COVID-19 : Des milliers de travailleurs envoyés à l’abattoir pour permettre la relance économique
Dans les principaux pays impérialistes, le nouveau coronavirus a déjà tué des dizaines de milliers de personnes et affecté la santé de centaines de milliers d’autres. En Europe et en Amérique du Nord, ce sont près de 200 000 personnes qui ont officiellement été emportées par le virus jusqu’à maintenant. Pourtant, malgré ce bilan déjà terrible, la vraie catastrophe sanitaire a encore été évitée. Grâce aux mesures de confinement adoptées in extremis par les différents États capitalistes, seulement une infime fraction de la population a été infectée par le virus – ce qui donne une idée des ravages que la pandémie a encore le potentiel de causer. Mais déjà, les États bourgeois sont en train de tout mettre en œuvre pour relancer leur économie nationale et mettre fin aux mesures de confinement. Alors qu’il était encore possible de limiter les dégâts – malgré la réponse tardive et déficiente des gouvernements pour faire face à la pandémie –, la bourgeoisie conduit à nouveau les masses populaires tout droit vers le cataclysme. Au nom du profit capitaliste, des centaines de milliers de travailleurs sont envoyés à l’abattoir.
Les classes dominantes ont lancé une offensive propagandiste de grande ampleur pour faire accepter aux populations le virage à 180 degrés opéré par les gouvernements et pour convaincre les prolétaires que la fin du confinement est souhaitable et sécuritaire. Au Québec, cette offensive, qui avait déjà commencé depuis un moment, s’est intensifiée dans les derniers jours. La semaine dernière, le gouvernement Legault a annoncé que l’atteinte de « l’immunité collective naturelle » constituait désormais un objectif de santé publique impératif et une nécessité nationale. En gros, cela signifiait que le gouvernement allait mettre fin au confinement pour qu’environ 70% de la population de la province soit infectée par le virus. La stratégie de « l’immunité naturelle » avait pourtant été dénoncée par de nombreux épidémiologistes à la mi-mars lorsque le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, avait annoncé vouloir y recourir. On se référait alors à des travaux scientifiques publiés par l’Imperial College de Londres, travaux qui indiquaient que le virus allait entraîner 510 000 morts dans ce pays et plus de deux millions aux États-Unis en l’absence de mesures de confinement. Au Québec, si on fait le calcul, on parle donc de plusieurs dizaines de milliers de morts avec l’adoption de la stratégie de « l’immunité naturelle collective ».
L’identification de cet objectif par le premier ministre Legault a marqué un changement important dans son discours. Le gouvernement, qui avait jusque-là insisté sur la dangerosité extrême du virus et qui ne cessait d’exhorter les gens à demeurer confinés chez eux, demandait désormais ouvertement à la population de sortir et de s’infecter! Le paravent derrière lequel se cachaient les intérêts capitalistes, soit celui de la santé publique et de la défense du « bien-être général », était maintenant profondément fissuré. Bien que « l’autorité morale » du gouvernement avait été considérablement ternie avec le fiasco dans les CHSLD, ce paravent permettait encore au gouvernement de prétendre agir au nom de la santé de la population. Ce sera maintenant de plus en plus difficile pour lui. Bien que les autorités de la province aient tenté de corriger le tir cette semaine en abandonnant officiellement l’objectif de l’immunité collective – tout en conservant exactement le même programme de réouverture de l’économie –, les masques sont tombés. Malgré sa façon « chaleureuse » de s’exprimer et ses allusions sympathiques à la fée des dents, François Legault, comme tout politicien bourgeois, n’est en fait animé par rien d’autre que le froid intérêt, le calcul égoïste ainsi que les exigences brutales de la concurrence économique.
En fait, le changement dans le discours du gouvernement du Québec coïncidait avec le début d’une nouvelle phase dans le jeu de la concurrence inter-impérialiste, jeu auquel participe la bourgeoisie québécoise et qui configure la crise actuelle depuis le début. Alors que les différents États capitalistes avaient implicitement convenu d’une trêve à la mi-mars pour adopter des mesures défensives contre le virus, la pression pour relancer les économies nationales se fait maintenant sentir de toutes parts. Les États et les monopoles nationaux, en compétition les uns avec les autres, sont désormais engagés dans une course pour la réouverture des entreprises et pour l’accaparement des marchés. Chaque bourgeoisie nationale lutte pour ne pas accuser de retard sur ses adversaires et pour ne pas se retrouver « décalée » par rapport aux autres. En dépit des conséquences sanitaires extrêmement graves qui vont nécessairement accompagner la fin des mesures de confinement, les gouvernements capitalistes, sans aucune considération pour la vie humaine, font pression pour que les prolétaires retournent au travail. Alors que la phase précédente de la crise avait été marquée par la lutte pour empêcher le virus de se propager et pour limiter les dommages causés par la pandémie, la nouvelle phase qui s’amorce sera marquée par une accélération de la contagion et par le sacrifice d’un grand nombre de travailleurs. En d’autres mots, on s’apprête à assister, dans les prochaines semaines et les prochains mois, à des pertes humaines considérables au sein des classes populaires du monde.
Le virage à 180 degrés du gouvernement Legault reflète les intérêts des capitalistes québécois : relancer la machine à profit, peu importe les conséquences sur la santé de la population
Le gouvernement du Québec avait déjà ordonné il y a deux semaines le relance de la construction résidentielle ainsi que de certains autres secteurs de l’économie. Avec l’annonce, le 27 et le 28 avril 2020, d’un plan de relance économique et d’un calendrier prévoyant la réouverture des garderies, des écoles primaires et des entreprises au mois de mai, il ne fait désormais plus aucun doute que la gestion de la crise par l’État québécois est entrée dans une nouvelle étape. Le gouvernement est maintenant devant un casse-tête difficile : il doit convaincre la population que la situation est sous contrôle, qu’il n’y a pas de risque à renvoyer les enfants à l’école et qu’il n’y en a pas non plus à retourner travailler. En d’autres mots, il doit appeler l’ensemble de la population à faire exactement le contraire de ce qui lui avait été ordonné dans les dernières semaines, c’est-à-dire rester à la maison et éviter les contacts avec d’autres personnes. Pour le gouvernement, ce n’est pas une tâche facile à accomplir, puisque ce qui était auparavant demandé à la population découlait d’une évidence : l’épidémie n’était pas contrôlée et le virus était dangereux. Et la vérité, c’est qu’à l’aube du retour au travail, le danger ne s’est pas estompé le moindrement. En fait, il est même plus grand qu’avant encore puisqu’il y a maintenant bien plus de gens infectés dans la population! Alors qu’il y a quelques jours seulement, le premier ministre martelait qu’il ne fallait sortir de chez soi qu’en cas de dernière nécessité et que ceux qui ne respectaient pas les consignes allaient avoir des morts sur la conscience, il affirme maintenant qu’il faut se « déprogrammer » et reprendre peu à peu la vie normale!
Ce revirement complet suscite bien sûr de l’incompréhension et de la stupéfaction parmi les masses populaires. Pour beaucoup de prolétaires, les nouvelles directives provoquent aussi de la colère – une colère tout à fait légitime. Mais en fait, si l’on ne s’est pas laissé berner par la propagande gouvernementale des dernières semaines, ce qui arrive présentement est simple à comprendre. Contrairement aux apparences, la pause économique et les mesures de confinement mises en place au mois de mars n’avaient pas comme objectif fondamental de protéger la population. En fait, elles ne servaient à rien d’autre qu’à empêcher une catastrophe économique de grande ampleur et à protéger le capitalisme national. Il s’agissait, pour chaque État capitaliste, d’empêcher qu’il y ait trop de morts et trop de malades d’un seul coup, ce qui aurait causé un choc immense à l’économie nationale. Mais surtout, chaque État bourgeois cherchait à éviter d’être le seul à subir les conséquences sanitaires de la pandémie. Ainsi, tous les gouvernements d’Europe et d’Amérique du Nord ont appliqué à peu près le même programme, à peu près en même temps. Le Québec et le Canada n’ont pas fait exception à la règle. Les mesures de confinement ne sont d’ailleurs venues qu’au dernier instant, d’une manière purement défensive, lorsque les différentes bourgeoisies nationales ont conclu une entente tacite pour faire une pause momentanée (alors qu’une réponse motivée par la nécessité de protéger la population – une réponse socialiste – serait survenue beaucoup plus rapidement et aurait eu un caractère offensif). Maintenant que certains États commencent à relancer leur économie et à mettre fin au confinement, tous les autres doivent suivre pour ne pas se laisser dépasser dans la lutte économique. Le résultat de tout cela, c’est que les masses sont désormais poussées vers le précipice. À l’échelle de l’histoire de l’humanité, il s’agit d’une aberration complète. Dans plusieurs décennies, il apparaîtra évident que l’adoption, par les différents gouvernements bourgeois, du programme de relance économique actuel constituait un acte de barbarie sans nom.
Comme partout ailleurs, ce n’est rien d’autre que le profit qui motive le choix du gouvernement du Québec de rouvrir les écoles et les entreprises. Le gouvernement tente de le cacher en invoquant toutes sortes de prétextes farfelus, incohérents et insensés : détérioration imaginaire de la « santé mentale », violence conjugale, enfants battus, enfants pauvres privés des petits déjeuners qui leur étaient fournis à l’école, etc. À entendre parler le premier ministre Legault et le directeur de la santé publique Horacio Arruda, il y aurait tellement de femmes et d’enfants battus au Québec (et en plus, c’est le confinement qui serait responsable de cela) que cela justifierait de jouer à la roulette russe avec la santé de millions de personnes et de sacrifier la vie de dizaines de milliers de prolétaires! Car c’est bien de cela qu’il s’agit : avec la reprise de l’activité économique, le gouvernement envoie des masses de travailleurs et ainsi que leurs enfants se faire contaminer par l’un virus les plus dangereux (et dont les conséquences sur la santé humaine sont les moins bien comprises) à s’être propagés au pays dans l’histoire récente. En somme, il s’agit probablement de l’une des décisions les plus criminelles à avoir été prise par un gouvernement au Québec. L’infection d’une large fraction de la population était d’ailleurs l’objectif avoué du gouvernement il y a quelques jours à peine, avant qu’il ne fasse volte-face et n’abandonne la stratégie de « l’immunité naturelle » après s’être fait critiquer par les autorités fédérales (lesquelles ne trouvaient pas ce prétexte assez subtil à leur goût). Le gouvernement Legault a maintenant changé de justification, mais ses actions concrètes – et le résultat qu’elles vont avoir – demeurent exactement les mêmes. Cela dit, le fait que le premier ministre du Québec se soit contredit de manière aussi importante et en si peu de temps montre bien l’ampleur de ses mensonges. Répétons-le : c’est uniquement pour relancer l’accumulation de profits que le gouvernement a ordonné la réouverture de l’économie. D’ailleurs, la réouverture des écoles, qui a été synchronisée avec celles des commerces et des usines, n’a absolument rien à voir avec un quelconque souci d’assurer l’apprentissage des enfants (on peut d’ailleurs se demander quel genre d’apprentissage il sera possible de leur faire faire dans les conditions actuelles), mais tout à voir avec la nécessité de permettre aux prolétaires qui ont des enfants d’aller travailler. C’est d’ailleurs pourquoi les écoles secondaires restent fermées – les adolescents étant capables de rester seuls à la maison pendant que leurs parents sont à l’usine. Concernant les femmes et les enfants battus, le gouvernement dépeint les familles prolétariennes comme une sorte de caricature féodale et moyenâgeuse où la violence et les abus sont la norme. De la violence conjugale, il y en a au Québec, mais cela n’a absolument rien à voir avec la pandémie actuelle et surtout, cela ne concerne pas la majorité de la société. Le gouvernement se moque tout simplement des prolétaires lorsqu’il invoque cette raison pour justifier une décision qui va mettre en danger la santé et la vie de l’ensemble des travailleurs. Concernant la préoccupation soudaine de l’État bourgeois pour la « santé mentale », il s’agit évidemment d’une insulte à l’intelligence. Ce qui compte, ce n’est pas la « santé » de la conscience ou encore de « l’âme » : ce qui compte, c’est la santé réelle, la santé physique! Personne ne meure du simple fait de rester à la maison. Personne n’en subit de séquelles objectives. Par contre, bien des gens vont mourir ou être gravement malades après avoir contracté la COVID-19 en raison des décisions complètement insensées de l’État bourgeois.
L’objectif de « l’immunité collective naturelle » : l’étendard d’un programme réactionnaire à combattre sans restriction
De toutes les inepties avancées par le gouvernement du Québec pour justifier la relance économique et la fin du confinement, l’adoption de la stratégie de « l’immunité collective naturelle » était la plus révoltante. La logique derrière cette stratégie est la suivante : en l’absence d’un vaccin, nous n’avons pas d’autre choix que de laisser le virus contaminer près de 70% de la population pour que la propagation de celui-ci ne s’arrête et que la société puisse se remettre à fonctionner normalement. La stratégie prônée par le gouvernement du Québec consistait même à prendre en charge et à planifier la contamination de la population en commençant d’abord par les enfants! Le fait que le gouvernement ait défendu sérieusement une telle chose devrait éliminer tous les doutes qui pourraient subsister dans la tête des prolétaires sur les objectifs que poursuivent réellement les autorités bourgeoises présentement (ainsi que sur la nature réelle de l’État bourgeois, dont le caractère anti-populaire et réactionnaire a rarement été aussi clair). À entendre parler les défenseurs de la stratégie de « l’immunité collective naturelle », c’est à se demander pourquoi l’humanité a pris la peine d’inventer les vaccins au cours de son histoire, alors qu’il était pourtant si simple de laisser les virus se répandre dans les populations pour y développer l’immunité collective… et faire des millions de morts! Il faudra se souvenir longtemps de ceux qui, comme Horacio Arruda, Gaétan Barrette ou encore l’Association des pédiatres du Québec (!), ont défendu publiquement cette mesure tout droit sortie du musée des horreurs.
La manœuvre de l’exécutif gouvernemental québécois était tellement grossière qu’elle a provoqué la réaction directe du premier ministre fédéral Justin Trudeau. Dénonçant sans réserves l’objectif de « l’immunité collective naturelle », Trudeau a clairement affirmé que ce n’était pas la marche à suivre pour les prochains mois, contredisant les déclarations faites par le premier ministre québécois quelques heures plus tôt. Comment expliquer cette apparente contradiction entre le gouvernement du Québec et celui du Canada? La réponse est simple : Trudeau est simplement un meilleur tacticien et un manipulateur plus habile que Legault en ce moment. Ayant compris que demander ouvertement à la population de s’infecter n’était pas le meilleur moyen d’assurer son obéissance (et que cela risquait plutôt d’attiser la colère des masses), Trudeau a opté pour une autre méthode. Placé devant les mêmes nécessités que le gouvernement du Québec et ayant la même volonté de relancer l’économie capitaliste que lui, il a choisi de le faire en utilisant d’autres arguments. De toute façon, dans le pire des cas, le gouvernement fédéral sait qu’il pourra employer la manière forte : la fin de l’aide gouvernementale aux travailleurs, la pression économique et, en dernier recours, l’utilisation de méthodes répressives. Cela dit, la pression était tellement grande que François Legault a été obligé d’abandonner ouvertement le concept dans sa conférence de presse du 27 avril et de se rabattre sur les « raisons sociales » de la réouverture. Le discours du premier ministre québécois est désormais au diapason de celui du gouvernement fédéral. Mais malgré ce changement dans le discours, les décisions concrètes prises par le gouvernement du Québec sont exactement les mêmes qu’elles ne l’auraient été si le gouvernement avait continué d’utiliser le concept de « l’immunité naturelle collective ». Cela montre non seulement que les nouveaux prétextes mis de l’avant ne valent rien, mais aussi qu’il n’y avait pas de contradiction fondamentale entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral.
Outre le premier ministre Trudeau, plusieurs spécialistes bourgeois, comme la Dre Caroline Quach-Thanh et le Dr Howard Njoo , ont dénoncé publiquement la stratégie de « l’immunité naturelle collective », affirmant que la science n’avait pas encore démontré que les anticorps que l’on développe après avoir contracté le virus étaient réellement protecteurs, ni combien de temps pouvait durer cette protection hypothétique. Ces arguments, bien qu’ils soient vrais, sont beaucoup trop conciliants envers le programme réactionnaire de la bourgeoisie. Même si l’on démontrait que les anticorps développés par le corps humain après avoir été infecté par le virus procurent une immunité durable, le programme visant à exposer délibérément la population aux dangers de la COVID-19 ne serait pas moins criminel pour autant! Ainsi, les événements récents démontrent que malgré toutes les connaissances qu’ils possèdent, les scientifiques, les docteurs et les spécialistes bourgeois, lorsqu’ils s’écartent de leur domaine pour se prononcer sur la société, parviennent difficilement à dire autre chose que ce qui correspond aux intérêts et aux objectifs des classes dominantes. Inversement, on voit que la camp de la révolution doit se saisir fermement de toutes les sciences et de toutes les connaissances qu’elles recèlent, sans quoi les révolutionnaires risquent d’être aveuglés par les discours bourgeois ayant un vernis « scientifique ».
Plus encore, l’épisode de « l’immunité collective naturelle » démontre qu’il y a beaucoup de « sciences sociales » dans l’épidémiologie (puisqu’il y a beaucoup de dimensions sociales au phénomène étudié), ce qui, dans les conditions actuelles, signifie que les épidémiologistes auront tendance à résoudre les problèmes sur lesquels ils travaillent en répondant aux intérêts de la classe sociale dominante, la classe capitaliste. Les notions de « distanciation sociale », de « transmission communautaire », « d’aplanissement de la courbe » ou encore de « non-saturation du réseau de la santé », sont des notions qui ont été développées dans les centres de recherches, les facultés universitaires et les organisations internationales suite aux expériences d’épidémies importantes (par exemple celle du SRAS) au début des années 2000. Elles proviennent des bilans et des conclusions générales tirées de ces expériences. Ce qui a été au cœur des réflexions dont ces notions sont issues, c’est la question suivante : comment faire, en cas de pandémie, pour parvenir à maintenir la société telle qu’elle existe aujourd’hui, c’est-à-dire la société bourgeoise? Le concept de « l’immunité collective naturelle » est l’une de ces notions. Il s’agit donc d’un élément parcellaire d’un programme bien plus large qui vise à assurer la reproduction de la société capitaliste – société au cœur de laquelle se trouve la contradiction entre le Capital et le Travail (ce qui signifie, dans la situation actuelle, entre les profits et la santé des travailleurs). Si l’application de ce programme a permis, dans un premier temps, de protéger réellement la santé d’une grande partie de la population, elle conduit désormais au sacrifice de milliers de prolétaires pour assurer la relance économique à tout prix.
Les dangers de la pandémie sont loin d’être derrière nous. La véritable catastrophe est encore à venir. L’objectif désormais poursuivi par la santé publique est clair : étaler les morts dans le temps et empêcher qu’ils ne surviennent d’un coup. Au bout du compte, si ce but est atteint, il y aura eu à peu près le même nombre de décès, mais le capitalisme n’aura pas été « trop » déstabilisé. Mais même cet objectif, déjà ultra-réactionnaire en soi, pourrait ne pas être réalisé. En effet, rien ne garantit que la fin du confinement et la reprise de l’activité économique ne va pas provoquer une deuxième vague de contagion encore plus fulgurante et dévastatrice que la première. Rappelons-le une fois pour toutes : ce ne sont pas des considérations d’ordre sanitaire qui dictent les décisions récentes des gouvernements. Ce qui dicte ces décisions, c’est uniquement la nécessité, pour les différents États bourgeois qui se font concurrence, de relancer l’accumulation de profits. Dans cette lutte économique implacable, chaque adversaire forcera les autres à avancer encore plus vite vers le désastre et à mettre la vie d’un nombre encore plus grand de prolétaires en péril.