COVID-19 : Nouvelles attaques de Bombardier contre la classe ouvrière
Il y a quelques jours, le géant capitaliste québécois Bombardier a annoncé la suppression de 2 500 emplois au sein de sa « division aviation » en raison des impacts de la pandémie sur le secteur du transport aérien. Les licenciements toucheront principalement les activités manufacturières de l’entreprise, laquelle est en train de réajuster sa production en prévision d’une baisse d’environ 30% sur 12 mois des livraisons d’avions d’affaires (le type d’avions sur lequel se concentre désormais l’entreprise) dans l’ensemble de l’industrie. Selon ce qu’a annoncé la multinationale, la moitié des départs surviendront avant la fin du mois et les autres s’effectueront progressivement jusqu’à la fin de l’année 2020. C’est au Québec qu’on comptera le plus grand nombre d’ouvriers touchés avec 1 500 emplois perdus. Les autres licenciements auront lieu en Ontario (400), au Mexique (500), aux États-Unis (40) et ailleurs dans le monde (60). Au total, ces 2 500 postes supprimés représentent pas moins de 11% de l’effectif de la « division aviation » de la compagnie. Comme si ce n’était pas suffisant, l’entreprise a fait une nouvelle annonce révoltante le 11 juin dernier : elle sabrera également jusqu’à 600 postes à son usine de composantes aéronautiques de Belfast en Irlande du Nord, usine où travaillent environ 3 500 personnes. Par ailleurs, ces licenciements massifs surviennent au moment même où la multinationale mène une charge contre les 1 500 salariés de son usine d’équipement ferroviaire de Crespin en France. La direction de l’entreprise demande présentement aux ouvriers de cette usine de renoncer à une semaine de congé pour rattraper le temps « perdu » avec le confinement. Elle réclame également qu’ils remboursent une partie du salaire qu’ils ont perçu « en trop », suite à une erreur de l’entreprise, pendant cette période de fermeture (montant qui correspond au 16% de leur salaire habituel que l’entreprise ne veut pas leur accorder). En réponse à ces attaques, les ouvriers de l’usine de Crespin se sont mobilisés et ont bloqué le site pendant plusieurs jours, empêchant les camions d’y entrer. En somme, que ce soit en supprimant des emplois ou en exploitant davantage les ouvriers qui demeurent en poste, la multinationale Bombardier est en train de rejeter entièrement le fardeau de la pandémie sur le dos de la classe ouvrière des pays où elle opère – comme s’apprêtent d’ailleurs à le faire l’ensemble des grandes entreprises capitalistes. De cette façon, les grands actionnaires et les hauts dirigeants de la multinationale pourront continuer à s’enrichir pendant que les travailleurs, partout, se retrouveront en difficulté et s’appauvriront. Ces nouvelles attaques de Bombardier contre la classe ouvrière surviennent d’ailleurs trois semaines après qu’on ait appris que l’ex-président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, empochera une « indemnité de départ » de 17,4 millions de dollars après avoir été mis à la porte de l’entreprise. Ces annonces choquantes s’ajoutent également à une longue série de scandales et de coups portés aux ouvriers dans les dernières années, lesquels ont attisé la colère des prolétaires du Québec au fil du temps.
Les ouvriers du secteur de l’aéronautique durement touchés au Québec
À la fin du mois de mars dernier, dans la foulée de l’arrêt des activités « non-essentielles » ordonné par l’État bourgeois, Bombardier avait mis à pied 70% de ses employés au Canada, soit environ 12 400 personnes, dont 9 000 au Québec. C’est surtout la division aéronautique de l’entreprise qui avait été affectée par cette mesure, avec près de 11 000 travailleurs envoyés en congé forcé sans solde. Les milliers d’ouvriers touchés se retrouvaient donc obligés de recourir à l’assurance emploi (pour ceux qui y étaient admissibles) ou encore à la Prestation canadienne d’urgence (PCU), et de voir ainsi leurs revenus tomber à 55% – au mieux – de ce qu’ils étaient auparavant, et ce, en raison d’une situation dont ils n’étaient absolument pas responsables et en dépit du fait que Bombardier disposait de milliards de dollars en liquidités selon des analystes bourgeois (notamment à cause de la vente récente de sa participation dans l’A220 à Airbus et à l’État québécois). Ailleurs dans le monde, l’entreprise avait également mis ses activités de production sur pause. Les milliers d’ouvriers de l’usine irlandaise de Belfast ainsi que les salariés de l’usine française de Crespin avaient, par exemple, également été renvoyés à la maison. Puis, le 27 avril, dans la foulée du plan de relance économique du Québec, l’entreprise annonçait la reprise progressive de ses activités de production au Canada à partir du 11 mai. Près de 11 000 salariés allaient être rappelés au travail dans les semaines suivantes, dont une bonne partie au Québec. La compagnie annonçait également qu’elle allait se prévaloir de la subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), une mesure mise en place par le gouvernement fédéral pour aider le capital industriel à conserver un taux de profit suffisamment élevé malgré la pandémie en permettant aux capitalistes d’économiser sur le capital variable (la force de travail). Plus concrètement, cette mesure consistait à subventionner les entreprises à hauteur de 75% de la masse salariale versée aux travailleurs dont le lien d’emploi formel avec l’employeur était rétabli ou conservé. Dans la province, des ententes sont survenues entre l’Association Internationale des Machinistes et des Travailleurs et Travailleuses de l’Aérospatiale (AIMTA) Section locale 712 et la direction de l’entreprise pour que les mises à pied soient annulées et que les travailleurs qui avaient été renvoyés à la maison (ainsi que ceux n’étant pas encore retournés au travail) reçoivent rétroactivement un salaire spécial équivalent au montant de la subvention salariale, et ce, jusqu’au 6 juin pour les travailleurs demeurant en congé forcé.
Or, pour ces ouvriers toujours sans travail, le versement d’une partie de leur salaire par l’entreprise n’aura pas duré longtemps. La veille de l’échéance du 6 juin, Bombardier annonçait la suppression définitive de 2 500 emplois dans sa division aviation, dont 1 500 au Québec. Pour les ouvriers touchés et leurs représentants syndicaux, c’était la consternation. Le Syndicat des Machinistes avait demandé à l’entreprise de prolonger l’entente au-delà du 6 juin et l’avait invitée à continuer de se prévaloir de la Subvention salariale d’urgence pour ses travailleurs inactifs, ce qui aurait permis, selon le syndicat, d’éviter les suppressions d’emploi. Mais la direction de Bombardier n’a rien voulu entendre. À ce propos, David Chartrand, le coordonnateur québécois du Syndicat des Machinistes, a déclaré : « Nous sommes extrêmement déçus de voir que Bombardier refuse de rendre accessible le programme de SSUC à l’ensemble de ses travailleurs. Il aurait été préférable que l’avionneur fasse preuve d’une plus grande ouverture envers ses employés en ces temps difficiles. » En effet, Bombardier continuera de recourir à la subvention salariale d’urgence pour ses travailleurs actifs, mais l’entreprise a refusé de maintenir le lien d’emploi plus longtemps avec le reste de ses salariés. Du point de vue des propriétaires de l’entreprise, cela est parfaitement logique : continuer d’avoir recours à la subvention salariale pour les ouvriers qui demeurent en poste leur sera extrêmement profitable puisque cela signifie que la force de travail qu’ils exploitent sera payée à 75% par l’État canadien! En contrepartie, maintenir le lien d’emploi avec ses travailleurs inactifs et continuer à leur verser des salaires, même si cela ne lui coûte pas un sou, ne sert aucunement les intérêts de la multinationale, et ce, surtout si elle a pris la décision de réduire sa production dans les mois à venir. Un porte-parole de Bombardier, Mark Masluch, a d’ailleurs déclaré que les licenciements s’inscrivaient dans un ajustement à long terme. L’entreprise ne fait donc que se débarrasser des ouvriers dont elle n’a plus besoin pour faire du profit. Rappelons que la Subvention salariale d’urgence, malgré les apparences, n’est pas une mesure destinée à aider les prolétaires : il s’agit d’une mesure mise en place par l’État bourgeois pour aider le grand capital et subventionner le profit en assumant à la place des entreprises une grande partie du coût de leur force de travail. Rappelons également que sous le capitalisme, les prolétaires ne se font pas offrir des emplois par générosité et pour leur propre bien-être, mais uniquement pour permettre aux bourgeois qui possèdent les entreprises d’accumuler de la plus-value et de s’enrichir. La décision de Bombardier fait donc simplement nous rappeler que tant que la classe ouvrière ne sera pas propriétaire des moyens de production, le sort des ouvriers sera incertain et dépendra des aléas de la course aux profits dans laquelle les capitalistes sont inéluctablement engagés.
Le Syndicat des Machinistes affirme que 717 membres de sa section locale 712, qui bénéficient présentement de la Subvention salariale d’urgence, perdront leur emploi avec les réajustements annoncés par Bombardier. Du côté du syndicat Unifor, qui représente environ 2 500 ouvriers dans la division des avions d’affaires affectée par la restructuration, on affirme que 390 membres pourraient être touchés par les licenciements au terme de deux vagues de départs en septembre et en décembre. Pour la classe ouvrière de la province, c’est évidemment un coup dur. Il faut spécifier que la division des avions d’affaires occupe une place importante au Québec, où l’on y retrouve plus de 10 000 travailleurs. C’est dans la province que s’effectue l’assemblage des avions de la famille des Challenger et la finition du Global 7500, le jet privé sur lequel mise désormais Bombardier après avoir mis un terme à sa participation dans le secteur de l’aviation commerciale. Les usines de Dorval et de Saint-Laurent à Montréal seront durement touchées. Par ailleurs, les 1 500 emplois supprimés par Bombardier au Québec s’ajoutent aux près de 1 000 postes qui ont été abolis dans le secteur de l’aérospatiale de la province depuis le début de la pandémie. En effet, des compressions ont eu lieu au sein de plusieurs autres employeurs importants dans les dernières semaines : 347 emplois ont été supprimés chez Airbus, 343 chez Pratt & Whitney, 125 chez Héroux-Devtek, 50 chez Mitsubishi et 40 chez GE Aviation. Et ce ne pourrait être que le début. Selon Aéro Montréal, le « forum stratégique de concertation » de la « grappe aérospatiale du Québec », le secteur pourrait perdre jusqu’à 5 000 emplois d’ici la fin de l’année 2020. La PDG de cette organisation, Suzanne Benoît, a affirmé que l’industrie « va frapper le mur à l’automne » lorsque les entreprises vont arriver à terme de leur carnet de commandes et que l’impact de l’inactivité des derniers mois dans le secteur de l’aviation se fera pleinement sentir. Il faut comprendre qu’une panoplie de capitalistes sous-traitants et de fournisseurs dépendent des gros joueurs comme Bombardier et pourraient également être poussés à se départir d’une partie de leur force de travail. En somme, les attaques contre les ouvriers de la province sont loin d’être terminées.
Des agissements qui ont fait mousser la colère du peuple au fil des ans
Les licenciements qui viennent de survenir chez Bombardier s’ajoutent à une série d’attaques contre les travailleurs et de décisions scandaleuses prises par la direction de l’entreprise dans les dernières années. Les restructurations et les « cures minceur » se sont enchaînées à un rythme effréné dans la dernière décennie. Des milliers d’emplois ont été supprimés, ici et ailleurs dans le monde, alors que les subventions de l’État québécois pleuvaient et que les salaires des hauts dirigeants atteignaient des sommets. Avec ces agissements, la multinationale s’est attirée les foudres des prolétaires de la province. L’indignation des masses était devenue particulièrement forte au printemps 2017, quand les six plus hauts dirigeants de l’entreprise (dont Alain Bellemare et Pierre Beaudoin) se sont octroyé une hausse de salaire scandaleuse de 50% pour l’année précédente, faisant passer leur rémunération totale à plus de 40 millions de dollars, et ce, alors qu’ils venaient d’éliminer plus de 14 000 emplois et alors que les gouvernement fédéral et provincial venaient d’injecter plus de 1,6 milliard de dollars dans l’entreprise pour l’aider à surmonter ses difficultés. À l’époque, l’Association internationale des Machinistes et des Travailleurs et Travailleuses de l’Aérospatiale déplorait également que la multinationale en demandait « deux fois plus » à ses employés non syndiqués suite à la réduction de ses effectifs, exerçant une pression « insoutenable » sur ces travailleurs. Au cours du printemps 2017, des manifestations populaires rassemblant des centaines de prolétaires avaient eu lieu dans le centre-ville de Montréal devant le siège social de la multinationale et devant le bureau du premier ministre pour dénoncer les agissements des dirigeants de l’entreprise et leur rémunération scandaleuse. Puis, le 1er mai 2017, lors de la manifestation révolutionnaire organisée à Montréal à l’occasion de la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses, le contingent rouge communiste avait mené une action combative ciblant le siège social de Bombardier pour appuyer l’indignation du peuple devant les attaques de l’entreprise. Les communistes avaient alors affronté en pleine rue les agents anti-émeute qui avaient été déployés pour défendre la propriété de la multinationale contre les masses.
Depuis, les mesures anti-ouvrières et les scandales ont continué. En novembre 2018, Bombardier annonçait l’abolition de 5 000 emplois sur 12 à 18 mois, dont 2 500 au Québec et 500 en Ontario. Quelques jours après cette annonce, l’entreprise annonçait également la suppression de près de 500 postes dans ses installations en Irlande du Nord. Plus récemment, soit quelques semaines avant le début de l’état d’urgence sanitaire, Bombardier annonçait la liquidation d’une grande partie de ses actifs : notamment, elle cédait entièrement le programme CSeries à Airbus et à l’État capitaliste québécois, lequel l’avait lui-même financé à hauteur de 1,3 milliards de dollars à l’automne 2015 sous le gouvernement libéral de Philippe Couillard. Dans la foulée de cette transaction, l’État québécois avait dévalué de 600 millions de dollars cet investissement. Plus récemment, le premier ministre Legault a même admis que la somme initiale était entièrement perdue. En fait, on comprend qu’elle a surtout servi à favoriser la concentration du capital et à enrichir une poignée de parasites – un exemple particulièrement éloquent de la manière dont les grands monopoles utilisent le budget de l’État bourgeois pour piller les masses populaires à travers les impôts qu’elles sont forcées de lui verser. Puis, au milieu du mois de mai dernier, alors que les prolétaires subissaient de plein fouet les conséquences économiques de la pandémie et s’appauvrissaient, on apprenait que l’ancien PDG de Bombardier allait empocher jusqu’à 17,4 millions de dollars après avoir été mis à la porte de la direction de l’entreprise, dont une indemnité de départ de 10 millions, un « paiement spécial » de 4,9 millions pour la vente de la division ferroviaire de Bombardier à Alstom si celle-ci se concrétise ainsi qu’un montant de 2,7 millions pour les « unités d’action » accumulées pendant son mandat. Au total, pendant ses cinq ans à la tête de Bombardier, Alain Bellemare aura reçu un magot de 86 millions de dollars de la multinationale. Et rappelons que pendant ces cinq années passées à s’enrichir de manière éhontée, le PDG aura orchestré la suppression de plus d’une quinzaine de milliers d’emplois à travers le monde tout en bénéficiant de généreuses subventions accordées par l’État bourgeois québécois et canadien. Et c’est sans parler de la fortune de la famille Beaudoin-Bombardier, « l’actionnaire de contrôle » de la multinationale, évaluée en 2019 à près de 3 milliards de dollars…
Combattons la bourgeoisie monopoliste dans son ensemble!
Les attaques de Bombardier contre la classe ouvrière et les nombreux scandales entourant la multinationale ne doivent pas faire perdre de vue que c’est l’ensemble de la bourgeoisie monopoliste qui s’enrichit de manière infâme sur le dos des prolétaires et qui doit être combattue. Les agissements récents de l’entreprise doivent évidemment être dénoncés et la résistance des travailleurs aux attaques qu’ils subissent est entièrement légitime. Par ailleurs, l’indignation suscitée par les salaires faramineux que se sont versés les dirigeants de l’entreprise dans les dernières années, notamment les dizaines de millions accordés à Alain Bellemare, est tout à fait juste. Cela dit, il ne faut pas s’arrêter là. Rappelons que même des bourgeois ont dénoncé ces salaires élevés, lesquels ont notamment été critiqués par certains actionnaires de l’entreprise (ou encore par des organisations défendant leurs intérêts, comme la firme Glass Lewis) qui y ont vu un mauvais investissement au moment où la « performance financière » des dirigeants était remise en question. Des politiciens bourgeois et des représentants de l’État capitaliste ont également dénoncé la rémunération élevée des dirigeants de Bombardier, à la fois pour des raisons similaires (l’État bourgeois ayant lui même investi énormément d’argent dans l’entreprise), mais également pour surfer sur la colère des masses. Or, si les salaires d’Alain Bellemare et des autres dirigeants de l’entreprise ont fait les manchettes, aucun commentateur bourgeois ne s’est scandalisé des sommes d’argent immenses accumulées par tous les capitalistes « anonymes » qui se sont partagé la plus-value produite par les ouvriers de Bombardier au fil des années, ou encore des richesses incommensurables détenues par bien d’autres grands bourgeois au Québec. Cela est parfaitement compréhensible puisque l’existence de ces parasites richissimes (ainsi que leur manière de faire de l’argent) relève du fonctionnement normal du capitalisme! Dans le même ordre d’idées, le premier ministre du Québec François Legault a récemment pointé du doigt les « salaires odieux » des anciens dirigeants de Bombardier, mais il ne semble pas avoir de problème avec la rémunération du nouveau PDG de la multinationale (et ancien dirigeant d’Hydro-Québec) Éric Martel, rémunération qui a été établie au moment de son entrée en fonction à « seulement » 6,7 millions de dollars pour l’année 2020… Les bourgeois ne craignent pas l’hypocrisie : ils peuvent parfois s’accuser mutuellement d’avoir commis certains « excès » lorsque la concurrence qu’ils se livrent entre eux les poussent à le faire, mais jamais ils n’admettront le fait que l’ensemble de leur classe sociale s’enrichit en exploitant les prolétaires, puisque cette forme d’appropriation constitue le fondement du mode de production capitaliste.
En fait, la multinationale Bombardier n’est qu’un exemple parmi d’autres de grand monopole impérialiste ayant un poids immense sur la vie économique des pays et du monde. Sous le capitalisme, à notre époque, ce sont ces vastes entités qui détiennent les leviers de l’économie et qui déterminent les grandes orientations de la société. Les décisions prises par la poignée de grands bourgeois à la tête des monopoles (grands actionnaires, hauts dirigeants, etc.) pour servir leurs propres intérêts de classe affectent le sort de millions de prolétaires. La vie des travailleurs peut se trouver ruinée en un claquement de doigt si les intérêts du grand capital l’exigent. Mais les choses ne sont pas obligées de demeurer ainsi éternellement. C’est l’organisation actuelle de la société, produit de l’histoire et de l’activité humaine, qui permet aux grands capitalistes d’exister et d’exercer une telle domination sur les populations. Mais cette forme d’organisation sociale n’est qu’une forme transitoire à travers le développement historique des sociétés humaines. À présent, la classe ouvrière doit combattre pour amener la société vers une forme d’organisation supérieure : la propriété privée capitaliste doit être abolie et les monopoles, qui ont déjà un caractère social de par leur ampleur, de par les forces productives qu’ils concentrent et de par l’influence déterminante qu’ils ont sur des pays entiers, doivent devenir la propriété commune du peuple. Lorsque les moyens de production appartiendront collectivement à la classe ouvrière, les travailleurs ne seront plus à la merci des décisions d’une poignée de parasites qui ne visent qu’à s’enrichir toujours plus. Ils ne seront pas jetés à la rue comme de vulgaires outils dont on n’a plus besoin lorsque des réajustements économiques seront nécessaires : le travail sera un droit garanti et l’économie sera planifiée pour permettre à tous de conserver une occupation utile et enrichissante. Par exemple, si la fabrication de tel ou tel produit n’est plus utile, la chaîne de production de l’usine où avait lieu cette activité productive pourrait être reconfigurée rapidement pour répondre à de nouveaux besoins et pour que les travailleurs maintiennent leur occupation. Si ce n’est pas possible, les ouvriers seraient réaffectés sans tarder vers de nouveaux lieux de production, sans qu’ils n’aient à subir aucun désavantage et sans que leur situation matérielle ne se dégrade. C’est la planification économique par le prolétariat qui permettrait ce genre d’opérations. Sous le capitalisme, ce n’est malheureusement pas comme cela que les choses se passent : étant donné que ce sont les décisions privées des capitalistes qui priment, les ouvriers ne travaillent que lorsque les intérêts du capital l’exigent et doivent généralement se débrouiller par eux-mêmes lorsque leur employeur n’a plus besoin d’eux. Les récents licenciements chez Bombardier en sont un bon exemple. La colère et l’indignation que ces attaques suscitent sont parfaitement légitimes. Il faut appuyer tous les combats prolétariens spécifiquement dirigés contre la multinationale, comme celui que mènent présentement les ouvriers de l’usine de Crespin en France. Mais plus encore : les attaques récentes de Bombardier doivent renforcer la volonté d’organiser, partout et dans chaque pays, des réseaux et des organisations d’ouvriers révolutionnaires œuvrant à renverser la classe bourgeoise et à mettre en place le socialisme!