Les ouvriers du secteur de l’automobile au Canada renégocient leur contrat de travail
Le 28 septembre dernier, les ouvriers chez Ford Canada, représentés par Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au pays, ont ratifié un nouveau contrat de travail en vigueur jusqu’en 2023. Ils étaient 81% à voter en faveur de l’entente. Cette dernière s’accompagne de l’engagement de l’employeur à investir 1,8 milliard de dollars dans la fabrication de véhicules électriques à l’usine d’assemblage à Oakville, ainsi que 148 millions de dollars dans l’usine de groupe motopropulseur à Windsor. Avec cette entente, la multinationale Ford fait des gains en matière de flexibilité de la main-d’œuvre. En contrepartie, il sera désormais plus facile pour les travailleurs de gravir les échelons salariaux. Ils bénéficieront également d’augmentations de salaire fixées à 2,5%. Les ouvriers permanents travaillant à temps plein empocheront aussi une prime de ratification s’élevant à 7 250 dollars.
Une telle entente donne le ton aux négociations qui ont cours chez les autres fabricants automobile de la région, d’autant plus qu’Unifor représente 17 000 des 19 000 travailleurs de l’automobile au pays. L’entente signée chez Ford il y a quelques semaines est, pour ainsi dire, devenue ce que l’on appelle un « accord type ». D’ailleurs, le 19 octobre dernier, le syndicat a conclu une entente pour les 8 400 ouvriers de chez Fiat Chrysler. Environ 78% des votes l’ont appuyée. L’accord stipule que le constructeur investira entre 1,35 et 1,5 milliard de dollars à l’usine d’assemblage de Windsor en créant une nouvelle plateforme pour qu’au moins un véhicule électrique y soit produit, ce qui mènera à la création progressive de 2 000 nouveaux emplois d’ici 2024. L’entente prévoit aussi un investissement de 14,4 millions de dollars et le rappel de plus de 100 travailleurs à l’usine d’Etobicoke, usine qui compte présentement moins de 200 ouvriers alors qu’elle en comptait environ 500 en 2016. Des investissements de 50 millions de dollars sont également attendus à l’usine de Brampton. Il ne reste maintenant plus que la convention chez General Motors à être revue. C’est donc une troisième ronde de négociations qu’Unifor a entamée il y a quelques jours.
De plus, des discussions se poursuivent avec le gouvernement fédéral et celui de l’Ontario pour qu’ils accordent davantage de financement publique pour l’assemblage de véhicules électriques chez tous les constructeurs automobile au pays. Ensemble, ils ont d’ailleurs injecté 590 millions de dollars dans les investissements prévus à cet effet à l’usine Ford d’Oakville, le plus grand investissement dans le secteur automobile jamais vu en quinze ans. La bourgeoisie canadienne souhaite que l’industrie au pays devienne un « chef de file » en la matière. Ce sont les propos du premier ministre Trudeau lui-même. L’industrie canadienne de l’automobile se tourne vers l’électrification des véhicules pour devancer les concurrents dans ce secteur. Cette réorientation du marché de l’automobile est due au déplacement du capital vers d’autres filières énergétiques qui s’amorce alors que les réserves de pétrole tireront bientôt à leur fin.