La mobilisation des lock-outés de l’entrepôt Jean Coutu prend de l’ampleur!
Cela fait maintenant plus de cinq semaines que les 700 ouvriers de l’entrepôt central de Jean Coutu situé à Varennes sont en lock-out. Après avoir mené une grève d’une journée le 23 septembre dernier pour protester contre le refus de leur employeur de négocier de bonne foi dans les mois précédents, les ouvriers se sont heurtés à des portes closes en retournant au travail. En plus de mettre ses employés dehors en guise de représailles à leurs moyens de pression, l’entreprise Metro (qui est propriétaire du Groupe Jean Coutu) est tout de suite allée chercher une injonction des tribunaux pour empêcher les ouvriers d’entraver la circulation des camions et des autobus de cadres et pour limiter de manière considérable le nombre de piqueteurs sur le terrain de l’entrepôt.
Et comme si ce n’était pas suffisant, le Syndicat des travailleurs et travailleuses de l’entrepôt Pharmacie Jean Coutu (CSN) vient d’avoir la confirmation que les capitalistes de Metro font travailler illégalement des scabs dans leur entrepôt comme les ouvriers le soupçonnaient depuis le début! En effet, deux représentants syndicaux sont allés inspecter le centre de distribution il y a quelques jours en compagnie d’un inspecteur du ministère du travail et ont constaté la présence de plusieurs travailleurs de remplacement. La compagnie affirme malhonnêtement qu’il s’agit de cadres, mais elle a été surprise en train de former des gens en cachette. Reste à voir si l’État bourgeois mettra autant d’empressement à faire respecter le Code du travail qu’il n’en a mis au début du conflit pour limiter la capacité de mobilisation des travailleurs, et ce, en vertu du droit des capitalistes à faire des profits sur le dos de la classe ouvrière!
Indigné, avec raison, par les agissements crapuleux et illégaux de l’entreprise, le président de la Fédération du commerce (FC-CSN), David Bergeron-Cyr, a déclaré lors d’un rassemblement des lock-outés de l’entrepôt :
« Ça des scabs là, c’est la lie de l’humanité. Ça déséquilibre le rapport de force entre le capital puis entre le travail. Ça veut dire quoi, ça? Monsieur PDG, le monsieur ‘‘6,6 millions’’ de Metro, il a un avantage illégal face aux 700 familles qui sont à la rue qui sont ici aujourd’hui. »
C’était une manière de parler, car en fait, le rapport de force est toujours déséquilibré en faveur des capitalistes, puisque ce sont eux qui ont le contrôle sur les moyens de production et qui bénéficient, contrairement aux travailleurs qui dépendent de leur salaire, d’une importante réserve d’argent et de capitaux. Comme le disait déjà Engels en 1881 : « S’il n’arrive pas à s’entendre avec l’ouvrier, le capitaliste peut se permettre d’attendre, puisqu’il peut vivre de son capital. L’ouvrier n’a pas cette possibilité. Pour vivre, il n’a que son salaire, si bien qu’il est obligé d’accepter le travail quand, où et comment il se présente. » Cela dit, faire travailler des scabs pendant les lock-outs ou les grèves donne effectivement un avantage encore plus démesuré aux capitalistes, puisque cela leur permet de continuer, sans leurs employés coalisés, à faire produire de la plus-value dans leurs établissements, réduisant de beaucoup – voire entièrement – la pression économique qui s’exercerait autrement sur eux lors des bras de fer avec les ouvriers. Les travailleurs perdent ainsi le seul levier entre leurs mains pour tenter d’arracher des concessions à leurs patrons! Ce n’est pas pour rien que l’histoire du mouvement ouvrier est marquée par des épisodes de grande violence entre grévistes et scabs. C’est d’ailleurs cette violence qui a forcé la bourgeoisie à interdire le recours aux briseurs de grève au Québec en 1977 après une séquence de luttes ouvrières particulièrement intenses et combatives – dont, notamment, la fameuse grève à la United Aircraft de Longueuil en 1974-1975. Bref, lorsque les capitalistes ont recours à des scabs aujourd’hui, le moins qu’on puisse dire est qu’ils jouent avec le feu!
Les ouvriers manifestent pour se faire entendre!
Il va sans dire que l’indignation des travailleurs de l’entrepôt Jean Coutu est présentement à son comble. La confirmation que Metro utilise illégalement des briseurs de grève devrait faire mousser encore plus leur détermination à lutter contre les capitalistes et à tenir le coup pour arracher des concessions. Déjà, dans les dernières semaines, la mobilisation des travailleurs avait commencé à prendre de l’ampleur. Loin de s’être laissés abattre par l’injonction obtenue par la compagnie pour limiter leur action sur le terrain de l’entrepôt, les ouvriers ont rapidement trouvé d’autres manières d’agir et de nuire aux capitalistes.
Le 17 octobre dernier, les ouvriers ont manifesté devant 10 pharmacies Jean Coutu de Montréal pour attirer l’attention de la population et pour dénoncer les agissements de leur employeur. Ils en ont profité pour sensibiliser les clients des pharmacies aux conséquences du lock-out de plusieurs semaines. En effet, de plus en plus, les pharmacies doivent rationner les médicaments à 30 jours et les tablettes commencent à se vider – comme le montrent des photos partagées sur les réseaux sociaux par les lock-outés. Ainsi, les agissements de Metro ne nuisent pas seulement aux 700 familles directement appauvries par le lock-out : ils ajoutent en plus aux difficultés des masses populaires en général en pleine deuxième vague de la COVID-19.
Et la mobilisation se poursuit. Le syndicat organise une manifestation ce lundi 2 novembre devant le bureau du ministre du Travail au centre-ville de Montréal et invite la population à s’y joindre pour soutenir les lock-outés : « Nous avons besoin de votre aide. […] Plus nous mobiliserons de militants, plus le message envoyé au ministre sera clair ». Le rassemblement est prévu à 11h00 au 800, rue du Square Victoria. Le journal ISKRA du Parti communiste révolutionnaire appelle ses partisans montréalais à se joindre à la manifestation et à appuyer les ouvriers de Jean Coutu dans leur combat légitime contre les capitalistes. Ce combat, c’est aussi celui de toute la classe ouvrière. Les luttes économiques des travailleurs, en plus d’être indispensables pour empêcher les empiétements les plus extrêmes du capital, sont un maillon essentiel de la lutte générale pour mettre fin à l’exploitation capitaliste. C’est en se liant aux ouvriers en lutte que les partisans de la révolution feront avancer la cause de l’émancipation du prolétariat et du socialisme dans les mois et les années à venir!