COVID-19 : Les travailleuses de la santé continuent de manifester!

Depuis plus d’un mois, les préposées aux bénéficiaires, les infirmières, les infirmières auxiliaires et les autres travailleuses du réseau de la santé au Québec multiplient les manifestations pour dénoncer le gouvernement et les directions du réseau qui leur imposent des conditions de travail infernales et qui continuent de bafouer leurs droits. Notamment, elles luttent pour pouvoir se reposer et prendre des vacances durant l’été, une revendication qui n’a toujours pas été entièrement satisfaite à ce jour. Plus largement, elles réclament la fin des arrêtés ministériels qui avaient été adoptés dans la foulée de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, lesquels permettent aux directions du réseau de la santé d’outrepasser les conventions collectives en restreignant l’accès aux congés (voire en les annulant complètement), en modifiant à leur guise les horaires et les assignations sans avertissements, en allongeant les heures de travail, en imposant le temps complet ou encore en déplaçant le personnel d’un établissement à l’autre. Ces arrêtés ont permis à l’État bourgeois d’accroître l’exploitation des travailleuses de la santé afin de compenser l’absence presque totale de préparation du gouvernement dans les semaines ayant précédé le début de l’épidémie ainsi que les insuffisances du réseau (insuffisances dues au refus de la bourgeoisie de le financer adéquatement au fil du temps et notamment aux compressions budgétaires majeures des dernières années). En conséquence, les travailleuses de la santé sont forcées de travailler dans des conditions absolument intolérables depuis le début de la crise. Et maintenant que le gouvernement a proclamé la « victoire » contre l’épidémie et qu’il a levé la plupart des mesures de confinement, il refuse toujours de normaliser leurs conditions de travail et de leur redonner leurs droits – une attitude inconséquente qui suscite l’indignation et la colère. Finalement, les travailleuses de la santé se mobilisent également pour exiger de meilleures conditions de travail en général (car il ne faut pas oublier qu’elles travaillaient déjà dans des conditions déplorables bien avant la pandémie) et pour faire pression sur le gouvernement dans le cadre des négociations actuelles sur le renouvellement des conventions collectives des salariés du secteur public, lesquelles sont arrivées à échéance le 31 mars dernier.

Les travailleuses de la santé sont placées dans des conditions épouvantables depuis le début de l’épidémie

Pendant que le premier ministre feignait publiquement de se montrer reconnaissant envers leur contribution au début de la crise, les travailleuses de la santé étaient en réalité forcées par l’État capitaliste de travailler dans des conditions horribles. Le gouvernement, qui a fait preuve d’un attentisme scandaleux dans les semaines précédant la crise et qui n’a pas pris les mesures nécessaires pour préparer la province à l’arrivée du virus, a rejeté le poids de l’épidémie presque entièrement sur les épaules des travailleuses du réseau. En plus de leur imposer une charge de travail absolument inhumaine, les autorités n’ont même pas été capables de leur fournir l’équipement nécessaire pour les protéger adéquatement du virus, et ce, en dépit des déclarations récentes du premier ministre selon lesquelles la province n’avait jamais manqué de matériel de protection depuis le début de la crise. En raison du manque d’équipement, mais aussi à cause de la désorganisation du réseau et des directives irrationnelles qui leur ont été données, un nombre effarant de travailleuses ont été infectées. Selon des données révélées récemment par le Ministère de la santé et des services sociaux, le nombre de membres du personnel de la santé ayant été infectés par le virus s’élevait dans les derniers jours à 13 655, ce qui représente environ 25% de tous les cas d’infection ayant été rapportés officiellement dans la province! Beaucoup de travailleuses sont tombées gravement malades et se sont retrouvées aux soins intensifs. La province compte même neuf morts parmi son personnel médical, dont plusieurs préposées aux bénéficiaires. Le propagation extrêmement rapide du virus parmi les travailleuses a causé énormément d’inquiétude et a miné leur confiance envers les autorités sanitaires – notamment envers l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), lequel modulait ses recommandations selon la quantité de matériel disponible au lieu d’être transparent avec le personnel. Par exemple, Françoise Ramel, la présidente par intérim du Syndicat des professionnels en soins de santé du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, a rapporté que des infirmières à qui on ne donnait qu’une seule blouse de protection pour toute une journée se faisaient dire que c’était sécuritaire et qu’il n’y avait pas de risque à se promener ainsi de chambre en chambre (alors qu’il était évident que c’était dangereux). À ce propos, Françoise Ramel a déclaré : « L’INSPQ, c’est n’importe quoi. C’est soi-disant un organisme indépendant. Mais les règles changeaient sans arrêt et on avait vraiment le sentiment que [les directives de l’INSPQ] évoluaient selon le stock disponible ». Les consignes irrationnelles entourant le port du masque ont été particulièrement dévastatrices. Au début de la crise, non seulement celui-ci n’était pas recommandé, mais il était même parfois dénoncé, comme le rapporte l’infirmière Natalie Stake-Doucet : « Au début, des collègues se faisaient menacer par leurs gestionnaires parce qu’elles osaient porter un masque [au risque d’apeurer les résidents]. Deux semaines plus tard, on nous obligeait à en porter un. Pourtant, personne ne s’est excusé. Et après, on nous dit que c’est notre faute si on a été infectées. » En effet, comble de l’injustice, les travailleuses ont été accusées de ne pas porter les équipements de protection adéquatement, alors que le problème était qu’il manquait d’équipement! Par exemple, avec la dénonciation de « l’absentéisme » et des « retards » du personnel, la soi-disant mauvaise utilisation du matériel par les travailleuses a fait partie des principales « observations » contenues dans le rapport de l’Armée canadienne sur la situation dans les CHSLD – une attaque anti-prolétarienne qui n’est pas étonnante, cela dit, venant d’une institution dont la mission première n’est pas de soigner les gens, mais bien de réprimer le peuple et de préserver le capitalisme canadien.

Les travailleuses de la santé avaient déjà raison de vouloir améliorer leurs conditions de travail avant la crise. Avec de tels risques pour leur santé et pour leur vie, la lutte qu’elles mènent actuellement est d’autant plus nécessaire. Car la surcharge de travail, le manque de personnel et l’impossibilité de se reposer ne peuvent qu’entraîner des risques supplémentaires, non seulement pour elles, mais aussi pour leurs patients. Comme l’a déclaré Jeff Begley, le président de la Fédération de la santé et des services sociaux – CSN (FSSS-CSN) :

« Oui, la maladie fait peur, oui, le nombre de travailleuses et travailleurs qui ont attrapé la maladie est effarant. Raison de plus pour ne pas en ajouter sur les conditions de travail. Les directions doivent prendre soin de leurs salariés, pas les punir à coup de mesures administratives! Depuis des années, nous dénonçons les surcharges de travail, l’état critique dans lequel se trouvaient les travailleurs AVANT l’arrivée de la COVID. L’enjeu de la négociation, c’était justement tout cela. C’est un miracle que le réseau ait tenu jusqu’à maintenant. »

Des manifestations et des actions de visibilité sont organisées régulièrement par la CSN partout dans la province

Dans les dernières semaines, un peu partout à travers le Québec, des manifestations organisées par les syndicats des travailleuses de la santé, notamment ceux de la FSSS-CSN (une organisation syndicale regroupant plus de 110 000 membres dont un bon nombre travaillant dans réseau de la santé), ont lieu régulièrement devant les établissements de soins pour dénoncer le gouvernement et réclamer des améliorations à leurs conditions de travail. Par exemple, le 22 juin, des employées de l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville se sont rassemblées et ont manifesté devant leur établissement. Le 19 juin, des auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS), travailleuses qui offrent des soins à domicile, ont manifesté à Trois-Rivières pour réclamer des augmentations de salaire. À cette occasion, Pascal Bastarache, président du Syndicat du personnel paratechnique et des services auxiliaires et de métiers FSSS-CSN du CIUSSS-MCQ, a rappelé un fait important : « On parle de l’équité salariale à Trois-Rivières, nous sommes le deuxième, si ce n’est pas le premier territoire où on donne le plus de soins délégués infirmiers de la province. » Le 16 juin, des membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS Montérégie-Centre-CSN ont manifesté devant l’Hôpital du Haut-Richelieu et l’Hôpital Charles-Le Moyne « afin de dénoncer les conditions de travail imposées à toutes et tous les anges gardiens par les arrêtés ministériels gouvernementaux. » Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles ont pouvait lire « Ange déçu » ainsi que divers messages dénonciateurs. Jean Mercier, le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de la Montérégie-Centre-CSN, a expliqué les effets des arrêtés ministériels sur les conditions des travailleuses (laissant par exemple entendre que leur épuisement allait avoir des conséquences funestes avec la recrudescence à venir de l’épidémie), tout en ajoutant que les syndicats avaient dû lutter depuis le début de la crise, même pour obtenir des mesures de protection minimales :

« Au début de la pandémie, le premier ministre a adopté des décrets annulant nos droits syndicaux, pour mieux faire face à la maladie. Depuis le début, les travailleuses et travailleurs font tous les efforts pour lutter contre le virus. Mais très vite, ces nouveaux pouvoirs ont démangé les directions. Il a fallu se battre pour obtenir le retrait préventif des femmes enceintes. Puis on a vu l’arrivée de la disponibilité obligatoire à temps plein pour tout le monde, les changements d’horaire, les fins de semaine à tout vent, les déplacements de services, de postes, voire même de titre d’emploi. Sans oublier les refus de jours fériés et surtout, les limites pour les vacances de tout le monde! Comment voulez-vous faire face à une deuxième vague, si l’on ne peut récupérer un minimum durant l’été ? Nos membres sont à terre et ce n’est pas juste à cause de la maladie ».

Le 15 juin, partout au Québec, les travailleuses du réseau de la santé et des services sociaux syndiquées avec la CSN se sont rassemblées devant leurs établissements pour appuyer leur comité de négociation qui tentait de conclure une entente avec le gouvernement ainsi que pour dénoncer l’état dans lequel se trouve le réseau public depuis des années. Le même jour, des travailleuses du Carrefour Providence, une institution religieuse à Montréal, ont manifesté sur l’heure du dîner pour réclamer des vacances estivales. Farid Larab, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Carrefour Providence – CSN, a expliqué le contexte entourant cette revendication : « Nous avons mis tous les efforts dans les dernières semaines pour garder la COVID à l’extérieur des murs de l’institution. Il n’y a pas de cas de coronavirus depuis 5 semaines maintenant. Nous faisons tout pour nous protéger et protéger les sœurs, mais là nous sommes fatigués. Il faut respecter le droit aux vacances pour permettre au personnel de se reposer. » Il faut savoir que certaines directions du réseau se servent des arrêtés ministériels pour obliger les travailleuses à se soumettre à des conditions exceptionnellement sévères même si la COVID-19 ne représente pas un défi immédiat pour les établissements qu’elles administrent, profitant de l’état d’urgence pour tenter de combler des lacunes déjà présentes avant la crise.

D’autres formes d’actions de visibilité ont également été menées pour mettre de l’avant les revendications des travailleurs et dénoncer les offres du gouvernement dans le cadre des négociations actuelles. Par exemple, des bannières géantes avec le message « Urgence d’agir – services publics à rebâtir » ont été déployées à différents endroits dans la province par la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Le 17 juin, alors que des syndiquées du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal tenaient un rassemblement devant l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’une de ces gigantesques bannières a été déployée à partir du toit du bâtiment. Aussi, des silhouettes géantes avec le message « N’attendons pas la prochaine crise pour agir », en plus d’autres messages variés, ont été installées par les syndicats de la CSN devant différents établissements du réseau de la santé, devant les bureaux des députés et des ministres de la CAQ ainsi que devant l’Assemblée nationale du Québec. Commentant l’objectif derrière ces actions, soit de dénoncer les offres gouvernementales, la vice-présidente de la CSN, Véronique de Sève, a déclaré : « Les offres du gouvernement sur le plan salarial ne sont certainement pas à la hauteur! 5 % sur trois ans, c’est garantir qu’encore une fois les salariés vont s’appauvrir.» Le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley, a quant à lui affirmé ce qui suit :

« Le réseau de la santé et des services sociaux, c’est une longue chaîne dont tous les maillons sont essentiels. En ce sens, l’approche du gouvernement manque cruellement de vision et elle ne répond pas à nos besoins sur le terrain. Tous les salariés ont besoin d’être entendus et mieux soutenus. Nous vivons tous des surcharges de travail, nous avons tous besoin de mieux protéger notre santé et d’assurer notre sécurité au travail et nous entendons tous casser le cycle de l’appauvrissement dans le secteur public, avec une attention particulière à la situation de celles et ceux qui gagnent le moins. »

La FIQ mène une puissante campagne d’éducation et organise de fortes actions symboliques

Après avoir mené une première action percutante le 19 mai dernier devant les bureaux du premier ministre à Québec – action qui avait immédiatement été dénoncée publiquement par ce dernier –, les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), organisation syndicale qui regroupe 75 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques, ont multiplié les coups d’éclat dans le cadre d’une mobilisation intensive contre le gouvernement. Le 31 mai, l’organisation syndicale a lancé une « campagne télévisuelle choc » sous le thème « Mettons fin à l’inhumain », campagne visant à mettre de la pression sur les autorités et à informer la population des conditions dans lesquelles ses membres sont obligées de travailler. La vidéo, diffusée à la télévision et sur les réseaux sociaux, montre des images de travailleuses de la santé exténuées, accompagnées d’un discours percutant, le tout dans une ambiance dramatique. La vidéo met de l’avant l’idée que les conditions de travail étaient déjà difficiles avant la pandémie, que les travailleuses n’ont pas été écoutées et qu’il est temps pour elles d’exiger que les choses changent, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi « pour le bien de [leurs] patients ». Pour expliquer le sens de la campagne, la présidente de la FIQ, Nancy Bédard, a déclaré :

« Les professionnelles en soins n’en peuvent plus, ça fait longtemps qu’elles expriment des cris du cœur. La campagne télévisuelle que nous lançons aujourd’hui est le reflet de ce grave ras-le- bol et ce sont elles qui sont au cœur de ce message. « Mettons fin à l’inhumain », ça veut dire redonnons leurs droits à ces travailleuses, traitons-les autrement que comme des numéros et laissons-les soigner humainement. Elles continueront de parler et de dénoncer tant que cela ne changera pas, pour elles-mêmes et surtout pour leurs patients. Pour que les professionnelles en soins soient encore là demain et parce que la réalité du terrain doit être mieux comprise, cette campagne est nécessaire. »

Cette campagne télévisuelle montre bien la puissance des moyens dont disposent les organisations syndicales pour mener la lutte économique contre les capitalistes – moyens qui, un jour, seront mis au service de la révolution pour renverser la bourgeoisie et transformer la société. Sans leur organisation de défense et les outils propagandistes dont elle dispose, les infirmières auraient eu beaucoup de mal à expliquer leurs revendications et leur point de vue au reste de la population. Mais grâce à la campagne télévisuelle, une large fraction du peuple a été rejointe en un clin d’œil.

Le 11 juin, une action symbolique impressionnante a été organisée par le syndicat. Plus d’une centaine de membres de la FIQ se sont placées en rangées devant l’Assemblée nationale du Québec, tournant le dos au bâtiment et tenant toutes des pancartes identiques entre leurs mains avec le message « Vous nous avez tourné le dos ». L’effet visuel de cette mise en scène était particulièrement fort. L’action des infirmières visait à revendiquer des « milieux de travail sécuritaires, une rémunération à la hauteur des risques qu’elles encourent, la fin des arrêtés ministériels et le retrait du projet de loi no 61. » Rappelons que ce projet de loi contenait, entre autres, une disposition permettant de prolonger l’état d’urgence sanitaire, une mesure dénoncée par le syndicat puisqu’elle allait potentiellement permettre au gouvernement de continuer à imposer des conditions de travail extraordinaires et abusives aux travailleuses de la santé.

Sept jours plus tard, le 18 juin, la FIQ a organisé une journée de mobilisation sous le thème « Des ratios pour des soins humains » dans quatre villes de la province, soit Montréal, Trois-Rivières, Québec et Joliette. Des dizaines de membres du syndicat se sont déployées devant des CHSLD avec de larges pancartes et des bannières pour revendiquer « l’implantation graduelle, dès maintenant, des ratios sécuritaires dans les CHSLD de la province afin qu’elles puissent offrir à leurs patients les soins de qualité auxquels ils ont droit. » En effet, le nombre de patients par travailleuses dans les CHSLD (et dans le réseau de la santé en général) est tout simplement inhumain. Par exemple, comme le mentionne le syndicat, au CHSLD Denis-Benjamin-Viger à Montréal et au CHSLD Sainte-Anne-de-Beaupré à Québec, « à peine deux infirmières auxiliaires et deux infirmières se partagent les soins des 125 résidents durant la nuit ». À Trois-Rivières, une infirmière et deux infirmières auxiliaires travaillent auprès de 80 patients le soir et la nuit. Avec une telle surcharge de travail, il n’est pas surprenant que les travailleuses n’arrivent pas à fournir des soins adéquats aux résidents et que des situations désastreuses sont survenues avec l’épidémie. Le syndicat a d’ailleurs profité de cette journée d’action pour mettre de l’avant, dans le cadre des négociations sur la prochaine convention collective, différentes demandes visant à diminuer la surcharge de travail.

Unissons-nous derrière la perspective du socialisme!

Le Parti communiste révolutionnaire appuie entièrement le combat des infirmières, des préposées aux bénéficiaires et des autres travailleuses de la santé qui luttent pour leurs droits et qui résistent à la dégradation organisée de leurs conditions de travail. Les attaques que la bourgeoisie leur a fait subir sont odieuses et doivent être dénoncées vigoureusement. Aussi, notre parti salue la ténacité et la détermination de ces travailleuses, autant dans les efforts qu’elles déploient pour soigner la population et mettre le virus en échec que dans la lutte qu’elles mènent contre la bourgeoisie pour résister à l’exploitation et pour améliorer leur sort.

Les services de santé fournis par l’État bourgeois ne servent pas à assurer le bien-être des masses : ils ne servent à rien d’autre qu’à empêcher que l’état de santé de la population ne se dégrade au point où la continuité de l’exploitation des prolétaires se trouverait menacée. D’ailleurs, c’était l’objectif poursuivi par le gouvernement pendant le confinement : le but n’était pas de tout mettre en œuvre pour limiter au maximum les infections et les morts au sein des masses populaires, mais plutôt « d’aplatir la courbe », c’est-à-dire d’étaler ces infections et ces morts dans le temps pour que le réseau demeure « fonctionnel » et pour ne pas qu’un trop grand nombre de travailleurs soient rendus invalides en même temps – bref, pour que le système capitaliste puisse continuer à rouler. C’est pourquoi le gouvernement n’a pas hésité à relâcher les mesures de confinement et à rouvrir les entreprises, même si cela conduira à l’infection et à la mort d’un grand nombre de prolétaires, lorsqu’il a jugé qu’il s’agissait désormais d’une nécessité pour préserver le capitalisme national. Le déconfinement placera tôt ou tard les travailleuses de la santé dans des conditions absolument infernales, mais les bourgeois au pouvoir n’en ont rien à faire. Pour la bourgeoisie, seuls les profits comptent. C’est pourquoi le gouvernement ne se soucie pas de l’impact de ses décisions sur le sort des travailleuses de la santé. C’est aussi pourquoi les capitalistes ne fourniront jamais les ressources suffisantes pour que le réseau de la santé fonctionne à son plein potentiel et pour que les travailleuses qui y œuvrent exercent leur travail dans des conditions dignes et enrichissantes.

Pour ces raisons, en plus de saluer le courage des travailleuses de la santé qui se lèvent en ce moment contre le gouvernement qui bafoue leurs droits, nous disons qu’il faut lutter dès maintenant pour construire le mouvement révolutionnaire qui mènera au renversement de la classe bourgeoise dans son ensemble! Car c’est l’ensemble de cette classe sociale (politiciens bourgeois, hauts fonctionnaires, propriétaires et dirigeants d’entreprises, banquiers, etc.) qui est responsable des attaques que subissent les prolétaires et des conditions de vie déplorables qui accablent le peuple. Si l’on ne veut pas que nos combats soient toujours à recommencer, il faudra à un moment donné en finir une fois pour toutes avec le régime capitaliste qui permet à cette classe de s’enrichir sur le dos des masses. C’est seulement lorsque le capitalisme tombera que les attaques contre les travailleurs cesseront! Par conséquent, il faut que l’ensemble des prolétaires s’unissent derrière la perspective d’une société dirigée par eux et organisée en fonction de leurs besoins! Dans une telle société, les soins de santé ne serviront pas seulement à assurer que les prolétaires soient aptes à se rendre au travail et à produire du profit pour les capitalistes, comme c’est le cas en ce moment : ils serviront à garder les masses populaires en santé et à assurer leur bien-être! Cela signifie que toutes les ressources nécessaires seront mobilisées pour que le personnel de la santé puisse exercer son travail dans des conditions humaines et sécuritaires. En attendant, la lutte contre la bourgeoisie doit continuer!