COVID-19 : Un amas de foyers d’éclosion dans la grande industrie à Peel en Ontario

La pandémie de COVID-19 bat son plein partout dans le monde et depuis l’automne, l’épidémie connaît une aggravation dans les provinces canadiennes. Le discours officiel, relayé sans relâche par les médias bourgeois, impute les nouveaux cas de transmission à des rassemblements privés et à de la désobéissance aux mesures sanitaires. L’éléphant dans la pièce, c’est que toutes les données démontrent très clairement que l’accélération de la transmission du virus s’explique par la relance de l’activité sur les lieux de travail et par la présence des élèves et du personnel enseignant en classe, et ce, depuis septembre dernier.

Force est de constater que les prolétaires canadiens sont forcés de s’exposer chaque jour à la COVID-19. En contrepartie, la bourgeoisie dans son ensemble est beaucoup moins à risque de contracter le virus : elle réalise ses profits à distance en prenant soin de se tenir à l’écart des lieux de transmission, à l’écart de ses lieux de production. Pour le prolétariat, qui est la classe numériquement la plus grande au Canada, et qui est incidemment la classe exploitée qui permet aux bourgeois de faire fortune, les choses se présentent différemment.

La deuxième vague de la pandémie de COVID-19 frappe fort partout au Canada. C’est entre autres le cas dans le sud de l’Ontario où habitent plusieurs millions de canadiens. Parmi les régions touchées du sud de l’Ontario, on retrouve la région de Peel, un centre de production important au pays. À la toute fin de l’année 2020, la santé publique de cette région recensait un peu plus de 200 cas d’infection par 100 000 habitants dans la ville de Brampton, ce qui en faisait une ville ayant un taux d’infection largement au dessus des villes les plus affectées par la pandémie. À titre comparatif, c’est environ quatre fois plus de cas par 100 000 habitants qu’à Montréal et deux fois plus qu’à Toronto. Il est à noter que Brampton renferme les deux tiers des cas d’infection dans la région de Peel.

En novembre dernier, Dr. Lawrence Loh, médecin hygiéniste de Peel, déclarait que c’était sur les lieux de travail que les cas progressaient de manière importante et que c’était le cycle qui s’effectue entre les lieux de travail, les foyers et les milieux sociaux qui maintenait et accroissait l’exposition à la COVID-19. Natalie Mehra, directrice de la Coalition de Santé de l’Ontario, dénonçait que pendant que plusieurs commerces étaient entièrement fermés, les milieux de travail industriels, eux, demeuraient ouverts. Pour elle, le résultat était un bricolage selon lequel bien des travailleurs sont responsables de leur propre sécurité sanitaire alors que d’autres, non. Elle a ajouté : « Nous assistons à un demi-confinement dans lequel une masse considérable de contacts de personne à personne et une immense propagation du virus ont cours. »

La région de Peel abrite une forte communauté d’origine sud-asiatique, en particulier d’origine indienne (qui compose près du quart de la population). Les autorités bourgeoises de la province ont d’ailleurs tenté de faire passer les éclosions nombreuses comme étant le résultat de rassemblements religieux et de fêtes culturelles. En vérité, la région de Peel comporte une grande proportion de travailleurs placés dans l’obligation de continuer de travailler afin de maintenir fonctionnels les secteurs jugés essentiels, notamment ceux des soins de la santé et de la production alimentaire. Mais puisque tout le secteur manufacturier est aussi maintenu à l’œuvre, les risques s’étendent à des milliers d’ouvriers ontariens du sud. Plus encore, la région de Peel est l’un des plus grands centres d’entreposage et de distribution du Canada. À Brampton se trouvent deux centres de distribution d’Amazon (l’un près de Caledon et l’autre au Mississauga) où l’on rapporte que près de 400 travailleurs ont été infectés par le virus. D’ailleurs dans la région de Peel, même si les autorités sanitaire refusent d’admettre qu’elles ont précisément localisé les foyers d’éclosion, on peut lire sur la page web de la région de Peel que sur les six milieux où le plus de cas de COVID-19 ont été répertoriés, cinq sont listés à titre de « centres de distribution ». En plus de l’entreposage (installations logistiques) se trouvent aussi en tête de liste des principaux lieux d’éclosions les usines de transformation alimentaire et le transport. Visiblement, le gouvernement et les autorités sanitaires font mine de ne pas connaître ces chiffres. C’est qu’en évitant de confirmer que les cas explosent dans la production, ce poumon économique peut être maintenu ouvert.

Ainsi donc, c’est la course aux profits menée par le bourgeoisie qui est directement responsable de la multiplication des éclosions dans les secteurs du transport, de l’entreposage, de la fabrication et de la transformation, ce qui conduit à une propagation fulgurante et dévastatrice dans les ménages et dans les communautés prolétariennes du Canada. Les bourgeois, vautrés dans leur luxe, ne se soucient pas des prolétaires qui doivent affronter la pandémie, dans le mesure où l’enrichissement capitaliste n’est pas entravé. En ces temps très difficiles, le prolétariat doit finalement affronter deux adversaires, à savoir l’exploitation capitaliste en général et la redoutable pandémie de COVID-19 laissée hors de contrôle par les exploiteurs de ce monde. C’est en tant que membres d’une grande classe, la classe des prolétaires, que les ouvriers, unis dans la lutte, réussiront à mettre fin à l’exploitation et à enfin pouvoir travailler dans des milieux entièrement sécuritaires.