COVID-19 : L’avarice des épiciers et les primes retirées
Samedi le 13 juin, les travailleurs des trois grandes chaînes de supermarchés présentes au Québec ont appris qu’ils et elles allaient cesser de toucher la « prime COVID-19 » de 2$ de l’heure qui leur était versée dans le cadre de la lutte à la pandémie. En effet, les trois géants de la distribution alimentaire que sont Loblaw, Metro et Sobeys (IGA) ont décidé de « récompenser » leurs travailleurs en leur offrant plutôt des cadeaux.
Étant donné les difficultés que rencontre la bourgeoisie dans sa volonté de relancer dans son ensemble l’économie capitaliste, il n’est pas surprenant de constater que les puissantes entreprises qui contrôlent l’essentiel de la distribution alimentaire au pays n’hésitent pas à priver leurs employés de montants d’argent qui, pourtant, sont loin d’être assez importants pour contribuer significativement à l’amélioration des conditions de travail dans ce secteur.
En effet, les données disponibles sur les emplois dans le secteur de distribution alimentaire sont clairs : la plupart des gens qui y œuvrent le font pour de petits salaires. Si l’on examine le Guide des salaires selon les professions au Québec publié par Emploi-Québec en 2017, l’on apprend que les bouchers, les coupeurs de viandes et les poissonniers dans le commerce du gros et du détail (soit près de 19 000 personnes), avaient un revenu entre 15,72$ et 22$ de l’heure, pour un revenu médian de 15$ de l’heure. Pour les boulangers et les pâtissiers (2 300 personnes), les salaires étaient compris entre 14,19$ et 17,50$ de l’heure. Les caissiers (plus de 21 500 personnes) gagnaient, quant à eux, entre 13,20$ et 18,24$ de l’heure. Finalement, les garnisseurs de tablettes, les commis et les préposés aux commandes dans les magasins (plus de 24 700 personnes) avaient un salaire se situant entre 13,00$ et 19,00$ de l’heure.
D’autres sources, comme par exemple les banques de données des sites de recherche d’emplois, font état, pour les emplois de commis d’épicerie au Canada, d’un salaire annuel moyen de 24 863$ ou 12,75$ de l’heure, le salaire annuel variant entre 23 400$ pour les postes au bas de l’échelle et 31 110$ pour les travailleurs spécialisés ou ayant accumulé de l’ancienneté. Naturellement, ces données sont fondées sur des estimations faites à partir d’emplois à temps plein. Or, dans le secteur de la distribution alimentaire, de nombreux emplois sont plutôt à temps partiel.
Comme on le constate, le boni qui était versé aux travailleurs représente une somme importante pour plusieurs d’entre eux, ce qui démontre que derrière la scandaleuse décision de le supprimer, il y a le fait tout aussi scandaleux que les salaires qui leur sont versés en temps normal sont insuffisants pour leur procurer des conditions de vie décentes. Plutôt que de maintenir les primes (ou encore mieux, d’augmenter significativement les salaires), les entreprises Metro, Loblaw et Sobeys rivalisent d’imagination pour faire croire à la population qu’elles continueront à bonifier la rémunération de leurs employés, mais par des mécanismes différents. Par exemple, Sobeys entend verser un boni dont le montant variera en fonction du nombre d’heures travaillées et Loblaw a annoncé une mesure similaire. L’entreprise Metro, quant à elle, entend verser un montant de 200$ aux employés à temps plein tandis que ceux à temps partiel obtiendront 100$. Dans tous les cas, cela représente une perte nette pour les travailleurs.
Deux dollars de l’heure de plus, ce n’est pas un cadeau qu’ont fait aux travailleurs les géants de la distribution alimentaire : c’est un montant qui aurait dû être ajouté depuis longtemps à leurs salaires. Rappelons que ces prolétaires, à chaque jour, effectuent un travail essentiel, que l’on soit en pandémie ou non. Le retrait de cette prime est un geste odieux qui doit être dénoncé par l’ensemble du prolétariat. Ce geste montre à quel point la classe capitaliste n’a aucune considération pour le bien-être humain. Les capitalistes qui possèdent les grandes entreprises et qui vivent de l’exploitation du peuple doivent être renversés pour que les prolétaires puissent prendre le contrôle de l’économie et répondre enfin à leurs propres besoins!