Molson Coors brasse des milliards sur le dos des prolétaires

Il y a quelques semaines, la multinationale Molson Coors annonçait son intention de restructurer l’ensemble de ses activités. Du même coup, le géant de la bière annonçait le licenciement de 400 à 500 travailleurs et travailleuses dans ses installations partout à travers le monde. Cette stratégie adoptée par Molson Coors met de nouveau en lumière les contradictions qui traversent le capitalisme partout dans le monde et en particulier en Amérique du Nord.

C’est le déclin des ventes de bière qui sert de prétexte à Molson Coors pour justifier les renvois de travailleurs et de travailleuses. Or, s’il est vrai que la multinationale a récemment vu ses ventes de bière diminuer, ce sont d’abord et avant tout les contradictions réelles du capitalisme et l’avidité des actionnaires de l’entreprise qui expliquent que des travailleurs et des travailleuses soient ainsi jetés à la rue. En effet, la richesse des capitalistes se crée en exploitant au maximum le prolétariat. Molson Coors, comme toutes les autres entreprises capitalistes, est un monstre qui se nourrit de l’exploitation des ouvriers et des ouvrières qu’il emploie. Quand les affaires vont bien pour les bourgeois, les prolétaires réussissent à vendre leur force de travail et à se faire embaucher par les propriétaires des moyens de production. Mais dès que les profits baissent, dès que les actionnaires sont insatisfaits des rendements, les capitalistes n’hésitent pas à se débarrasser impitoyablement de leurs employés.

Si on s’arrête aux derniers résultats trimestriels rendus publics par Molson Coors, on constate que le brasseur a perdu 402,9 millions de dollars. De plus, si on s’intéresse aux ventes nettes annuelles, on constate que ces dernières ont totalisé 2,84 milliards de dollars, c’est-à-dire qu’elles ont été en baisse par rapport aux 2,93 milliards de dollars engrangés l’année précédente. Cela dit, l’élément central qui a impulsé la restructuration chez Molson Coors est la baisse de la valeur des actions de l’entreprise. On retrouve une preuve éloquente de la rapacité et du caractère parasitaire des capitalistes lorsque l’entreprise souligne dans son rapport annuel qu’elle cherche constamment à « améliorer son chiffre d’affaires » afin « d’accroître les dividendes trimestriels » (lesquels avaient augmenté de 39 pour cent au premier trimestre de l’année 2019). Autrement dit, le capital cherche à valoriser au maximum son investissement quitte à le faire payer au prolétariat.

À court terme, ce que Molson Coors cherche à générer, ce sont des économies annuelles que l’entreprise estime à 150 millions de dollars. Par ailleurs, le PDG de l’entreprise, Gavin Hattersley, a promis de réinvestir ces économies dans les secteurs les plus importants de son activité, notamment dans l’innovation et dans la mise en marché de nouveaux produits. Toutefois, à court terme, la restructuration pourrait coûter à Molson Coors jusqu’à 180 millions en indemnités de licenciement. Notons que ce sont plus de 800 emplois à temps plein que la multinationale a supprimé depuis septembre dernier, c’est-à-dire au moment où elle annonçait la suppression de 350 emplois afin de réduire ses coûts pour pallier aux baisses des ventes. Au total, Molson Coors aura réduit la taille de son effectif mondial d’environ 5% au cours des 15 derniers mois.

On peut également souligner que le secteur de la bière aux États-Unis emploie directement 70 000 travailleurs et travailleuses, auxquels il faut ajouter plus de 437 000 emplois auxiliaires ainsi que 912 000 emplois dans le commerce de détail. Au total, le secteur de la bière génère donc environ 2,1 millions d’emplois.

Même si l’actualité met en lumière les licenciements annoncés par Molson Coors, il n’en demeure pas moins que la multinationale est loin d’être la seule entreprise brassicole à avoir effectué d’importantes réductions de personnel au cours des dernières années. Par exemple, une autre entreprise multinationale du domaine de la bière, Anheuser-Busch, a elle aussi éliminé plus de 400 emplois depuis la fin de 2017. De même, Heineken USA a réduit de 15% ses effectifs plus tôt cette année. Plusieurs autres brasseurs ont annoncé des réductions dans leurs effectifs au cours des 24 derniers mois.

On constate qu’à peu près toutes les entreprises brassicoles ont attribué hypocritement ces vagues de licenciements à deux causes principales. La première cause qui expliquerait la réduction des effectifs de travailleurs et de travailleuses serait l’augmentation du coût de l’aluminium, laquelle aurait entraîné la suppression de plus de 40 000 emplois. La seconde cause, quant à elle, serait liée aux changements dans les goûts des consommateurs et à la faiblesse des ventes.

En réalité, l’ensemble des travailleurs et des travailleuses doivent s’unir autour d’un même constat, à savoir que les grands monopoles du monde de la bière sont de fieffés menteurs et que tous les facteurs qu’ils invoquent jouent un rôle secondaire dans la situation présente. Le réel problème, c’est le capitalisme qui, de manière générale, est un système déclinant. Dans le cas particulier de l’industrie de la bière, soulignons que malgré la diminution des ventes, les entreprises engrangent néanmoins chaque année des bénéfices par millions. Comment expliquer que des entreprises qui génèrent des profits faramineux en viennent à mettre des travailleurs et des travailleuses à la rue, sinon que par l’avidité des actionnaires qui cherchent à tout prix et par tous les moyens à maximiser le plus rapidement possible leurs investissements – soit d’abord en exploitant les travailleurs et les travailleuses et, ensuite, en s’en débarrassant lorsque surgit un cycle économique moins profitable? Tant que ce seront les capitalistes qui détiendront les principaux leviers de l’activité politique, économique et sociale, alors il faudra s’attendre à d’autres pertes d’emplois. Le seul moyen d’assurer aux milliers de travailleurs et de travailleuses de l’industrie de la bière des conditions de vie et de travail qui soient dignes est de lutter pour le socialisme, c’est-à-dire de lutter pour que le contrôle des moyens de production soit un jour entre les mains du prolétariat.

Lutter pour le socialisme, c’est lutter contre l’exploitation capitaliste et pour l’intérêt de l’ensemble des travailleurs et des travailleuses!