COVID-19 : La phase finale de la pandémie, le vaccin et les combats à venir
La deuxième vague de la pandémie est bien entamée à l’échelle mondiale. La pandémie est entrée dans sa phase finale. Mais cela ne signifie pas qu’elle tire à sa fin, bien au contraire! Le nombre de contaminations et de morts atteindra des sommets encore inégalés. L’on assistera à des débordements extraordinaires et à des défaillances inhabituelles dans les institutions de la société civile bourgeoise. C’est au plein déploiement de la pandémie que nous assisterons lors de la phase finale : le mouvement de propagation exponentielle de la COVID-19 est de moins en moins ralenti de manière organisée et effective par les autorités bourgeoises. Rien d’ici la production et la distribution d’un vaccin efficace ne sera en mesure de freiner réellement et durablement la transmission du virus. Il est désormais inévitable que les travailleurs, malgré leur volonté de se protéger du mieux qu’ils le peuvent, seront de plus en plus exposés aux risques de contracter le virus. C’est donc la vaccination et les impacts positifs qui s’en suivront qui viendront conclure la crise sociale et politique en cours. Entre temps, c’est le désastre qui nous attend. Les classes dominantes et leurs délégués au gouvernement anticipent ce désastre et se préparent activement à y faire face, non pas pour stopper la contamination (comme ils le prétendent), mais plutôt pour maintenir et reproduire la société capitaliste. Ils visent également à ce que l’État capitaliste demeure suffisamment opérationnel et compétitif dans l’arène internationale, et ce, en protégeant le cœur de l’économie, c’est-à-dire la grande industrie et le grand capital. Par ailleurs, dans les conditions politiques actuelles (conditionnées par les rapports entre les classes sociales), les États capitalistes font le pari qu’un mouvement organisé de contestation qui puisse menacer l’ordre établi et le capitalisme ne verra pas le jour. Même dans le pire des cas, ils estiment que les élus seront blâmés et n’auront qu’à être remplacés pour que les tensions soient apaisées. Bien entendu, les politiciens tenant entre leurs mains le pouvoir exécutif tenteront de ne pas trop être écorchés au passage de la crise pour sauvegarder leurs carrières personnelles.
Une nouvelle entente tacite entre les classes dominantes
La phase finale de la pandémie nous renseignera sur les rapports entre les classes dominantes à travers le monde : la concurrence qu’elles se livrent, mais aussi la solidarité passagère qu’elles ont les unes envers les autres. D’ailleurs, tous les États sont unis derrière l’intérêt qu’un vaccin soit développé, même par un concurrent. C’est pourquoi la phase finale dévoilera la nouvelle entente tacite, un peu à la manière de la première phase de la pandémie marquée par le confinement généralisé partout dans le monde. L’entente porte sur le fait que tous les États acceptent de subir les ravages de la pandémie, mais à un rythme qui est le plus en conformité avec celui des autres pays. Le profit capitaliste doit passer avant tout. Les secteurs fondamentaux pour les capitalistes dans l’économie doivent être préservés à tout prix. Le peuple doit être blâmé pour la propagation du virus qui ne cessera de croître. Il faut également que les États affrontent solidairement la contestation spontanée d’ici la production d’un vaccin. Il s’agit ainsi, pour la société bourgeoise, de durer d’ici la fin de la pandémie. Les gouvernements et les capitalistes ne seront pas surpris devant les ratés monumentaux qui surviendront dans les prochains mois. Il s’agira pour eux du développement le plus prévisible qui soit. Et ils peuvent se réjouir, en cette période difficile, que la classe ouvrière soit encore trop peu aguerrie, qu’elle n’ait trop peu d’expériences récentes et que ses organisations politiques soient trop faibles pour réellement ébranler l’État capitaliste et le menacer d’un renversement. Ceci étant dit, la concurrence subsistera malgré l’entente tacite. Tous les États souhaiteront connaître une propagation plus lente que celle de leurs voisins, maintenir un taux de profit national plus élevé que celui de leurs rivaux, et préserver la circulation des marchandises et du capital à un niveau suffisamment élevé pour que la valeur créée par les travailleurs soit réalisée.
Le vaccin, l’unique porte de sortie dans une crise sociale et politique
Il est très peu probable que l’on assiste à un autre épisode de confinement généralisé comme celui que l’on a connu au printemps. Les conditions qui étaient alors réunies ne le sont plus. La trêve commune et le mouvement défensif unifié à l’échelle internationale sont des formes spécifiques maintenant dépassés. Les classes dominantes misent sur l’expérience que la population a acquise récemment (pratiques et normes de protection) pour parvenir à freiner au maximum la contamination à l’échelle nationale et pour demeurer en-dessous du seuil d’un cataclysme pour l’économie nationale. C’est d’ailleurs pourquoi les gouvernements martèlent que c’est « l’adhésion » individuelle aux consignes sanitaires qui est en défaut et qui cause la recrudescence des cas. Ils blâment le peuple pour les malades et les morts. Ils le privent de tout et ne se gênent pas pour l’éclabousser publiquement (en pointant du doigt ceux qui sont allés à la plage, dans les karaokés, les bingos, les soupers de famille, etc.). Les gouvernements nient que le recours aux mesures sanitaires assimilées par la population au cours des derniers mois est insuffisant en lui-même s’il n’est pas accompagné d’un confinement généralisé. Ces mesures sont aussi insuffisantes lorsque la sécurité au travail est inadéquate, car inexistante ou inatteignable dans les conditions historiques actuelles. Rappelons qu’au Québec comme ailleurs, la grande majorité des éclosions recensées se trouvent dans les milieux de travail et les écoles. La contamination est avant tout le résultat des rapports réels se reproduisant au quotidien dans l’économie et la société capitaliste. Les lois économiques déterminent et organisent l’activité et le transport des grands groupes de millions de travailleurs. En réalité, c’est l’ensemble des nécessités capitalistes et c’est le moteur historique que constitue l’accumulation de profit qui contrecarrent la force sociale des travailleurs qui veulent réellement se protéger du virus et en finir avec la pandémie.
Sans confinement, le vaccin est la clé de voûte pour la bourgeoisie. Toutes les classes dominantes s’entendent là-dessus. Le vaccin permettra de mettre fin aux désagréments économiques que représentent la contamination massive de la population. Ainsi, la production d’un vaccin concentre la volonté des bourgeoisies des quatre coins du monde de trouver une sortie de crise (même si entre-temps, la santé et la vie de bien des prolétaires auront été sacrifiées). D’ailleurs, s’il n’y avait aucune possibilité de parvenir à la création d’un vaccin, nous serions plongés dans une toute autre situation : la bourgeoisie sombrerait inévitablement dans une crise politique majeure. La création d’un vaccin, même si elle est ralentie par ce qu’il est possible d’appeler une guerre du vaccin (consistant à produire et à s’accaparer le vaccin plus tôt et en plus grande quantité que les autres États), est une tâche qui concerne toutes les classes dominantes. La menace d’une crise sociale et politique pourrissante, insoluble et sans fin prévisible attise la volonté de la bourgeoisie de rendre disponible un vaccin efficient rapidement. De manière secondaire, les classes dominantes savent que si leur pays produit ce vaccin avant les autres, elles seront avantagées, et inversement. Mais les avantages ou les désagréments qui viennent avec cette course au vaccin sont bien peu de choses pour la bourgeoisie qui voit dans le vaccin la promesse du maintien de sa domination normale sur les travailleurs, et donc, d’un capitalisme qui revient en force, comme avant!
À quel niveau se développera la lutte des classes d’ici la parution d’un vaccin?
C’est dans le cadre de cette phase finale que se développeront de multiples confrontations entre les classes sociales. Déjà de tels affrontements se sont déroulés dans le monde : les grèves et les actions des travailleuses de la santé en Inde, au Pérou et en France; des élèves, des parents et des enseignants en Grèce; de même que les manifestations et les émeutes populaires en Serbie, en Israël, ou encore en Espagne en sont de bons exemples. L’on peut facilement prévoir que les syndicats dans les secteurs publiques, notamment en santé et en éducation primaire et secondaire, vont continuer de se mobiliser en masse et vont hausser le ton au fil du temps. Les ouvriers de la grande industrie aux prises avec des éclosions grandissantes vont aussi opposer leur résistance aux capitalistes. La confiance populaire envers les gouvernements va s’éroder à mesure que l’inefficacité s’ajoutera aux mensonges des exécutifs nationaux qui, pour couronner le tout, tiendront les travailleurs pour responsables de la pandémie. Déjà, les hôpitaux sont débordés, le personnel soignant est à bout de souffle et les listes d’attente pour des soins urgents s’allongent : le système de santé est une véritable poudrière. La réouverture des écoles, un champ de mines annoncé, suscite déjà l’indignation et la peur chez les enseignants et les parents. S’ajoutera à cette dynamite la probabilité de plus en plus croissante qu’une personne que l’on connaisse soit atteinte de la maladie, ce qui attisera la grogne envers les gouvernements qui ont déconfiné à la fin du printemps et qui ont encouragé la population à reprendre une vie normale pendant l’été. Les émeutes et les manifestations dans le monde produiront de l’émulation et encourageront l’émergence d’autres contestations ailleurs. Le fossé se creusera entre les revendications populaires et celles des capitalistes. La phase finale de la pandémie poussera donc la bourgeoisie et le prolétariat à se demander jusqu’où se développera la lutte des classes pendant cette période et comment devront-ils se préparer aux combats à venir.
Nos objectifs face aux combats à venir
D’ici la production et la distribution massive d’un vaccin efficace, la bourgeoisie et le prolétariat, dans une certaine mesure, pendront conscience de leurs intérêts de classe et identifieront leur opposant respectif. Les prochains mois devront donner lieu à une vaste agitation politique. Les révélations sur la pandémie, le capitalisme, les classes sociales, l’économie, et l’exploitation devront être nombreuses. Au sortir de cette phase finale, il y a fort à parier que plus nombreux seront les travailleurs déterminés et convaincus que l’intérêt historique de notre classe est de se saisir du pouvoir politique et de prendre les rênes de l’économie. Une activité révolutionnaire grandissante s’attaquera aux fondements injustes de notre société. Les capitalistes ont tort de penser que la classe ouvrière canadienne et du monde entier ne tirera pas de leçon de cette crise et finira par l’oublier. En vérité, des millions de travailleurs en viendront à la conclusion que la réalisation d’une révolution est encore un objectif autant réaliste que nécessaire.