Des millions de travailleurs boycottent les élections bourgeoises et appuient le programme de la révolution!

Cet automne, les prolétaires et les ouvriers canadiens se trouvent à nouveau contraints d’assister à la vaste mascarade que constituent, à notre époque, les campagnes électorales bourgeoises. En effet, la 43e campagne électorale fédérale s’est finalement mise en branle le 11 septembre dernier avec la dissolution du Parlement. La campagne qui a cours présentement, comme toutes celles qui ont eu lieu dans l’histoire de ce pays, prend la forme d’une compétition entre des partis politiques prétendant défendre des points de vue fondamentalement opposés, mais qui, malgré quelques différences mineures et secondaires, représentent tous les intérêts de la même classe sociale réactionnaire – à savoir les intérêts de la grande bourgeoisie canadienne.

Pour les communistes révolutionnaires, une chose est certaine : le résultat des élections fédérales ne débouchera sur aucun changement significatif. La démocratie bourgeoise est une fausse démocratie : elle est une démocratie pour les riches, pour la minorité de parasites vivant de l’exploitation de la majorité. Sous le capitalisme, les élections permettent d’assurer le maintien de la domination de la grande bourgeoisie, tout en donnant l’illusion que c’est le peuple qui décide, d’une élection à l’autre, des grandes orientations que prend la société. Or, comme l’ont révélé les analyses pénétrantes de Karl Marx et de Friedrich Engels il y a déjà plus de 150 ans, les institutions politiques d’une société ne sont que le reflet de sa vie économique. Dans une société divisée en classes sociales, c’est la classe composée des détenteurs des moyens de production qui dirige, peu importe le régime politique en place, qu’il s’agisse d’une « démocratie » ou d’une dictature ouverte. Dans la société capitaliste, l’État et le parlement (et par extension les élections) ne sont donc rien d’autre que des instruments au service de la grande bourgeoisie : c’est pourquoi le seul mot d’ordre révolutionnaire à mettre de l’avant est celui de boycotter les élections bourgeoises et toutes les institutions politiques de la bourgeoisie.

Les campagnes électorales bourgeoises à une époque où la seule tâche historique restante est l’établissement du socialisme

Le Canada, tel qu’il existe depuis la Confédération de 1867, n’a jamais subit de transformation majeure : la classe sociale qui détient le pouvoir ainsi que le mode de production en vigueur – le mode de production capitaliste – sont demeurés les mêmes. Surtout, jamais une élection n’a apporté un changement quelconque dans la structure de la société canadienne. Permettre des transformations sociales importantes à travers les élections n’a d’ailleurs jamais été le rôle du Parlement dans l’histoire du Canada – ni dans l’histoire des autres pays capitalistes. Les parlements ont historiquement eu une double fonction. La première, qui était progressiste et qui était propre à l’époque de l’émergence du capitalisme, a consisté à servir la réalisation des tâches démocratiques bourgeoises (c’est-à-dire l’unification nationale et la consolidation du marché national, l’octroi de droits démocratiques à la population, la réalisation de projets favorisant le développement de la grande industrie, etc.). La deuxième, propre à la société capitaliste en général, est d’assurer l’unité et la cohésion de la classe capitaliste d’un pays donné, en lui permettant de se doter d’un centre politique et décisionnel. La fonction des parlements n’a donc jamais été de permettre à l’ensemble de la population de décider collectivement de la direction que devait prendre la société, et ce, même lorsque les parlements avaient encore un rôle progressiste à jouer. En effet, à cette époque, la réalisation des tâches démocratiques était une nécessité objective et ces tâches demeuraient les mêmes peu importe le parti au pouvoir. Il n’était pas question de choisir, en votant, entre plusieurs voies s’opposant les unes aux autres. Aujourd’hui, à une époque où les tâches démocratiques bourgeoises ont été réalisées depuis longtemps, il n’y a que la deuxième fonction des parlements qui perdure. Les parlements bourgeois ne sont plus, depuis de nombreuses décennies, des institutions matérialisant un quelconque progrès historique; ils ont depuis longtemps terminé de jouer leur rôle utile et progressiste dans l’histoire. Ce sont des institutions désormais usées et pourrissantes dont le seul rôle est de contribuer au maintien de la domination politique de la bourgeoisie sur le reste de la société.

Aujourd’hui, les élections ne représentent rien d’autre que le moment où la bourgeoisie lance une campagne publique pour renouveler son personnel politique et réaffirmer du même coup la légitimité de l’État bourgeois. Le processus électoral permet à la classe dominante d’écarter ses politiciens discrédités au sein de la population pour les remplacer par de nouveaux visages, ce qui permet de donner un nouveau souffle, pendant un cycle de quelques années, aux illusions parlementaires. Les élections sont également l’occasion de mener une forte offensive propagandiste en faveur de la démocratie bourgeoise – et, par extension, en faveur du capitalisme et de l’impérialisme –, offensive visant également à mettre de l’avant des enjeux qui permettent de détourner l’attention des contradictions réelles du capitalisme et des véritables problèmes affligeant les masses populaires. Finalement, les élections bourgeoises servent, comme elles l’ont toujours fait, à assurer la cohésion de la classe capitaliste, pour une période de plus ou moins quatre ans, par l’établissement d’un centre politique et décisionnel de la bourgeoisie. Elles servent à mettre en place un nouveau conseil d’administration du capitalisme et à renouveler le système parlementaire.

Alors que le capitalisme est depuis longtemps parvenu à son stade de développement ultime, la seule tâche historique qui est devant nous est la collectivisation complète des moyens de production et la suppression des classes sociales. Cette tâche ne peut cependant être réalisée qu’en s’opposant aux institutions politiques réactionnaires de la bourgeoisie, en les détruisant et en les remplaçant par de nouvelles institutions, par un État révolutionnaire dirigé par la classe sociale progressiste de notre époque : le prolétariat. Le prolétariat, c’est-à-dire la classe des travailleurs exploités vivant de la vente de leur force de travail, doit lutter pour le renversement complet du pouvoir de la classe dominante, pour la prise de possession des moyens de production et pour l’instauration d’une démocratie prolétarienne et ouvrière permettant aux masses laborieuses d’avoir un contrôle véritable sur leurs conditions d’existence. En somme, le prolétariat doit lutter pour l’abolition du capitalisme et son remplacement par une forme d’organisation sociale supérieure : le socialisme. En dehors de cette perspective, il n’y a pas de progrès historique possible.

Le boycott spontané des élections bourgeoises par le prolétariat et la classe ouvrière

Au Canada, ainsi que dans les autres pays impérialistes, un grand nombre de prolétaires ont compris depuis longtemps qu’ils n’ont aucun pouvoir réel et que dans la société dans laquelle ils vivent, voter ne leur sert à rien. En effet, les élections se succèdent, les parlements se vident et se remplissent, les gouvernements et les ministres changent, les partis alternent au pouvoir, mais au bout du compte, l’exploitation perdure, les besoins des masses ne trouvent pas de satisfaction et les conditions de vie des travailleurs et des travailleuses sont de plus en plus difficiles. Peu importe les gouvernements en place, le prolétariat continue de s’appauvrir et la bourgeoisie continue de s’enrichir davantage.

Le rejet des institutions démocratiques bourgeoises par le prolétariat se manifeste à chaque élection dans le boycott spontané du processus électoral par un nombre élevé de prolétaires. En effet, comme le démontrent les statistiques, une fraction importante de la population canadienne ne se déplace pas pour voter aux élections fédérales ou provinciales. Le nombre d’électeurs potentiels ne participant pas aux élections est, à chaque fois, si élevé qu’il dépasse souvent largement le nombre d’électeurs ayant voté pour le parti vainqueur. Aussi, les statistiques révèlent que la proportion d’électeurs inscrits ne votant pas aux élections est en progression depuis plusieurs décennies. Ce phénomène a été observé non seulement ici, mais également dans d’autres pays impérialistes comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou la France. Au Canada, depuis les années 1960, le taux de participation aux élections fédérales est en déclin presque constant et il a chuté de manière spectaculaire dans les années 1990. Selon les données fournies par Élections Canada, le plus haut taux de participation aux élections fédérales ayant été enregistré depuis la Seconde guerre mondiale – soit 79,4% des électeurs inscrits – l’a été lors de l’élection de 1958. Le taux de participation est ensuite descendu à 74,8% lors de l’élection de 1965, à 69,3% lors de l’élection de 1980, à 67% lors de celle de 1997, pour atteindre 60,9% en 2004. Le pourcentage est ensuite remonté à 64,7% lors de l’élection de 2006, mais a chuté à nouveau en 2008, tombant alors à 58,8%, soit le plus faible pourcentage enregistré depuis la Confédération. Depuis les deux dernières élections (soit celle de 2011 et celle de 2015), le taux de participation connaît une remontée, ayant atteint 68,3% des électeurs inscrits lors de l’élection de Justin Trudeau en 2015. Il reste à voir si cette séquence ascendante se poursuivra avec l’élection à venir, ou s’il ne s’agissait que d’un épisode temporaire. Avec la désillusion d’une grande partie de la population vis-à-vis du gouvernement libéral de Justin Trudeau et le désenchantement des électeurs qui, en 2015, s’étaient laissés convaincre de la soi-disant nécessité de « battre Harper » à tout prix, il y a de bonnes chances que le taux de participation chute à nouveau le 21 octobre prochain. En effet, comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement libéral, en dépit de son discours « progressiste », a finalement gouverné plus ou moins comme tous les gouvernements qui l’ont précédé, celui de Stephen Harper y compris.

Depuis les années 2000, le nombre d’électeurs inscrits qui ne participent pas au processus électoral a été de 37% en moyenne. À ce nombre, il faut ajouter les millions de citoyens en âge de voter qui, à chaque élection, ne sont même pas inscrits à la liste électorale, ainsi que les centaines de milliers de personnes qui, bien qu’elles vivent et travaillent au Canada, sont privées du droit de vote (soit les résidents permanents et les personnes sans statut). Lorsque l’on additionne toutes ces personnes, on arrive à un pourcentage se rapprochant parfois de 50% de la population adulte! Il est évident que cette fraction de la population qui ne vote pas est constituée en majeure partie de prolétaires. En effet, on peut observer que dans les circonscriptions à forte concentration prolétarienne, le taux de participation est généralement inférieur à la moyenne nationale. Des études menées dans plusieurs pays dont le Canada ont révélé que c’est parmi les couches les plus défavorisées de la population que l’on vote le moins, et que la proportion de personnes qui votent augmente à mesure que l’on s’approche des segments de la population dont les revenus sont les plus élevés ou bien qui possèdent le plus haut niveau de formation (ce qui correspond généralement à la bourgeoisie ou à la petite-bourgeoisie). Par exemple, une enquête de Statistiques Canada a montré que lors de l’élection de 2011, « la participation des personnes possédant un diplôme universitaire était de 78%, alors qu’elle était de 60% chez les personnes ayant fait tout au plus des études secondaires ». L’enquête a également révélé que « quelques professions sont associées à une plus forte probabilité de participation électorale », en l’occurrence « celles qui exigent de plus hautes qualifications », telles que les professions associées au « secteur de la gestion » ou encore à la catégorie « affaires, finances et administration ». Fait encore plus intéressant : l’enquête a aussi révélé que les « travailleurs du secteur des métiers, du transport et de la machinerie, ainsi que les professions propres à la transformation, à la fabrication et aux services d’utilité publics », groupe de la population correspondant à peu près au noyau dur de la classe ouvrière, étaient moins susceptibles de voter. Ce phénomène s’observe également ailleurs qu’au Canada. Par exemple, en France, une enquête ayant fait suite aux élections présidentielles et législatives de 2017 a montré que parmi les personnes « actives », ce sont les ouvriers qui ont été les plus nombreux à s’abstenir « systématiquement » de voter, suivis des travailleurs appartenant à la catégorie des « employés », lesquels font généralement aussi partie du prolétariat. Au Canada, il faut également s’intéresser au boycott spontané des élections et au rejet massif de l’État bourgeois se manifestant au sein de nations autochtones opprimées par la bourgeoisie canadienne. En effet, c’est parmi les nations autochtones opprimées que l’on retrouve les taux d’abstention les plus élevés aux élections fédérales. Par exemple, selon Élections Canada, entre 2004 et 2011, le taux de participation moyen sur les réserves autochtones a été de 44% seulement, ce qui a représenté un écart de 17,4 points de pourcentage par rapport à la moyenne nationale. Parmi certaines communautés, les taux de participation sont encore plus faibles, s’approchant parfois de … 0%! Ainsi, seulement 6,6% des électeurs admissibles vivant sur les réserves des communautés iroquoises (soit les Mohawks, Onondagas, Sénécas, Oneidas, Cayugas et Tuscaroras) ont voté lors des élections de 2015.

Le fait que les prolétaires rejettent aussi massivement le processus électoral n’a rien d’étonnant. Le prolétariat, en tant que classe, n’a absolument rien à gagner en participant aux institutions politiques actuelles : pour lui, ces institutions et ce régime – la démocratie bourgeoise – ne sont synonymes que d’oppression, d’injustice et de misère. La chute constante de la participation électorale depuis les années 1960, chute dont le commencement coïncide plus ou moins avec le début de la crise prolongée dans laquelle le capitalisme se trouve encore plongé aujourd’hui, témoigne par ailleurs d’une désillusion grandissante au sein des masses quant à la nature de la démocratie bourgeoise et quant aux promesses mensongères de la bourgeoisie selon lesquelles tout le monde peut profiter des « bienfaits » du capitalisme. En effet, depuis des décennies, les écarts de richesse n’ont fait que s’accroître d’années en années dans tous les pays capitalistes, ainsi qu’à l’échelle mondiale – où la pauvreté a continué de progresser et où des millions de personnes continuent de mourir de faim chaque année.

Certains diront que les gens qui s’abstiennent de voter ne le font pas pour exprimer un rejet des institutions en place, mais tout simplement parce qu’ils ne sont pas intéressés par la politique. D’abord, même si l’on considère comme étant vraie l’idée selon laquelle les gens ne votent pas parce qu’ils ne sont « pas intéressés par la politique », il n’en demeure pas moins qu’ils ne se prêtent pas à l’exercice auquel la bourgeoisie cherche à les faire participer, qu’ils ne donnent pas activement leur appui à la démocratie bourgeoise, et donc, qu’ils rejettent, en ce sens, les institutions démocratiques bourgeoises! Aussi, on pourrait répondre que dans une société où l’ensemble de la population aurait un contrôle véritable sur ses conditions d’existence, il y aurait justement bien moins de personnes qui ne s’intéresseraient pas aux processus (électoraux ou autres) permettant de décider collectivement de la manière dont les choses doivent se dérouler! En réalité, les prolétaires qui ne votent pas sont souvent bien plus conscients du monde dans lequel nous vivons que ce que plusieurs laissent entendre. Dans la dernière année, un sondage réalisé par le « Centre Morris J. Wosk pour le dialogue », de l’Université Simon Fraser de Vancouver, a montré que 43% des canadiens croient que le pays « n’est pas gouverné de manière démocratique », que 44% ne croient pas que « voter leur donne un mot à dire sur la façon dont le gouvernement dirige », que 56% pensent qu’ils ne peuvent pas influencer le gouvernement « même s’ils font un effort » et que 61% pensent que le gouvernement ignore leurs intérêts en faveur de « l’establishment ». Un autre sondage mené cette année par la firme Ipsos a également révélé que 67% des canadiens croient que « l’économie canadienne est organisée de façon à avantager les riches et les puissants ». La bourgeoisie regarde de telles statistiques avec beaucoup d’inquiétude, de la même manière qu’elle s’agite devant la dégringolade des taux de participation électorale à chaque élection. En effet, elle est inquiète de ne plus parvenir à entretenir les illusions démocratiques au sein des masses et à recueillir un appui suffisant pour lui permettre de prétendre à une certaine légitimité. C’est pourquoi ses intellectuels et ses idéologues déploient autant d’efforts, à chaque campagne, pour convaincre les gens de voter et pour dénoncer le « cynisme » et « l’apathie » de la population. C’est aussi pourquoi les sociologues bourgeois multiplient depuis des années les études pour tenter de comprendre les causes de l’indifférence grandissante des gens vis-à-vis du processus électoral. Évidemment, ces « chercheurs » n’arriveront jamais à comprendre que la cause profonde du désintérêt des masses pour la soi-disant démocratie, c’est la démocratie bourgeoise elle-même!

Contrairement à la bourgeoisie et à ses laquais, les communistes voient d’un très bon œil la désillusion des masses face aux institutions politiques actuelles. À contre-courant des intellectuels (dont plusieurs se définissent comme « progressistes » et osent se réclamer de la gauche) faisant la morale aux prolétaires qui refusent d’aller voter en les accusant d’être « dépolitisés », voire même d’être complices des gouvernements en place, nous disons que les prolétaires ont raison de ne pas voter et de refuser de prendre part au cirque électoral. Affirmer l’inverse, c’est manifester un mépris patent pour les masses populaires et démontrer une incompréhension totale des conditions dans lesquelles elles vivent. Pourquoi les prolétaires prendraient la peine de se déplacer pour mettre un bulletin dans l’urne, alors qu’ils savent très bien que peu importe le parti élu, leur vie va demeurer sensiblement la même? En effet, ils vont continuer, jour après jour, de subir le même esclavage salarial et le monde va continuer de fonctionner de la même manière qu’avant. Pourquoi les prolétaires devraient-ils faire confiance aux politiciens et aux institutions en place, alors que, selon un autre récent sondage, 53% des canadiens et des canadiennes vivent d’une paye à l’autre, que 34% de ceux et celles entre 35 et 54 ans ont du mal à nourrir leur famille (contre 29% en 2018) et que 69% croient qu’ils n’auront pas assez d’argent pour leur retraite? Pourquoi feraient-ils confiance aux politiciens alors qu’au même moment, selon une étude réalisée par le Centre canadien de politiques alternatives, les 87 familles les plus riches du Canada possèdent autant de richesses que 12 millions de canadiens réunis, et que la richesse de ces 87 familles a augmenté de 37% entre 2012 et 2016 (passant en moyenne de 2,2 milliards à 3 milliards de dollars par famille!)? Pourquoi devraient-ils s’intéresser à la mascarade électorale, quand plus de 850 000 canadiens, dont un bon nombre de travailleurs salariés, doivent fréquenter les banques alimentaires et alors que la fréquentation de celles-ci est à la hausse, en 2019, dans toutes les grandes villes canadiennes, et ce, malgré la prétention du gouvernement libéral de Justin Trudeau d’avoir « sorti des centaines de milliers d’enfants de la pauvreté »?

Bien sûr, les prolétaires et les ouvriers qui boycottent les élections ne le font pas nécessairement avec une intention politique bien définie, en ayant une compréhension scientifique de la nature et du fonctionnement du régime capitaliste et de l’État bourgeois canadien, et en ayant une idée précise de la marche à suivre pour renverser la bourgeoisie et transformer la société en faveur des intérêts de la majorité. C’est précisément pourquoi nous disons qu’il s’agit d’un boycott spontané – ou encore d’un boycott objectif – des élections bourgeoises. À présent, la tâche des communistes est de rendre ce boycott spontané pleinement conscient, c’est-à-dire de lui donner un caractère politique révolutionnaire. Le boycott des élections doit devenir l’expression d’une critique tranchante de la société bourgeoise, critique qui s’accompagne nécessairement de la perspective du renversement de la classe dominante par la guerre populaire prolongée et de l’instauration d’une société nouvelle dirigée par les masses prolétariennes et fondée sur leurs besoins. L’édification d’une telle société par le prolétariat est une chose tout à fait réalisable, qui a déjà été accomplie ailleurs dans le passé, notamment en Chine et en URSS – bien que le capitalisme ait finalement été restauré dans ces deux pays. Surtout, si la construction du socialisme est envisageable, c’est parce que les bases matérielles qui permettront de réaliser cette tâche colossale – soit des forces productives modernes et puissantes, des moyens de production collectifs et une classe prolétarienne nombreuse et développée – existent déjà au sein de la société bourgeoise actuelle. Ainsi que l’a brillamment exprimé Karl Marx, « l‘humanité ne se pose jamais que les problèmes qu’elle peut résoudre, car, à regarder de plus près, il se trouvera toujours que le problème lui-même ne se présente que lorsque les conditions matérielles pour le résoudre existent ou du moins sont en voie de devenir. » C’est parce que les prémisses matérielles du socialisme sont déjà là, sous nos yeux, que nous pouvons penser au socialisme et lutter pour son avènement. C’est parce que nous appréhendons correctement les conditions matérielles dans lesquelles nous agissons actuellement, et aussi parce que nous nous appuyons sur la somme de l’expérience accumulée jusqu’ici par le prolétariat international dans ses nombreuses luttes pour s’émanciper de l’exploitation, que nous pouvons déjà esquisser à grands traits les contours de la future société, celle qui naîtra des entrailles de la société bourgeoise après la prise du pouvoir par le prolétariat canadien. C’est aussi pourquoi nous connaissons déjà une bonne partie des mesures qui devront alors être réalisées pour consolider le pouvoir prolétarien et populaire, mesures qui composent ce que nous appelons le programme de la révolution au Canada.

Faisons grandir l’appui populaire au programme de la révolution socialiste!

Au Canada, lorsque le prolétariat révolutionnaire prendra le pouvoir, il dissoudra l’ensemble des organes de l’administration publique de la bourgeoisie canadienne, c’est-à-dire les gouvernements fédéraux et provinciaux, les conseils municipaux, etc. Il devra exproprier par la force la grande bourgeoisie – notamment les banques, les grandes industries et les réseaux de communication et de transport – et ce, sans aucune indemnisation, afin de remettre les moyens de production entre les mains du peuple. La révolution va nationaliser les richesses immobilières et mobilières, développer la propriété sociale et collective des principaux moyens de production et établir la gestion des entreprises selon un plan national et des plans locaux, plans qui permettront d’organiser rationnellement la production et la répartition des choses produites. La révolution devra aussi mettre en place rapidement des mesures pour améliorer les conditions de vie et de travail des prolétaires. Par exemple, la révolution réduira et limitera la journée de travail, interdira le temps supplémentaire obligatoire et le travail de nuit contraint, limitera la période de temps pendant laquelle des travailleurs pourront être employés à des travaux nocifs et difficiles et mettra en place une rotation des tâches planifiée en conséquence.

Sur le plan politique, la révolution va faire naître et va développer une véritable démocratie prolétarienne en remettant, à tous les niveaux, le pouvoir entre les mains d’un conseil révolutionnaire unique composé de délégués élus et révocables. Aussi, partout sur le territoire, des unités populaires de production et de consommation seront mises sur pied, instances qui permettront aux masses de participer aux décisions économiques, c’est-à-dire à la planification de la production et de la distribution des biens qu’elles auront produits collectivement. Ces unités seront regroupées dans des communes de villes, lesquelles constitueront la forme du pouvoir au niveau local. Ces instances vont représenter les travailleurs et les travailleuses appartenant à l’ensemble des lieux de production et des industries se trouvant dans une même ville. Les communes de villes vont fonctionner à travers des assemblées de communes, lesquelles éliront des délégués de communes qui agiront à titre de représentants démocratiquement élus par les prolétaires et qui formeront des organisations du pouvoir populaire. En somme, la révolution va faire naître une économie de coopération et une organisation politique de type soviétique, c’est-à-dire fondée sur les conseils révolutionnaires.

La démocratie prolétarienne pour laquelle nous luttons, contrairement à la démocratie bourgeoise, permettra à la vaste majorité – et non plus à une petite minorité comme c’est le cas présentement – d’exercer un contrôle réel sur l’organisation de la société. Sous le socialisme, les élections ne seront pas inutiles comme le sont, pour le prolétariat, les élections bourgeoises sous le capitalisme : elles serviront à constituer un front puissant, agissant, capable de réaliser toutes les transformations dont les masses ont besoin. Nous allons élire nos délégués dans les usines, sur les chantiers, dans les entrepôts, dans les hôpitaux, dans les écoles et dans tous les milieux où le prolétariat est actif. Nous allons élire nos représentants et nos représentantes dans les syndicats et dans les autres associations de travailleurs et de travailleuses. Nous allons former des comités populaires et nous allons y élire nos délégués. Toutes ces élections auront un sens pour les masses, contrairement aux élections se déroulant au sein des pays capitalistes, et le prolétariat y prendra part avec de plus en plus d’enthousiasme.

Au Canada, une grande partie des prolétaires appuient déjà, bien que de façon partielle, confuse et spontanée, le programme de la révolution. Déjà, un grand nombre d’entre eux expriment spontanément le désir de voir la réalisation de certaines des mesures que nous venons d’énumérer. Surtout, bien qu’ils n’en soient pas nécessairement conscients, l’ensemble des prolétaires ont intérêt dans la réalisation de ce programme, c’est-à-dire dans l’instauration du socialisme et de la démocratie prolétarienne. Il s’agit maintenant de transformer cet appui incomplet et limité en appui complet et massif et, ultimement, en actions et en combats révolutionnaires. Il faut faire en sorte que les masses populaires comprennent clairement les moyens et les buts des communistes et adhèrent largement aux perspectives révolutionnaires!

Les prolétaires aspirent à une société égalitaire et à une véritable démocratie. Cependant, la plupart d’entre eux ne connaissent pas encore la marche à suivre pour faire naître une telle société. Évidemment, le fait de refuser de participer aux élections bourgeoises, en soi, ne fera pas tomber le pouvoir de la bourgeoisie. C’est en unissant et en organisant notre classe pour la lutte, sur des bases résolument communistes et dans la perspective d’un affrontement ouvert et prolongé avec l’État bourgeois, que nous avancerons vers l’atteinte de notre objectif. Aujourd’hui, il ne faut pas se contenter de délaisser le terrain de la politique bourgeoise : il faut préparer dès maintenant le renversement violent du pouvoir de la classe dominante et de tout l’ordre social passé!

Boycottons l’élection fédérale du 21 octobre, ainsi que toutes les élections bourgeoises à venir au pays!

Organisons la lutte révolutionnaire pour renverser l’État bourgeois et mettre en place un nouveau pouvoir prolétarien et populaire!