort des ouvriers n’a que très peu d’importance, dans la mesure où ils ont de quoi vivre et aller vendre leur force de travail aux bourgeois. Le profit est roi pour ceux qui l’empochent et c’est tout ce qui compte pour eux. Le sort réservé aux travailleurs est donc injuste et impossible à accepter avec résignation. C’est pourquoi des luttes économiques comme celle des ouvriers de Vallée-Jonction surviennent et nous ouvrent les yeux sur l’infâme réalité de l’exploitation qu’il ne faut cesser de dénoncer. Ces luttes nous font aussi réaliser combien la lutte pour le pouvoir ouvrier est nécessaire. Pour que cesse la dictature du profit et le pillage organisé de l’argent des travailleurs, il faut renverser la classe qui possède les ressources, les usines et les moyens de transformation de la matière.

L’année qui vient de passer a révélé au grand jour, plus que jamais, dans les abattoirs, combien les capitalistes n’ont que très peu de considération pour non seulement le porte-feuille des travailleurs, mais leur santé. Il y a eu bon nombre d’éclosions dans les usines d’Olymel, ce qui a conduit à 145 000 porcs en attente en janvier 2021 et 17 759 en date du 23 avril. La direction d’Olymel craint les perturbations dans la production à venir et jette la faute de manière odieuse sur les ouvriers alors qu’elle est la seule à blâmer. La négligence de la bourgeoisie a gravement nuit à la santé des travailleurs dans la dernière année, conduisant au retrait de travailleurs de la chaîne d’abattage, ce qui a ralenti les opération de transformation de la viande. On se souvient de l’éclosion majeure de COVID-19 survenue à l’usine de Vallée-Jonction pendant la 2e vague de la pandémie, éclosion qui a tristement emporté un ouvrier et qui a touché plus de 114 employés confirmés suite à une campagne de dépistage comptant 581 tests administrés à des ouvriers asymptomatique en septembre et octobre 2020. C’est sans compter le bilan de l’éclosion survenue lors de la 1re vague qui s’élevait à 30 infectés.

La vérité crève les yeux : quoi qu’en dise la bourgeoisie pleurnicharde, les seules véritables victimes, ce sont les travailleurs de Vallée-Jonction à qui on veut, aujourd’hui, faire signer un contrat de travail irrespectueux. D’ailleurs, la direction d’Olymel se sert outrageusement de la pandémie de COVID-19 pour délégitimer la grève déclenchée par les ouvriers, indiquant qu’il y a des enjeux plus préoccupants que la négociation en ce moment. Cette tactique n’est rien d’autre qu’une malhonnête diversion. Si Olymel s’était réellement soucié de la santé, nous n’aurions pas assisté à la contamination massive des travailleurs d’abattoirs et de leurs familles; nous n’aurions pas assisté à l’obstination de la direction de Vallée-Jonction à refuser la fermeture temporaire de ce lieu de transformation alimentaire hautement lucratif pour les capitalistes.

L’attachée de presse du ministre de l’Agriculture André Lamontagne a annoncé qu’une médiatrice-conciliatrice avait été dépêchée, « [v]u l’importance de cette entreprise dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire québécoise […] ». La conciliation a été demandée par la direction d’Olymel avant même qu’elle ait daigné répondre aux demandes salariales présentées par les syndiqués le 19 avril. Qui plus est, l’employeur refuse désormais de se présenter aux dates prévues pour la négociation.

Le conflit qui oppose les courageux ouvriers d’Olymel à Vallée-Jonction avec leur employeur n’est pas près de se régler. Selon les dires du syndicat et les événements qui ont marqué la dernière année, sans compter les 1 700 démissions comptabilisées depuis 2015, les relations de travail sont tendues et l’employeur compte bien tout faire en son pouvoir pour extraire le plus de plus-value du travail des ouvriers. La lutte s’annonce haute en couleur. D’ailleurs, on se souvient que le 9 décembre 2019, quelques 200 ouvriers de l’usine d’Olymel de Princeville étaient venus exercer un blocus sur l’arrivage des camions-remorques aux installations de Vallée-Jonction, installations qui servaient à combler le manque à gagner provoqué par la grève de l’abattoir sœur. L’action spectaculaire avait pris tout le monde par surprise et a révélé toute la combativité des ouvriers dans le secteur de la transformation de porcs au Québec, ouvriers malmenés par la bourgeoisie.