Grève dans les épiceries Dominion à Terre-Neuve : 1 400 prolétaires affrontent Loblaws
Depuis plus d’un mois, 1 400 travailleurs des épiceries Dominion à Terre-Neuve, épiceries qui appartiennent à la chaîne d’alimentation Loblaws, sont en grève. Ils sont engagés dans un bras de fer avec les forces capitalistes de leur province. La chaîne de supermarchés refuse de leur offrir des salaires décents. En effet, les trois quarts des travailleurs de Dominion gagnent moins de 15 dollars de l’heure. De plus, l’employeur, comme bien des entreprises dans la distribution alimentaire, offre surtout des emplois à temps partiel (80% des emplois), ce qui leur permet d’éviter de défrayer pour des avantages sociaux. Ajoutons que les travailleurs de Dominion n’ont pas reçu d’augmentation de salaire depuis plus de deux ans.
Rappelons d’abord que le mois dernier, les travailleurs de Dominion, syndiqués auprès d’Unifor, ont voté massivement pour le rejet de l’offre qu’avait présentée la compagnie. Cette offre, entre autres, ne prévoyait qu’une augmentation de 1 dollar de l’heure répartie sur trois ans. Devant le rejet de l’offre et suite à l’amorce de la grève, le 1er septembre dernier, le vice-président de Loblaws pour le Canada Atlantique, Mike Doucette, a envoyé une lettre à chacun des employés de l’entreprise pour les aviser qu’en raison de la « concurrence féroce » et du « déclin des affaires », l’offre rejetée demeurerait sur la table. L’intransigeance de la compagnie s’explique en partie par le fait que dans les prochains mois, Loblaws devra renégocier le contrat de travail de plus de 2 400 travailleurs des épiceries du même nom. Les capitalistes, cherchant toujours à empocher plus de profits, souhaitent éviter un précédent. Autrement dit, ils ont intérêt à ne pas concéder des améliorations aux travailleurs de Dominion, car la facture pourrait leur coûter encore plus cher d’ici la fin de l’année.
Personne ne peut ignorer le changement qui s’est opéré entre la pause économique et la relance économique. Pendant la pause, la bourgeoisie feignait d’être solidaire et reconnaissante du travail des commis d’épicerie. Une prime temporaire de 2 dollars de l’heure leur a d’ailleurs été accordée en cours de confinement. Mais alors que les gouvernements et les capitalistes avaient reparti la machine à profit et que la deuxième vague se profilait, les beaux discours et les « cadeaux » ont cédé leur place au mépris habituel. Il est à noter que le monopole de l’alimentation que constitue Loblaws au Canada continue à engranger des profits gargantuesques (1 milliard de dollars en bénéfices nets) malgré les pertes que la pandémie a pu causé à la bourgeoisie dans son ensemble.
Le conflit de travail s’annonce long et difficile : les travailleurs de Dominion méritent l’appui de tout le prolétariat canadien. D’ailleurs, Unifor a organisé des actions de solidarité un peu partout au pays. Et de la solidarité, ils en auront bien besoin, car ils devront affronter l’appareil judiciaire : la compagnie s’est vue accorder par la cour une injonction qui empêche les travailleurs de bloquer ou d’interférer avec les employés, agents ou entrepreneurs de Loblaws qui cherchent à accéder aux magasins. La justice bourgeoise s’est invitée dans le conflit pour appuyer le sacro-saint droit du capitaliste à exploiter la force de travail. La détermination des travailleurs de Dominion est inébranlable et c’est tout à leur honneur. Leur combat pour obtenir de meilleurs salaires et davantage d’emplois à temps plein est à appuyer sans réserve dans le cadre de la lutte générale pour le socialisme, pour le pouvoir prolétarien.