COVID-19 : Enchaîner les masses pour épargner le capital
Les nouvelles mesures que la bourgeoisie québécoise est en train de mettre en place en réaction à la recrudescence de l’épidémie, et notamment celles qui accompagnent le récent passage de trois régions de la province – dont celles de Montréal et de la Capitale-nationale – en « zone rouge » selon le nouveau code de couleurs adopté par les autorités, consistent essentiellement à restreindre au maximum la liberté des masses populaires tout en préservant celle de la plupart des entreprises capitalistes, et en particulier celles qui occupent une place importante dans l’économie de la province. Loin d’être à la hauteur de la menace posée par la deuxième vague, les nouvelles mesures sont minimales (malgré les protestations bruyantes des propriétaires de bars, de restaurants, de salles de spectacle et de cinémas et malgré les jérémiades égoïstes des artistes qui se trouvent temporairement privés de leur occupation) et elles ne s’attaquent pas du tout au cœur du problème, c’est-à-dire à la poursuite intensive de l’activité économique dans l’ensemble de la province, y compris la fréquentation quotidienne du réseau scolaire par les enfants pour permettre à leurs parents d’aller travailler.
En dépit des demi-mesures adoptées par le pouvoir bourgeois, demi-mesures qui ciblent surtout la vie privée des gens ordinaires, des millions de travailleurs et d’élèves continueront à se fréquenter quotidiennement, ce qui continuera nécessairement d’alimenter la propagation exponentielle du virus dans la société. En faisant passer certaines régions au « niveau d’alerte maximale », les autorités bourgeoises donnent l’impression de frapper fort, mais en vérité, elles ne font à peu près rien pour empêcher le virus de provoquer une nouvelle hécatombe, mis à part limiter l’activité dans certains secteurs périphériques de l’économie et restreindre les mouvements « superflus » des prolétaires. Hormis le fait que ces demi-mesures ne suffiront nullement à ralentir de manière significative la progression de l’épidémie et à protéger la santé du peuple, il faut souligner à quel point elles sont injustes pour les masses populaires. En effet, les autorités ordonnent aux travailleurs de s’isoler et de cesser toutes formes d’activités sociales, tout en les obligeant à continuer d’aller travailler et d’envoyer leurs enfants à l’école, révélant le peu de valeur accordée à la vie des prolétaires dans la société bourgeoise comparativement à celle accordée à la propriété capitaliste.
Le code de couleurs : un outil pour protéger le capitalisme québécois
L’adoption par le gouvernement du Québec du code d’alertes régionales à quatre paliers au début du mois de septembre témoignait du fait que les autorités bourgeoises savaient que la deuxième vague était imminente, notamment en raison de la fin des vacances estivales et de la réouverture de toutes les écoles de la province (une décision qui visait à permettre au plus grand nombre de prolétaires d’aller travailler, contrairement à ce qu’affirme le premier ministre lorsqu’il prétend qu’il s’agit d’un objectif en soi, voire même de l’objectif central de la stratégie gouvernementale). Et malgré les apparences, ce code de couleurs ne servait pas à rendre la lutte contre l’épidémie plus efficace et à contenir cette deuxième vague. Il s’agissait simplement d’un outil supplémentaire de la classe dominante pour manipuler les masses, pour tenter « d’encadrer » le désordre provoqué par l’accélération de la contagion et surtout, pour protéger l’économie capitaliste de la province en repoussant le plus possible l’éventualité de nouvelles fermetures importantes – tout en circonscrivant les fermetures à des régions spécifiques si elles devaient avoir lieu.
Depuis son adoption, le code de couleurs ajoute de la confusion et de l’opacité dans la communication gouvernementale. Au lieu de rendre toutes les données dont dispose la Santé publique accessibles à la population et au lieu de simplement énoncer directement les mesures concrètes que le gouvernement entend adopter à chaque étape, les autorités utilisent des catégories inutiles agissant comme une sorte « d’information » intermédiaire qui cache l’information réelle. Avec le code de couleurs, les nouvelles du jour rapportées par les médias ne concernaient jusqu’à maintenant ni la progression concrète de l’épidémie, ni les changements tangibles que les autorités entendaient opérer. On se contentait d’annoncer que telle région allait changer de couleur, un changement cosmétique qui n’impliquait aucune action obligatoire des autorités (celles-ci se réservant la liberté d’agir comme bon leur semble sans que la population ne soit informée des critères objectifs sur lesquels se basent leurs décisions). Dans les dernières semaines, le pouvoir bourgeois a ainsi donné l’impression qu’il était en contrôle de l’épidémie alors qu’il n’agissait presque pas pour limiter la propagation du virus. Par le fait même, le gouvernement renforçait le message qu’il adressait aux prolétaires (message selon lequel ceux-ci devaient limiter toutes leurs activités sociales « privées ») et justifiait les nouvelles contraintes qu’il imposait au peuple, tout en évitant d’entraver le fonctionnement de l’économie capitaliste.
Au moment de l’adoption du nouveau code de couleurs, voici comment le ministre de la Santé Christian Dubé résumait l’objectif derrière cette initiative : « Avec ce système d’alertes et d’interventions régionales, notre gouvernement a trouvé le juste équilibre : assurer au maximum la protection de la santé de la population, tout en réduisant au minimum les impacts des mesures sur notre société et notre économie. » En d’autres mots, contrairement à ce qui avait été fait en mars-avril, la politique gouvernementale consiste désormais à agir pour limiter la propagation du virus sans toutefois sortir du cadre fixé par l’impératif de maintenir et de relancer l’accumulation de profits dans la province. Par conséquent, cette politique consiste à s’attaquer à tout ce qui est superflu pour le capital (par exemple les petites réunions familiales ou entre amis) tout évitant de mettre en œuvre les mesures les plus robustes et les plus efficaces pour combattre l’épidémie, celles-là même qui avaient permis de « casser » la première vague! Par dessus tout, la bourgeoisie cherchera à épargner les secteurs où la classe ouvrière produit une grande quantité de plus-value, c’est-à-dire les secteurs (fabrication, construction, ressources naturelles, etc.) qui composent la grande industrie. D’ailleurs, parmi les mesures potentielles prévues dans le système d’alertes à quatre paliers, on ne trouve ni la fermeture complète des écoles et des services de garde, ni celle des usines et des chantiers de construction « non-essentiels », et ce, même au palier le plus élevé. Et si des fermetures doivent avoir lieu, elles doivent être « sélectives » et se limiter à des régions ou à des zones spécifiques pour ne pas nuire de manière excessive à la relance économique nationale, au lieu de toucher l’ensemble de la province comme cela avait été le cas au printemps.
C’est effectivement ce à quoi l’on assiste depuis le début du mois de septembre : le gouvernement renforce les contraintes pour les masses – qu’il accuse d’ailleurs depuis des semaines d’être responsables de la recrudescence de l’épidémie –, tout en laissant le champ libre aux entreprises capitalistes pour poursuivre leurs activités. On ordonne aux prolétaires de tout arrêter sauf aller au travail et à l’école, soit les deux endroits où, selon toute vraisemblance, le virus se transmet le plus. D’ailleurs, c’est ce qu’a confirmé mardi dernier la Directrice régionale de santé publique de Montréal en révélant que parmi les 88 éclosions sur le radar des autorités sanitaires cette semaine dans la métropole, plus des trois quarts se situaient précisément… en milieu de travail (38) et en milieu scolaire (30), ce dernier secteur constituant même celui comptant le plus grand nombre de nouvelles éclosions. Aussi, les quelques fermetures qui viennent d’être décrétées ne touchent qu’une partie de la province, alors que l’épidémie n’a jamais été aussi généralisée sur le territoire. Et le pire, c’est que ces demi-mesures correspondent au palier le plus élevé dans le « système d’alertes et d’interventions régionales » du gouvernement!
Une nouvelle entente tacite entre les classes dominantes à l’échelle internationale
La tactique actuelle de la bourgeoisie québécoise est d’imposer les plus grandes restrictions au peuple afin de limiter le plus possible la propagation du virus dans le contexte de la relance économique, c’est-à-dire très peu. Par le fait même, la bourgeoisie accuse les masses d’être responsables de la reprise de l’épidémie pour faire diversion de ses propres actions. Mais le plus important, c’est que contrairement à ce qui se passait durant la phase précédente de la crise, le pouvoir bourgeois est maintenant prêt à laisser le virus se répandre presque sans entraves parmi les masses et à faire bien plus de malades et de morts qu’au printemps si cela est nécessaire pour préserver le capitalisme québécois.
Si, au mois de mars dernier, la bourgeoisie québécoise n’a pas hésité à décréter la « pause économique », c’est parce qu’il y avait un mouvement de confinement unifié à l’échelle mondiale garantissant qu’elle ne serait pas désavantagée dans la concurrence internationale par rapport aux bourgeoisies impérialistes rivales (américaine, française, allemande, etc.) qui appliquaient les mêmes mesures. Aussi, puisque le mouvement de confinement était généralisé, la bourgeoisie québécoise ne voulait pas être la seule à voir son économie souffrir d’une catastrophe sanitaire de grande ampleur : il lui fallait donc mettre en place des mesures aussi robustes que celles de ses adversaires pour « aplanir la courbe », malgré les inconvénients majeurs que cela allait entraîner pour le capital. Mais à présent, la trêve est terminée. L’appât du gain a poussé les classes dominantes à relancer la production et l’exploitation pour tenter de prendre de l’avance sur leurs adversaires. Et il y a maintenant une nouvelle entente tacite entre les différentes bourgeoisies nationales : toutes s’entendent pour subir, chacune de leur côté, les conséquences sociales, économiques et politiques de la progression exponentielle du virus parmi la population de leurs pays respectifs, ou à tout le moins les conséquences d’une progression beaucoup plus importante qu’au printemps dernier. Au lieu du programme de confinement ayant été adopté lors de la première vague, toutes se sont entendues tacitement pour adopter un programme de laisser-aller plus ou moins complet jusqu’à la sortie de crise que l’arrivée d’un vaccin devrait éventuellement permettre.
En d’autres mots, c’est un véritable programme de contamination de masse que les classes dominantes ont accepté de mettre en œuvre, sachant que leurs adversaires seraient affectés à peu près de la même manière. Bien sûr, chaque bourgeoisie cherche à tirer son épingle du jeu et espère voir l’épidémie faire plus de ravages dans les pays concurrents. C’est ce qui explique que des mesures un peu plus fermes seront prises temporairement ici et là. Les gouvernements des pays les plus durement touchés et où la crise sanitaire atteindra des proportions extrêmes finiront peut-être par devoir imposer un reconfinement plus sévère, comme cela a été le cas récemment en Israël où un reconfinement national de trois semaines a été décrété. Mais cela ne change rien au fait que la politique générale poursuivie par les gouvernements n’est plus du tout la même qu’aux mois de mars-avril dernier. Pour s’en convaincre, on n’a qu’à comparer les décisions récentes des autorités bourgeoises avec celles qu’elles avaient prises en réaction à la première vague de contamination.
Au Québec, lorsque le gouvernement a annoncé que trois régions passaient « au rouge » le 28 septembre dernier, 751 nouveaux cas de COVID-19 à l’échelle de la province avaient été rapportés par la Santé publique. Le même jour, la province comptait 212 personnes hospitalisées, dont 37 aux soins intensifs, ainsi que 5 585 « cas actifs » confirmés. Or, le 13 mars dernier, lorsque le gouvernement avait entre autres annoncé la fermeture des écoles, des services de garde, des cégeps et des universités dans toute la province (c’est-à-dire des mesures beaucoup plus fermes que ce à quoi l’on assiste présentement), seulement 4 nouveaux cas avaient été détectés sur le territoire, pour un total de 37 personnes officiellement atteintes – et d’aucune hospitalisation – depuis le début de la pandémie! Deux jours plus tard, lorsque le gouvernement a fermé les lieux de rassemblement tels que les bars, les gymnases et les cinémas en plus de restreindre la capacité d’accueil des restaurants à 50%, la province ne comptait que 69 personnes officiellement atteintes depuis le début de l’épidémie. Et le 23 mars, lorsque la « pause économique » a été décrétée partout au Québec – entraînant notamment des fermetures importantes dans la construction et dans le secteur manufacturier –, seulement 345 nouveaux cas avaient été détectés dans la province, laquelle ne comptait par ailleurs que 67 personnes hospitalisées, dont 31 aux soins intensifs, ainsi que 1 110 « cas actifs » confirmés. Par ailleurs, le nombre le plus élevé de nouveaux cas détectés en une seule journée depuis le début de la pandémie a été de 1 104 le 15 avril dernier. Or, nous nous sommes déjà approchés de ce nombre le 26 septembre avec 896 nouveaux cas rapportés.
Certains prétendent que le nombre de cas élevé des derniers jours est entièrement attribuable au fait que les autorités effectuent beaucoup plus de prélèvements qu’avant. Par conséquent, ils affirment que l’épidémie n’est pas nécessairement plus avancée maintenant qu’elle ne l’était. Or, cette explication ne tient pas la route lorsqu’on prend la peine de faire les comparaisons qui s’imposent. Par exemple, le nombre de cas détectés (55) pendant la semaine du 9 mars dernier correspondait à 2,1% du nombre de prélèvements effectués (2 608) durant la même semaine. Or, le nombre de cas détectés pendant la semaine du 21 septembre (4 750) correspondait à 2,47% du nombre de prélèvements effectués (191 674)… Mais il faut prendre ces pourcentages avec un grain de sel, puisque les politiques de dépistage (dont on ne peut avoir une appréciation qualitative étant donné les informations limitées rendues publiques par les autorités) ont été constamment modifiées depuis le début de la pandémie. Par exemple, jusqu’au 30 mars, les tests étaient dirigés principalement vers les voyageurs présentant des symptômes de la COVID-19, vers les patients hospitalisés présentant aussi des symptômes ainsi que vers leurs contacts, ce qui augmentait vraisemblablement les chances de tomber sur des personnes infectées. Pendant le mois d’avril, les tests ont été dirigés en priorité vers les patients hospitalisés, vers le personnel des établissements de santé et vers les résidents des CHSLD où de nombreuses éclosions avaient lieu, ce qui peut expliquer, au moins en partie, la proportion élevée de tests positifs durant cette période. Or, un dépistage élargi et dirigé vers la « transmission communautaire », comme cela semble notamment avoir été le cas pendant le mois de septembre, implique une probabilité moins élevée de détecter des infections. D’ailleurs, le ministère de la Santé et des Services sociaux a annoncé le 28 septembre qu’il souhaitait désormais « optimiser » le dépistage et « prioriser » les personnes présentant des symptômes ou ayant été en « contact étroit » avec un cas confirmé, précisant que dans le contexte actuel où « le Québec connaît une recrudescence importante de cas et que la transmission communautaire s’accélère, il s’avère essentiel de prioriser les tests de dépistage qui ont une meilleure probabilité de trouver des cas » et que « l’accès au dépistage pourrait être refusé à une personne qui ne fait pas partie des clientèles priorisées ». Comme on le voit, il est difficile de se baser sur le pourcentage de tests positifs pour évaluer la progression de l’épidémie, puisque l’évolution de ce pourcentage peut simplement refléter des changements dans les politiques de dépistage. Toutefois, le fait que le virus se propage plus que jamais en ce moment dans la société en général, à l’extérieur des établissements de santé, est un fait extrêmement préoccupant.
Cela dit, on n’a qu’à comparer le nombre d’hospitalisations en cours actuellement avec celui qui prévalait au moment où les autorités ont décrété la « pause économique » pour constater que la deuxième vague est présentement beaucoup plus avancée que la première vague ne l’était au moment où le confinement a débuté en mars dernier. Comme nous l’avons déjà dit, le jour de l’annonce du passage de plusieurs régions « au rouge », il y avait 212 hospitalisations officiellement reliées à la COVID-19 au Québec, alors qu’il n’y en avait aucune lorsque toutes les écoles ont été fermées le 13 mars et alors qu’il n’y en avait que 67 lorsque le gouvernement a ordonné la fermeture de toutes les entreprises « non-essentielles » le 23 mars. Simplement dans la semaine du 21 septembre, la province a compté un plus grand nombre de nouvelles hospitalisations (140) qu’il n’y en avait au total le 23 mars. En fait, jusqu’au 21 mars, le nombre d’hospitalisations en cours dans la province était inférieur à 20 chaque jour. Or, seulement le 29 septembre dernier, 35 nouvelles hospitalisations ont été annoncées (alors que le 23 mars dernier, le gouvernement en annonçait 21). Et malgré cela, la classe dominante ne fait à peu près rien pour freiner la progression du virus. Pire encore, alors que la deuxième vague ne fait que commencer, trois régions (totalisant 5 millions d’habitants sur les 8,5 que compte le Québec) sont maintenant arrivées au palier d’alerte maximal censé correspondre aux mesures les plus fermes!
Lorsque l’on observe ce qui se passe ailleurs dans le monde (notamment en Europe et aux États-Unis) où la deuxième vague a également commencé, on voit que les mesures qui sont prises sont également beaucoup moins sévères pour les grandes entreprises que celles du printemps dernier. Comme au Québec, ces mesures ciblent surtout les rassemblements « inutiles » ainsi que des établissements comme les bars ou les restaurants, les écoles et la plupart des entreprises restant ouvertes. En France, où les autorités ont elles aussi défini quatre niveaux d’alertes régionaux, certains départements en « zone d’alerte renforcée » (incluant Paris, Lyon, Toulouse et Nice) viennent par exemple de faire passer la limite de personnes pour les grands rassemblements de 5 000 à 1 000 (!) tout en imposant une limite de 10 personnes aux petits rassemblements. Toujours dans les départements en « zone d’alerte renforcée », les salles de sport, les salles de fêtes et les gymnases sont maintenant fermés, et les bars doivent fermer leurs portes à 22h. Seuls deux départements français (la métropole d’Aix-Marseille et la Guadeloupe) sont présentement touchés par des mesures plus restrictives : les bars et les restaurants y sont fermés pour deux semaines. En Espagne, les habitants de la région de Madrid ont récemment eu la directive de ne plus sortir de leur quartier sauf pour des raisons de première nécessité comme… aller travailler ou amener leurs enfants à l’école. Au Royaume-Uni, les bars, les pubs et les restaurants doivent fermer leurs portes à 22h, le télétravail est encouragé et les mariages sont limités à 15 participants. Aux États-Unis, où la deuxième vague a frappé plus tôt qu’ailleurs, les États touchés comme la Californie et la Floride n’ont pas imposé un nouveau reconfinement complet lorsque les cas ont commencé à augmenter à nouveau pendant l’été : seuls certains établissements comme les bars et les restaurants ont été refermés temporairement. Bref, partout où la deuxième vague a commencé, on laisse le virus infecter la population!
Les semaines à venir seront marquées par la lutte des masses!
La nouvelle tactique de la bourgeoisie, ainsi que la deuxième vague monstrueuse qu’elle est en train de provoquer, risquent fort bien de générer une instabilité sociale encore plus grande qu’au printemps dernier. Le chaos inégalé dans le système de santé, le danger grandissant dans les milieux de travail, les malades et les morts qui vont s’accumuler ainsi que le caractère injuste des mesures répressives qui ciblent les prolétaires vont aggraver la colère du peuple contre le gouvernement et l’État bourgeois. La bourgeoisie en est consciente et il est clair qu’elle se prépare présentement à toutes les éventualités. Surtout, elle pressera de plus en plus le pas pour trouver une sortie à la crise (que l’arrivée d’un vaccin devrait permettre) afin d’éviter de se retrouver plongée dans une crise politique majeure.
De son côté, la lutte des travailleurs contre les actions irrationnelles de la bourgeoisie, contre la relance économique meurtrière qu’elle est en train d’opérer et contre le manque de mesures sanitaires pour faire face à l’épidémie se manifestera sous des formes de plus en plus ouvertes. Et cette résistance, peu importe les formes qu’elle prendra, sera tout à fait légitime. Protéger l’économie, cela aurait du sens pour le prolétariat dans une société socialiste où les moyens de production lui appartiendraient et où les fruits de son travail ne seraient pas accaparés par une minorité d’ultra-riches. Mais sous le capitalisme, l’économie « n’appartient » pas à tout le monde : l’économie, c’est la propriété privée, les profits et l’accumulation illimitée d’argent entre les mains de la bourgeoisie! Ainsi, quand le gouvernement parle de protéger « notre » économie, ce dont il parle en réalité est de protéger les intérêts du capital. Et pour protéger ces intérêts, les capitalistes obligent les prolétaires à s’exposer au virus, à sacrifier leur santé et, dans certains cas, à mourir. Or, les masses populaires ne se laisseront pas faire sans broncher. La lutte des classes est appelée à s’aiguiser dans les prochains mois.