Saputo : un capitaliste comme les autres
Dernièrement, les liens allégués entre l’entreprise Saputo et le crime organisé ont fait grand bruit dans les médias bourgeois. Tout a commencé le 16 janvier dernier lorsque l’émission Enquête de Radio-Canada a consacré un épisode aux relations personnelles et d’affaires qu’aurait entretenu Lino Saputo (fondateur de l’entreprise du même nom) avec des membres du crime organisé, nommément les membres de la puissante famille mafieuse américaine Bonanno. Plus encore, on y révélait que Saputo aurait côtoyé des membres du non moins puissant clan montréalais Rizzuto. Mais ce qui fait surtout scandale dans la presse bourgeoise, c’est que malgré le doute qu’on laissait planer depuis longtemps, Lino Saputo a été décoré à de nombreuses reprises par les États canadien et québécois.
Encore une fois, les médias bourgeois jubilent devant des distractions secondaires. En effet, le vrai scandale ici, ce n’est pas que Lino Saputo ait été décoré malgré ses liens allégués avec le crime organisé, mais bien qu’il l’ait été pour ses réalisations à titre d’homme d’affaire. Saputo, mafieux ou pas, n’est qu’un capitaliste parmi d’autres, capitaliste qui a passé sa vie à exploiter le prolétariat pour son propre enrichissement. Nous devrions être tout autant scandalisés devant le succès des dirigeants de SNC Lavalin, de Bombadier et de tant d’entreprises qui multiplient les pots-de-vin versés à des politiciens corrompus, voire même des dictateurs. Ces compagnies n’existent et ne se reproduisent qu’en exploitant les travailleurs d’ici et d’ailleurs. En somme, les enveloppes brunes sont monnaie courante dans le fonctionnement normal de la politique bourgeoise.
Sous la gouverne de son fondateur, l’entreprise Saputo est devenue l’un des dix plus grands transformateurs laitiers du monde avec un chiffre d’affaires annuel de 13,5 milliards. Durant les années 1990 et 2000, la multinationale a fait l’acquisition de plusieurs sociétés dont les compagnies monstres que sont Stella Foods, Culinar, Cayer-JCB, Dairyworld Foods, Molfino Hermanos, Neilson Dairy, etc. Aujourd’hui, Saputo, c’est plus de 65 usines et près de 17 000 employés au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. La croissance de Saputo a permis à son dirigeant, Lino Saputo, de se hisser au premier rang des Québécois les plus riches. Selon le magazine Forbes, sa fortune est estimée à 5 milliards.
En date du 31 mars 2018, selon les documents de l’entreprise, le Secteur Canada de la compagnie comptait environ 5 400 employés dont 32% syndiqués. Le Secteur USA, quant à lui, comptait environ 6 100 employés dont 29% syndiqués. Finalement, le Secteur International de la société comptait environ 1 700 employés (soit 1 000 en Argentine et la balance en Australie) dont 72% syndiqués. L’ascension et la notoriété de Lino Saputo sont tributaires du vol de la force de travail de ces milliers de travailleurs répartis dans les différentes installations de l’entreprise à travers le monde.
La bourgeoisie souhaite tant bien que mal entretenir l’illusion qu’il est à la portée de tous ceux qui le veulent de monter l’échelle sociale, de partir de rien, du fond d’un petit village de la Sicile, et de se rendre outre-mer pour y devenir, à force de vision et de persévérance, l’homme le plus riche. La bourgeoisie peut défendre l’indéfendable, soit l’exploitation, dans la mesure où le tableau n’est pas noirci par l’activité criminelle dévoilée. Dans ce cadre, Saputo peut bien ruiner les conditions de vie de milliers d’ouvriers un peu partout tant que les apparences sont sauvées. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait au cours de sa carrière, entre autres en fermant trois installations dans l’est du Canada, mettant ainsi à pied plus de 230 travailleurs dans le seul but d’améliorer son « efficacité opérationnelle ». Les propos du député de la formation politique Québec Solidaire Gabriel Nadeau-Dubois sont on ne peut plus clairs. Il affirme qu’il n’a aucun problème à ce qu’on « félicite des hommes d’affaires, mais si c’est une fortune qui a été accumulée en s’acoquinant avec le crime organisé, il faut faire des vérifications, et si ça se confirme, il faut lui retirer l’Ordre national du Québec. » Autrement dit, les fortunes accumulées sur le dos des masses, tant que les mafieux n’ont rien à y voir, on s’en félicite (!).
Aussi, les représentants de la bourgeoisie siégeant à l’Assemblée nationale ou au Parlement doivent entretenir d’importantes relations d’affaires avec les capitalistes tout en ayant l’air soucieux de la justice et en se disant impartiaux dans le traitement des « citoyens ». Leur crédibilité en dépend. Mais tout le monde sait que ce n’est que de la frime. Ce sont très souvent les multinationales qui fournissent les politiciens qui se prêtent au cirque électoral et qui s’agitent comme des marionnettes sur la colline parlementaire de Québec ou d’Ottawa, à la Maison blanche à Washington, etc. Pour n’en nommer que quelques uns, pensons à Trump, Mulroney, Bourassa et Legault. Inversement les ex-membres des partis bourgeois trouvent souvent refuge dans ces multinationales. Jean Charest ou encore Peter MacKay en sont de bons exemples. Ce n’est donc pas demain la veille que les institutions bourgeoises cesseront de glorifier les riches exploiteurs… tant et aussi longtemps que ceux-ci n’auront pas de relations médiatisées avec la pègre.
Les capitalistes du monde entier forment une fraternité de criminels!
Combattons tous les capitalistes sans exception!
La légalité bourgeoise protège le crime qu’est l’exploitation capitaliste!
Luttons pour renverser la bourgeoisie, un classe entièrement crapuleuse!