La FIPEQ intensifie la lutte contre le gouvernement en déclenchant la grève générale!

Comme prévu, la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) vient de déclencher une grève générale illimitée en réponse au refus obstiné du gouvernement Legault d’accorder une rémunération décente aux 10 000 Responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) représentées par le syndicat. Pour donner une idée de l’ampleur de ce mouvement de grève inédit, environ 60 000 familles québécoises sont présentement touchées par celui-ci. La grève générale, qui a commencé lundi, est le point culminant d’une séquence de trois semaines de débrayages rotatifs et de manifestations partout au Québec visant à forcer l’exécutif gouvernemental à négocier de bonne foi et à améliorer ses offres minables. Malgré l’accélération des négociations dans les derniers jours, le ministre de la Famille Mathieu Lacombe n’a pas voulu satisfaire les exigences légitimes des syndiquées, forçant ces dernières à recourir à leur moyen de pression ultime. Résumant l’objectif pour lequel sont entrées en lutte les membres de la FIPEQ-CSQ, la présidente du syndicat, Valérie Grenon, a déclaré :

« Le message que nous lançons aujourd’hui à l’endroit du gouvernement est clair : les femmes disent « non » à un salaire dégradant en bas du salaire minimum. Nous ne sommes pas des travailleuses de seconde classe. Et encore plus que leur simple revenu, les responsables de services éducatifs en milieu familial vont au front pour les familles et revendiquent des services de meilleure qualité pour l’avenir des enfants. C’est l’avenir des services éducatifs pour nos enfants qui est actuellement en jeu. Comme depuis 18 mois, la balle est dans le camp du ministre! »

La rémunération actuelle des RSE – lesquelles reçoivent une subvention gouvernementale pour fournir des services de garde à partir de leur domicile – correspond à 12,42 dollars de l’heure, soit moins que le salaire minimum. L’offre finale du gouvernement, qui avait été rejetée à 82% par les membres de la FIPEQ-CSQ le 18 juin dernier, représente l’équivalent de 12,83 dollars de l’heure, soit une augmentation de seulement 41 cents de l’heure. Le syndicat réclame plutôt une rémunération équivalente à 16,75 dollars de l’heure, c’est-à-dire le même salaire que celui des éducatrices au premier échelon dans les centres de la petite enfance (CPE). Contrairement à ce qu’a déclaré Mathieu Lacombe, cette demande est bien loin d’être « déraisonnable », surtout considérant le caractère essentiel des services fournis par les syndiquées. En fait, s’il y a une chose qui est démesurée, c’est plutôt l’appétit infini de la classe capitaliste que le ministre Lacombe représente; c’est la propension illimitée des membres de cette classe sociale à vouloir s’enrichir sur le dos du peuple!

La grève générale des RSE, avec la lutte que mènent présentement les 550 000 salariés du secteur public dans le contexte de la renégociation de leurs conventions collectives, fait partie des combats les plus avancés actuellement contre le gouvernement capitaliste de la province. Il faut reconnaître l’audace de la FIPEQ-CSQ d’avoir déclenché la grève malgré la deuxième vague de la pandémie qui s’amorce – une décision parfaitement juste et nécessaire, mais que les portes-paroles de la bourgeoisie n’hésiteront probablement pas à qualifier « d’égoïste » et « d’insensée ». En effet, les médias bourgeois insisteront sur le fait que la grève « prend les parents en otage » dans un contexte déjà difficile. Le ministre de la Famille a d’ailleurs tenté de faire peur à la population en déclarant, avant le début du débrayage, qu’« une grève en pleine pandémie aura des impacts importants pour les tout-petits et leurs parents ».

Mais en fait, ce sont les carriéristes bourgeois au gouvernement qui prennent les prolétaires en otage en refusant d’accorder une rémunération décente à celles qui s’occupent quotidiennement des enfants de ces derniers. En réalité, les RSE rendent service à l’ensemble du prolétariat québécois en luttant pour améliorer leurs conditions de travail, puisque cette lutte vise aussi indirectement à limiter les fermetures de milieux familiaux (qui constituent l’une des conséquences de la rémunération lamentable accordée par le gouvernement aux RSE) et donc à préserver sur le long terme l’offre de places subventionnées aux familles prolétariennes de la province. Et les prolétaires affectés temporairement par la grève en sont parfaitement conscients puisqu’ils sont, pour la plupart, pleinement solidaires de celle-ci!

Par ailleurs, la grève générale des RSE sert l’intérêt de tout le prolétariat québécois en ce qu’elle renforce la lutte commune actuelle contre le gouvernement et la bourgeoisie de la province. D’ailleurs, la lutte des RSE pourrait avoir des répercussions immédiates sur la lutte que mènent présentement les centaines de milliers de salariés de l’État bourgeois : si les grévistes de la FIPEQ-CSQ parviennent à obtenir des gains importants, cela pourrait servir d’exemple et donner un levier supplémentaire aux syndicats du secteur public pour tenter d’en faire autant.

Les bandits capitalistes au pouvoir voudraient bien sûr garder le couvercle fermé sur la marmite de la lutte sociale au moment où ils cherchent à fortifier leurs appuis dans le contexte de leur gestion désastreuse de la crise sanitaire et alors qu’ils sont en train d’imposer une relance économique meurtrière à la population. Mais les RSE leur font actuellement la démonstration que ce n’est pas possible. Tant que le peuple sera exploité et méprisé, tant qu’il sera forcé de travailler dans des conditions déplorables, bref, tant que le capitalisme sera en place, la résistance et la lutte des masses seront au rendez-vous! L’arrogance du gouvernement envers les RSE est la même que celle de tous les capitalistes envers l’ensemble du prolétariat : c’est l’attitude qui caractérise ceux qui s’enrichissent en appauvrissant les gens ordinaires.

C’est la perspective d’un large front uni avec toutes les fractions progressistes de la population qui nous permet d’entrevoir la victoire future contre la classe capitaliste. C’est pourquoi les ouvriers, les travailleurs et les militants révolutionnaires de la province sont aux côtés de la FIPEQ et des 10 000 RSE actuellement en grève!