COVID-19 : Arruda révèle qu’une multiplication des cas sera tolérée
Le mardi 2 février dernier, lors de la conférence de presse du premier ministre Legault annonçant le « déconfinement » prévu à compter du lundi 8 février, le Directeur national de la santé publique du Québec a tenu des propos qui révèlent l’ignoble plan du gouvernement pour se sortir de la crise sanitaire que nous vivons depuis bientôt un an. Questionné par un journaliste, Horacio Arruda a prononcé les paroles suivantes en anglais : « Comme nous le savons, les patients de 65 ans et plus représentent 80% des patients hospitalisés. […] S’ils sont protégés, nous pourrions avoir quatre, six fois le nombre de cas que nous avons actuellement, sans impact sur le système de santé. » Il avait affirmé, quelques minutes plus tôt, à un autre journaliste, toujours en anglais, que « [l]orsque nous protégerons davantage nos personnes âgées, nous [pourrons] tolérer plus de cas, car ces cas n’iront pas à l’hôpital ou ne seront pas compliqués, et [nous pourrons] même ouvrir certaines choses. » Autrement dit, le gouvernement est prêt à accepter des niveaux de contamination encore plus extrêmes qu’à l’heure actuelle dans la mesure où ils concernent la population considérée comme « non-vulnérable » en attendant que l’éradication du virus par la vaccination (en conformité avec les protocoles pharmaceutiques) de l’entièreté de la population soit possible.
L’indifférence des autorités bourgeoises devant les ravages du virus dans les masses
Tous les scientifiques qui étudient la COVID-19, y compris Horacio Arruda lui-même, soutiennent qu’une transmission indomptée favorise la mutation du virus. Le gouvernement prend donc une tangente extrêmement dangereuse pour la population en envisageant tolérer l’augmentation des cas de contamination une fois les personnes âgées et immunosupprimées vaccinées. La santé publique bourgeoise fait preuve d’une indifférence crasse envers le phénomène répandu des « COVID-longs », c’est-à-dire le phénomène selon lequel des patients, plusieurs mois après avoir été infectés par le virus, même en ayant eu des symptômes légers du SARS-CoV-2, continuent de vivre avec des conséquences de la maladie sur leur santé (perte du goût et de l’odorat, insuffisance respiratoire, fatigue chronique, etc.), conséquences qui pourraient s’avérer permanentes. Aussi, en répandant à tout vent que la COVID-19 n’est qu’un virus qui affecte les personnes âgées, on cherche à masquer qu’actuellement, au Québec, 35% des hospitalisations liées à la COVID-19 concernent des personnes de moins de 70 ans. Plus encore, ces dernières représentent 61% des patients aux soins intensifs. Et si une bonne partie de ces jeunes patients vivent avec une comorbidité, il s’agit souvent d’une condition aussi banale qu’« un peu d’obésité, un peu de surplus pondéral, un peu d’hypertension, un peu de diabète, ce qui est quand même le fait d’une très grande proportion de la population », fait remarquer le Dr Mathieu Simon, chef de l’unité des soins intensifs de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie du Québec. Il ajoute même qu’un certain nombre de patients qui séjournent aux soins intensifs étaient pourtant en parfaite santé et forme physique avant de contracter le virus.
La vraie nature de la santé publique sous le capitalisme
Ce qu’il faut comprendre de cette odieuse déclaration qui, à première vue, semble banale, c’est que la santé publique ne poursuit pas comme objectif la protection de la santé des masses, mais bien la préservation de la société bourgeoise. Autrement dit, la santé publique est au service du capital, et donc, elle veille à ce que la force de travail soit disponible pour l’exploitation, et que la circulation des marchandises et des capitaux puisse avoir cours. Cela passe par la préservation du système de santé dans son intégrité actuelle. D’ailleurs, avant la pandémie, au Québec, ce système de santé était déjà défaillant, parce qu’il n’est pas dans l’intérêt de la bourgeoisie que l’ensemble de la population, même les plus vieux et les plus malades, soient soignés et sauvés au meilleur des capacités médicales développées à ce jour. La facture d’un redressement serait trop coûteuse et un tel investissement serait trop peu rentable pour les exploiteurs. Ainsi, la santé publique laisse libre cours à des maladies qui ne tuent pas au point de perturber le fonctionnement normal de la société bourgeoise, mais qui ont tout de même des répercussions dévastatrices pour ceux qui les contractent. C’est donc le calcul inhumain que les autorités sanitaires font dans le cadre de la gestion de la pandémie de COVID-19.
Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement n’a cessé de marteler, dans les derniers mois, que toutes les mesures auxquelles nous nous soumettions étaient mises en place dans le strict but d’éviter que le réseau de la santé ne s’écroule. C’est que la santé publique bourgeoise aborde la santé avec un niveau d’abstraction désarmant. Elle jongle avec des données, sans considération pour la souffrance réelle des gens atteints par le virus et des conséquences que cela a sur leur vie. Au fond, la santé publique est séparée des masses. C’est un peu comme avec la production capitaliste et la finance qui ne voient que des colonnes de chiffres sans se préoccuper de l’incidence réelle des transactions dans la vie des ouvriers qui travaillent dans les usines.
Depuis le début de la pandémie, nous dénonçons l’insuffisance des mesures sanitaires. La santé des travailleurs est mise à mal par la négligence des gouvernements. De période en période, nous voyons des secteurs de l’économie reprendre leurs activités et mettre en péril la vie des prolétaires parce qu’après tout, les capitalistes veulent maintenir leurs profits et leurs parts de marché. Cette fois, c’est dans la sortie de crise que la santé des travailleurs sera bafouée. On tolérera que toujours plus de gens tombent malades.
Les propos du Dr Horacio Arruda reflètent l’absence de considération générale de la bourgeoisie envers les masses populaires. L’indignation qu’ils suscitent nous rappelle qu’il faut continuer de se battre pour le pouvoir prolétarien. Soulignons que sous le socialisme, la santé publique et la médecine en général vont maximiser la sécurité et la santé des travailleurs d’abord et avant tout. Enfin, les masses vont être formées et éduquées aux connaissances médicales et biologiques pour participer à la prise en charge de leur propre santé.