COVID-19 : Les autorités blâment le peuple après avoir forcé le retour à la normale
Cela fait maintenant trois semaines que le gouvernement du Québec accuse quotidiennement les masses populaires de la province de manquer de « discipline » et d’être responsables de la recrudescence actuelle de l’épidémie. On laisse entendre que la population serait en train de « baisser la garde » et que l’accélération de la propagation du virus observée un peu partout dans la province serait attribuable aux « irresponsables » qui ne respectent pas les consignes, qui ne portent pas le masque et qui font le party. Ce n’est pas la première fois, depuis le début de la pandémie, que la bourgeoisie utilise cette tactique consistant à jeter le blâme sur les masses pour détourner l’attention de sa gestion désastreuse de la crise sanitaire. On se souvient, par exemple, des accusations gratuites de François Legault à l’endroit « des jeunes » qui, soi-disant, refusaient de se plier aux directives au printemps dernier, ou encore de la manière dont le premier ministre appelait publiquement les policiers à sévir contre les récalcitrants pendant la même période. On se souvient également de la façon dont les autorités ont remis entièrement entre les mains du peuple la lutte contre l’épidémie lorsqu’elles ont accéléré le déconfinement de la province à la fin du printemps, faisant reposer le « succès » de cette opération sur « l’adhésion » de la population aux quelques mesures individuelles restantes. Ce sont donc les fruits de ces efforts de « communication » que le gouvernement tente présentement de récolter en martelant que les masses « n’adhèrent » justement plus aux consignes, précisément au moment où les effets de la relance économique commencent à se faire sentir. En continuité avec son discours des mois précédents, le gouvernement orchestre présentement une véritable campagne de propagande intensive centrée sur le seul message : c’est la faute du peuple!
L’on comprend facilement pourquoi les autorités bourgeoises agissent présentement ainsi. En effet, depuis plusieurs semaines, elles sont parfaitement conscientes du fait que leurs propres actions et leurs propres décisions (notamment celle de rouvrir toutes les écoles de la province à pleine capacité) sont sur le point de provoquer une deuxième vague de contamination dévastatrice. Elles doivent donc se protéger en faisant diversion et en trouvant des boucs émissaires. C’est ainsi qu’elles se sont mises à stigmatiser le peuple jour après jour, l’incitant à s’entre-déchirer pour éviter qu’il ne dirige sa colère contre elles. Et comme si ce n’était pas suffisant, elles entendent désormais faire un plus grand usage de la répression policière en ciblant les « contrevenants » qui ne portent pas de masque ou qui participent à des fêtes privées illégales. Cette nouvelle vague de répression contre les masses s’amorce au terme d’une séquence d’actions gouvernementales au cours de laquelle les autorités ont donné la permission à toutes les entreprises capitalistes de la province de reprendre leurs activités, ont autorisé des rassemblements « organisés » allant jusqu’à 250 personnes, ont donné le feu vert à la plupart des activités de groupe et, pour couronner le tout, ont renvoyé à l’école plus d’un million de jeunes et plus de 150 000 travailleurs du réseau scolaire dans les pires conditions sanitaires! Détrompons-nous : les seuls coupables de la recrudescence actuelle de l’épidémie, ce sont les bourgeois au pouvoir qui, depuis le début, gèrent l’épidémie en fonction des intérêts capitalistes et non en fonction de la santé des gens!
Les attaques contre le peuple ont commencé le 31 août dernier lorsque le premier ministre a organisé un point de presse pour dénoncer le soi-disant « relâchement général » en cours au Québec. Comment les autorités ont-elles mesuré ce soi-disant « relâchement »? Nul ne le sait. Cependant, ce que l’on sait, c’est que le point de presse de Legault coïncidait comme par hasard avec le début de la mise en œuvre du plan gouvernemental de retour en classe, un plan complètement irrationnel contenant tous les ingrédients d’un désastre annoncé. Cibler le « relâchement général » des québécois constituait ainsi une excellente manière de détourner l’attention de la catastrophe qui se profilait à l’horizon en raison des actions gouvernementales. D’ailleurs, immédiatement après avoir appelé les masses à « revenir à une certaine discipline », le gouvernement s’est empressé… d’autoriser la reprise des sports de combat (l’une des dernières activités de groupe qui étaient encore interdites) au lieu de renforcer les mesures sanitaires pour tenter de contenir la remontée des cas de contamination. Dans les semaines qui ont suivi, le gouvernement a également donnée le feu vert au sport-études et aux activités parascolaires sportives et artistiques dans les écoles (des activités de groupe risquées dont la tenue implique d’enfreindre la règle des « bulles-classes » et de permettre encore plus de contacts entre les élèves). Et c’est sans parler des appels de la mairesse de Montréal et du gouvernement Legault aux montréalais à fréquenter davantage le centre-ville, à prendre les transports en commun et à retourner travailler dans les tours à bureaux pour assurer la « vitalité économique » de la métropole – appels qui ont été faits dans les deux jours qui ont suivi la conférence de presse ayant servi à dénoncer le grand « relâchement » au Québec! Dans la foulée de ces appels, le ministre des Transports, François Bonnardel, a même déclaré : « Prenez l’autobus, prenez le métro, parce qu’on a besoin d’augmenter l’achalandage. »
Mais tout cela n’est pas important, puisque les hausses de cas de contamination importantes observées dernièrement seraient entièrement attribuables aux « fêtes privées », comme le martèlent présentement les autorités. Évidemment, elles ne fournissent aucune preuve chiffrée de cette affirmation (ni lors de leurs points de presse ni sur les pages web de la Santé publique et du gouvernement), hormis quelques exemples parcellaires et quelques cas montés en épingle. La population est obligée de croire les autorités sur parole, et ce, même si les mensonges ont été nombreux depuis le début de la crise sanitaire (on n’a qu’à penser aux déclarations complètement fausses du printemps dernier sur les stocks d’équipements médicaux disponibles, ou encore aux raisons absurdes invoquées pour expliquer que l’on déconseillait alors à la population de porter le masque). Étrangement, il y a trois semaines, le premier ministre affirmait qu’il était impossible pour les autorités d’identifier un type d’activité spécifique qui aurait été la cause de la recrudescence de l’épidémie. C’était d’ailleurs le prétexte qu’il utilisait pour justifier l’inaction du gouvernement à ce moment – un argument qui revenait grosso modo à dire que puisque le problème était généralisé, il n’y avait rien à faire, mis à part appeler la population à « se ressaisir ». Dans la foulée de l’éclosion importante survenue dans les jours suivants au bar Kirouac à Québec, le gouvernement a ensuite pointé du doigt le karaoké. Les personnes à l’origine de l’éclosion au bar Kirouac ont été stigmatisées publiquement pour leurs comportements « irresponsables » (alors que le karaoké n’était même pas interdit et que de toute manière, le simple fait de boire assis à une table dans un bar – ce que le gouvernement encourage les gens à faire – est un comportement très risqué). On a évité de mentionner, bien sûr, que rien de tout cela ne serait arrivé si les bars n’avaient pas été rouverts par le gouvernement. Après avoir ensuite décidé d’interdire le karaoké, les autorités se sont finalement mises à pointer du doigt les fêtes privées, profitant des éclosions reliées à des fêtes d’étudiants à La Pocatière pour adopter une ligne propagandiste particulièrement commode.
Cette évolution rapide (et inconséquente) du discours gouvernemental rappelle en tous points l’épisode des bars du mois de juillet dernier. Les autorités avaient passé plusieurs jours à affirmer que c’est là que la contamination avait lieu (la Direction régionale de santé publique de Montréal allant jusqu’à appeler l’ensemble des clients et des employés des bars montréalais à aller se faire tester et le premier ministre affirmant même qu’il n’excluait pas de reconfiner ce secteur d’activité), avant de changer complètement de discours du jour au lendemain (sous la pression des propriétaires d’établissements et notamment de l’Union des tenanciers de bars du Québec présidée par le crapuleux Peter Sergakis). Finalement, le véritable problème ne se situait pas dans les bars, mais plutôt… dans les maisons des particuliers! C’est encore le même discours que le gouvernement a décidé de servir à la population pour éviter de devoir fermer des secteurs de l’économie, c’est-à-dire pour ne pas nuire au capital. Le virus se propagerait lors de réunions sporadiques à domicile, mais étrangement, il ne se transmettrait pas là où les prolétaires et leurs enfants se croisent le plus longtemps et le plus fréquemment, soit au travail et à l’école. Il se propagerait lors de soirées où l’on boit et où l’on mange entre amis, mais pas dans les bars et dans les restaurants. La contamination aurait lieu dans les résidences privées, mais pas dans les transports en commun, dans les commerces, dans les usines, sur les chantiers ou dans les bureaux. Bref, il se transmettrait seulement lors d’activités qui ne servent à rien aux capitalistes et contre lesquelles la répression peut être employée sans conséquences pour l’accumulation d’argent et de profits!
Les masses doivent accepter sans questionnement des explications contre-intuitives et se soumettre à des consignes totalement incohérentes. Les réunions privés de plus de quelques personnes sont interdites (maintenant sous peine de sanctions sévères), mais les enfants et les adolescents de toute la province, du lundi au vendredi, doivent s’entasser à journée longue dans des classes bondées regroupant parfois plus de 30 élèves, souvent très mal aérées et où le port du masque n’est pas obligatoire – chaque famille québécoise se retrouvant donc indirectement à « faire le party » contre son gré avec des dizaines d’autres, et ce, à chaque jour! Et c’est sans parler des milieux de travail où passent également leurs journées, parfois aux côtés de centaines d’autres travailleurs, les membres de ces familles. Pratiquement tous les secteurs d’activité de la société ont été déconfinés. Dans ces conditions, pourquoi les prolétaires accepteraient-ils d’appliquer à la lettre les quelques consignes encore en vigueur?
L’arbre qui cache la forêt
Pour détourner l’attention du portrait d’ensemble (c’est-à-dire du fait que c’est la relance des activités économiques qui conduit tout droit vers la deuxième vague), des cas de transmission anecdotiques sont montés en épingle par les autorités, tandis que des données beaucoup plus inquiétantes sont passées sous silence (ou ne sont mentionnées que du bout des lèvres). En d’autres mots, les autorités utilisent l’arbre pour cacher la forêt. Par exemple, lors de la conférence de presse du 15 septembre, le ministre de la santé Christian Dubé a attiré l’attention sur trois événements ou groupes d’événements particulièrement graves selon lui, soit un rassemblement dans un restaurant en Montérégie ayant conduit à 31 infections, un barbecue au mont Saint-Bruno ayant conduit à 5 infections ainsi que des fêtes et des épluchettes de blé d’inde dans le Bas-Saint-Laurent ayant conduit à une trentaine d’infections. Au total, les exemples mentionnés représentaient une soixantaine de cas. Mais le même jour, près de 300 cas étaient officiellement rapportés dans la province. Pendant que le ministre pointe du doigt des exemples anodins, les faits les plus significatifs sont occultés ou sont à peine mentionnés. En voici quelques uns :
1. Selon le site web covidecolesquebec.org mis sur pied par un père de famille montréalais qui compile rigoureusement les écoles où au moins un cas de COVID-19 a été détecté, 347 écoles (sur les 2 685 établissements scolaires que compte la province, soit 12,9%) avaient officiellement été touchées par le virus, en date du 20 septembre. Selon les informations fournies par le gouvernement (qui faisaient plutôt état de 272 écoles le 18 septembre), 507 élèves et membres du personnel avaient été déclarés positifs en date du 17 septembre, forçant la fermeture de 189 classes (avec toutes les complications que cela entraîne pour les familles prolétariennes concernées et laissées à elles-mêmes par le gouvernement). Parmi toutes ces écoles où l’on compte au moins un cas, il demeure difficile de savoir combien constituent des foyers d’éclosion. Mais une chose est sûre, c’est qu’il y en a déjà plusieurs. Par exemple, le CISSS de Laval a précisé que parmi les 24 écoles faisant partie de la liste gouvernementale sur son territoire, six constituaient des foyers d’éclosion, soit une sur quatre. Dans la région de Québec et de Chaudière-Appalaches, au moins six écoles primaires et secondaires ont connu des éclosions (Saint-Hélène-de-Breakeyville à Lévis, Dominique-Savio à Québec, De la Grande-Hermine dans Limoilou, Sans-Frontière à Québec, Des Deux-Rives à Saint-Georges en Beauce et Veilleux à Saint-Joseph) selon ce que rapportent les médias. L’éclosion survenue dans l’une d’entre elles, l’école Dominique-Savio, toucherait jusqu’à maintenant au moins six élèves d’une même « bulle-classe » en sixième année, un élève de première année et un membre du personnel. Une classe de 3e et 4e année est également en isolement dans la même école. Des éclosions ont également été rapportées en Estrie et au Saguenay-Lac-Saint-Jean. À Montréal, l’école secondaire Herzliah a dû fermer complètement ses portes le 17 septembre pour deux semaines en raison d’une éclosion ayant entraîné une quinzaine de cas. Toutes ces données sont hautement préoccupantes – bien plus que les quelques exemples mis de l’avant par le gouvernement. D’ailleurs, l’inquiétude est de plus en plus grande parmi les enseignants et le personnel, qui doivent non seulement travailler dans des conditions particulièrement dangereuses (classes surpeuplées, densité extrême dans les espaces communs, mauvaise aération, élèves sans masques, etc.), mais qui doivent en plus composer avec l’absence de transparence et le manque d’organisation total des autorités en matière de dépistage – ce que dénonce depuis un moment la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Ajoutons qu’en raison du manque d’enseignants, des milliers de suppléants doivent se promener d’une école à l’autre et pourraient par conséquent devenir des vecteurs de transmission dans le réseau scolaire, une situation décriée par l’Alliance des professeurs de Montréal. En raison du nombre de personnes qu’elles mettent en contact indirectement dans la société, les écoles peuvent rapidement devenir des moteurs extrêmement puissants de l’épidémie (beaucoup plus puissants que quelques fêtes sporadiques). Rappelons qu’en Israël, la réouverture des écoles à la mi-mai a provoqué, en l’espace d’environ un mois, une importante flambée épidémique (les cas détectés au pays passant d’une vingtaine par jour à la mi-mai à plus de 1 500 à partir de la mi-juillet), ce qu’a démontré le fait que 47% des infectés du mois de juin avaient contracté le virus à l’école.
2. Selon une information rapportée le 31 août dernier par le journal Metro, quelque 1 200 entreprises montréalaises (excluant, entre autres, les hôpitaux) ont officiellement recensé au moins un cas de COVID-19 depuis la mi-mars. Parmi celles-ci, environ le quart ont été considérées comme des foyers d’éclosion. Ces données montrent que les cas de transmission dans les milieux de travail sont beaucoup plus fréquents que ce que l’on peut penser si l’on ne se fie qu’aux quelques exemples qui sont rapportés de temps à autre dans les médias. Malheureusement, ces statistiques ne montrent pas à quel moment depuis le mois de mars les éclosions ont eu lieu. Cela dit, il n’y a pas de raison de penser que la transmission sur les lieux de travail aurait subitement cessé dans les dernières semaines alors que l’activité économique est plus forte que jamais depuis la « pause » des mois de mars-avril. D’ailleurs, certaines données fort révélatrices sur la transmission en milieu de travail ont été révélées par les autorités durant l’été. Par exemple, le 31 juillet dernier, Christian Dubé a publié un diagramme sur sa page Facebook qui montrait que du 19 au 25 juillet, 19,2% des infections d’origine connue au Québec étaient survenues directement dans les milieux de travail (excluant les milieux de soins, les milieux scolaires et les services de garde ainsi que les infections découlant « d’activités sociales » dans les bars et les restaurants). Par ailleurs, des exemples d’éclosions en milieu de travail survenues dans les dernières semaines au Québec ont été rapportés dans les médias. Au milieu du mois d’août dernier, les autorités et les médias ont attiré l’attention sur l’éclosion ayant conduit à l’infection d’au moins huit employés du Costco de Lebourgneuf à Québec. Le 24 août, quelques jours avant que le gouvernement ne dénonce le « relâchement général » de la population, le journal La Tribune rapportait que dix employés de l’usine BRP de Valcourt en Estrie avaient contracté la COVID-19 sur leur lieu de travail. Plus récemment, le 18 septembre, les médias ont rapporté qu’une opération de dépistage massive était en cours à l’usine d’abattage de porc d’Aliments Asta à Saint-Alexandre-de-Kamouraska, une usine employant quelque 450 ouvriers et dans laquelle des cas de COVID-19 ont été détectés. Bref, pendant que l’on ne parle que des partys privés, les travailleurs de la province continuent d’être forcés de s’exposer quotidiennement au virus.
3. Depuis la fin de l’été, le virus se propage à nouveau dans les résidences pour personnes âgées où plusieurs nouvelles éclosions ont eu lieu dans les trois dernières semaines, ce qui laisse craindre le pire. Le 26 août dernier, une éclosion a commencé à la Résidence du Verger à Saint-Jérôme. En date du 7 septembre dernier, cinq membres du personnel et dix-neuf résidents (dont trois étaient hospitalisés ou en centre de confinement) avaient été contaminés. Le 4 septembre, une éclosion s’est déclarée à la résidence Le Saint-Guillaume en Beauce. Trois jours plus tard, l’on recensait 5 employés et 10 résidents infectés, en plus des trois ouvriers de la construction contaminés qui rénovaient le bâtiment. Au même moment, une éclosion a été rapportée à la résidence intermédiaire Clairière Le Boisé, dans les Quartiers des Rivières à Québec. Toujours le 4 septembre, la résidence Place Alexandra de Beauport était également frappée par une éclosion – la troisième en l’espace de deux jours à être rapportée dans la grande région de Québec. Une semaine plus tôt, les autorités avaient pourtant annoncé que toutes les éclosions étaient terminées dans les centres pour personnes âgées de la Capitale-Nationale. Or, les nouvelles éclosions ont continué à se multiplier et à s’aggraver dans les jours suivants. La situation dans la résidence Place Alexandra de Beauport s’est rapidement détériorée : le 15 septembre, la résidence comptait 40 résidents et 12 employés infectés ainsi que deux morts (les deux premiers décès à survenir dans un foyer pour personnes âgées de la région depuis le début de la nouvelle flambée épidémique). En date du 17 septembre, au moins 13 résidences de la Capitale-Nationale étaient désormais aux prises avec la COVID-19. Le 19 septembre, deux d’entre elles se trouvaient en « situation critique », soit la résidence La Belle Époque, avec 24 résidents atteints (38,7%) et deux décès, ainsi que la résidence Le Marquisat des Plaines, avec 10 résidents atteints (38,5%). La région de Québec n’est pas la seule touchée présentement par ces éclosions. Depuis la fin du mois d’août, le CHSLD de Lambton en Estrie est touché par une importante éclosion. En date du 17 septembre, 19 des 29 résidents ainsi que 15 employés avaient été contaminés. Trois résidents étaient morts. En Gaspésie, une éclosion vient tout juste d’être détectée au CHSLD de Maria. À Thetford Mines, la résidence Le Crystal est présentement en « situation critique » avec 25 résidents sur 31 ainsi que 11 employés infectés. Et ce ne sont que quelques exemples des établissements pour aînés de la province présentement touchés par le virus. Alors que peu de mesures significatives ont été prises dans les CHSLD pour éviter la répétition de la catastrophe du printemps dernier et alors que le manque de personnel est toujours criant dans le réseau de la santé, il y a de quoi s’inquiéter sérieusement.
Tous ces faits ont été très peu abordés par les autorités et par conséquent très peu médiatisés depuis le début du mois de septembre. Et c’est normal, puisqu’ils contredisent le discours officiel de l’État bourgeois selon lequel les coupables sont les fêtards et les « irresponsables ». Évidemment, la classe dominante ne peut admettre que ce sont ses propres actions qui sont présentement en train de provoquer la deuxième vague dans la province. Elle préfère accuser ouvertement le peuple et stigmatiser des innocents. C’est dans le contexte de ces attaques décomplexées que le ministre Christian Dubé est allé jusqu’à incriminer publiquement une coiffeuse de Thetford Mines, laissant entendre qu’elle serait coupable d’avoir propagé le virus dans plusieurs résidences pour aînées de sa ville (dont la résidence Le Crystal) puisqu’elle aurait continué à travailler malgré le fait qu’elle se savait contagieuse, ce qui était complètement faux. En fait, non seulement la coiffeuse en question n’avait pas de symptômes et ne savait pas qu’elle était porteuse du virus lorsqu’elle a travaillé, mais elle portait le masque – ce qui contredit complètement le discours gouvernemental selon lequel c’est lorsque l’on ne suit pas les consignes que l’on propage ou que l’on attrape le virus. Stigmatiser des travailleurs innocents et attiser la haine contre les masses populaires, c’est une tactique odieuse que seule une classe sociale périmée et réactionnaire comme la bourgeoisie utilise! Le peuple n’est coupable de rien : c’est le contexte de la relance économique voulue par la bourgeoisie qui force les gens à prendre des risques et qui fait en sorte que la maladie se propage dans la population de manière fulgurante.