COVID-19 : Les travailleurs de l’alimentation dénoncent leurs conditions partout au pays

Les prolétaires canadiens dans la transformation alimentaire et dans les commerces d’alimentation travaillent d’arrache-pied depuis le début de la crise sanitaire il y a près d’un an. Ils n’ont pas connu d’interruption de travail et s’exposent depuis des mois à des risques importants de contracter le virus. Dans la dernière semaine, deux cas sont venus illustrer leurs luttes pour de meilleures conditions de travail dans le contexte de la pandémie.

Les travailleurs de l’usine Olymel de Red Deer en Alberta

Le 28 janvier dernier, on apprenait qu’un ouvrier de 35 ans de l’usine Olymel de transformation de porc à Red Deer en Alberta avait perdu la vie après avoir contracté la COVID-19. Le mercredi 10 février, la Santé publique de l’Alberta alertait la direction de l’usine d’une éclosion majeure. Olymel a ensuite mis cinq jours avant d’annoncer, le lundi 15 février, la fermeture temporaire de l’établissement touché. Pourtant, le syndicat des travailleurs de l’usine, la United Food and Commercial Workers Union (UFCW), réclamait cette fermeture depuis le mois de janvier.

La négligence d’Olymel a tristement conduit à un bilan qui glace le sang : le mercredi 16 février, on révélait qu’en quelques semaines seulement, entre 343 et 389 ouvriers de l’usine de Red Deer ont été infectés par la COVID-19, soit un travailleurs sur cinq. Le jour de cette annonce, 197 cas étaient toujours actifs. Le mercredi 17 février, une quarantaine de syndiqués de l’UFCW ont manifesté devant l’usine en solidarité avec une partie des travailleurs toujours appelés à entrer au travail pour préparer l’usine à sa fermeture complète.

Les ouvriers de l’usine Olymel de Red Deer sont au nombre de 1 800. Ils transforment environ 10 000 porcs par jour. Ils procèdent à l’abattage, au désossage et au découpage. Ils sont représentés par le local 401 de l’UFCW. Ce syndicat regroupe 35 000 membres en Alberta qui travaillent dans les usines de transformation alimentaire et dans les épiceries.

La direction de l’usine de Red Deer s’est malhonnêtement dite surprise lorsqu’elle a été informée de l’ampleur de l’éclosion. Elle a affirmé avoir mis en place une douzaine de mesures sanitaires qui auraient fait leurs preuves depuis le début de la pandémie. Elle a laissé courir la rumeur que c’était lors d’une « fête d’anniversaire » pendant une pause de travail, dans une remorque installée sur le terrain de l’usine pour distancier les travailleurs lors du lunch, que la transmission se serait déroulée. Le porte-parole du syndicat, M. Thomas Hesse, a rétorqué que le risque élevé de propagation de la COVID-19 est inhérent aux usines de transformation de viande et que l’environnement de travail n’est pas sécuritaire. Au fond, les insinuations d’Olymel montrent que les capitalistes privés emploient les mêmes tactiques que le gouvernement qui les sert, à savoir que quand la situation sanitaire se détériore, ils blâment les travailleurs et se déchargent de leur responsabilité.

Depuis quelques jours, malgré le deuil et l’incertitude qui plombent les travailleurs, le syndicat poursuit la lutte. Il réclame que l’employeur compense financièrement les ouvriers pendant la durée indéterminée de la mise à pied. Pour l’instant, Olymel n’a consenti qu’à maintenir la couverture d’assurance de ses employés et qu’à accorder une avance de salaire jusqu’à ce que l’aide gouvernementale leur soit versée. Le syndicat a déclaré qu’en procédant ainsi, Olymel contrevient à la convention collective et même au droit du travail albertain. Il poursuivra donc ses pourparlers avec la direction de l’usine pour obtenir plus de soutien financier de sa part, et s’il le faut, la cause sera amenée devant les tribunaux. Aussi, le syndicat réclame davantage d’équipement personnel et de meilleure qualité, de même que l’installation de plexiglas entre les stations de travail. À en juger par la lenteur de la réaction de la direction de l’usine face à la catastrophe sanitaire qui se déroulait entre ses mûrs, le combat des travailleurs s’annonce long!

Les travailleurs d’épicerie en Ontario

En Ontario, l’UFCW représente 25 000 travailleurs d’épicerie. Le lundi 15 février dernier, le syndicat a fait une sortie médiatique pour demander que ces travailleurs, qui ont été maintenus au travail depuis le début de la pandémie, soient visés par la deuxième phase de vaccination qui débutera en mars. En effet, le ministère de la Santé publique de l’Ontario a annoncé que l’inoculation contre la COVID-19 s’adressera, entre autres, sous peu, aux travailleurs essentiels de première ligne, soit les premiers répondants, les enseignants et les travailleurs de l’industrie de la transformation alimentaire, sans toutefois préciser si les commis de magasins d’alimentation seront inclus dans cette dernière catégorie. Lorsque des précisions ont été demandées à l’exécutif, le gouvernement est resté très évasif et les autorités de santé publique ont affirmé ne pas reconnaître l’évidence d’une transmission entre les employés et le public, ce qui évacuerait l’urgence d’une vaccination anticipée. La Santé publique ontarienne soutient que les cas qui ont été détectés dans les épiceries relevaient d’une transmission entre les employés seulement. Or, il est très difficile, selon le traçage, d’affirmer hors de tout doute que la fréquentation d’un commerce n’est pas responsable d’une infection. Quoi qu’il en soit, tous les travailleurs qui sont obligés de se rendre sur un lieu de travail fréquenté devraient être priorisés.

Advenant que les travailleurs d’épicerie ne soient pas considérés pour la prochaine phase de la campagne de vaccination, l’UFCW demande au moins que les épiciers soient forcés d’offrir des congés de maladie payés à leurs employés afin que les travailleurs n’aient plus à devoir choisir entre leur paye et la santé. Mais l’UFCW fait face à des capitalistes avares qui tentent par tous les moyens de réduire les dépenses que constitue la main-d’œuvre. Par exemple, la prime de risque COVID-19 de 2 dollars de l’heure accordée par Loblaws, Metro et Empire Company a été retirée en novembre 2020 alors que ces entreprises de distribution alimentaire ont pourtant battu des records de ventes.

D’une seule voix, les travailleurs d’épicerie dénoncent le fait d’avoir été désignés comme des héros au début de la pandémie, mais déjà d’avoir été oubliés par la bourgeoisie alors qu’encore, ils continuent de s’exposer au risque de contracter le virus. Comme pour les travailleuses de la santé, la lune de miel n’aura été que de courte durée. C’est l’impitoyabilité de l’exploitation qui revient au galop implacablement. Depuis des mois, partout au pays, des prolétaires se lèvent et combattent courageusement les capitalistes dont les actions mettent leur santé en péril et empêchent de mettre fin à la pandémie.

À long terme, c’est seulement le pouvoir ouvrier et le socialisme qui donneront aux travailleurs toute la considération et la protection qui leur reviennent!