Fermeture de l’usine Velan à Montréal : c’est le capitalisme qu’il faut arrêter!
La fermeture annoncée d’une usine de la compagnie Velan à Montréal est un un bon exemple de la liquidation des forces productives opérée régulièrement par la bourgeoisie. Comme bien d’autres, cette usine sera fermée – et dans ce cas-ci délocalisée – dans le seul but de relancer les profits des capitalistes. Le syndicat (FIM-CSN) estime la perte d’emplois qui en découlera à près de 200 postes. Dès la fin de cet été, l’usine de la rue McArthur dans Saint-Laurent sera déplacée en Inde et près de 66% de la machinerie qui s’y trouve sera déménagée dans ce pays. Une partie de la production sera déplacée dans une autre usine de Velan à Granby; une autre partie sera transférée dans une nouvelle manufacture beaucoup plus petite, non loin du siège social de la compagnie sur la rue Côte-de-Liesse. Les travailleurs qui ne pourront trouver un poste dans cette nouvelle usine perdront tout simplement leur emploi.
La compagnie Velan Inc. a son siège social à Montréal et est inscrite à la bourse de Toronto (TSX :VLN). Il s’agit d’une compagnie historiquement québécoise. Déjà en 2015, la compagnie possédait 11 manufactures à travers le monde regroupant 2000 employés, dont 400 uniquement à Montréal. L’action en bourse de l’entreprise a bondi lorsque la nouvelle de la fermeture et de la délocalisation de son usine de la rue McArthur est parue. C’est que depuis un moment, le bénéfice brut de l’entreprise était en chute libre. La perspective de délocaliser l’usine et de pouvoir verser ainsi une masse salariale d’un niveau bien inférieur à celle versée actuellement a permis de rassurer les actionnaires.
L’entreprise Velan produit des valves industrielles. Celles-ci sont utilisées dans un nombre important de procédés industriels, comme par exemple dans la filtration de l’eau, dans l’extraction et la transformation des produits miniers, gaziers et pétroliers ainsi que dans la fabrication d’aliments. Les valves industrielles permettent de contrôler le flux des fluides et des gaz dans ces processus de production de grande intensité. Dans ces industries, un bris dans une valve, même momentané, arrête l’ensemble d’une chaîne d’opération. Dans de nombreuses industries, un peu plus de 10% du capital constant est dépensé en valves industrielles (pour l’achat, la maintenance et le remplacement de celles-ci). En ce moment, la concurrence internationale dans le secteur de la production de valves oriente les capitalistes vers le marché asiatique, en particulier l’Inde et la Chine. La raison en est le besoin croissant en valves industrielles dans ces pays, besoin lié au développement de leurs industries nationales respectives. Cela a vraisemblablement pesé dans la balance lorsque Velan a choisi de délocaliser son usine en Inde. Dans les dernières décennies, Velan avait des manufactures surtout en Amérique du Nord et en Europe. Outre l’extraction de la plus-value supplémentaire qui sera obtenue en payant des salaires moindres pour le même travail que celui réalisé au Québec, la délocalisation permettra maintenant d’économiser sur les frais de transport en transférant la production dans les zones où sont situés les clients principaux de l’entreprise.
La destruction des forces productives par la bourgeoisie sous le capitalisme
Le cas de Velan n’est pas le seul exemple récent illustrant le processus de délocalisations, de ventes et de fermetures d’usines au Canada. On n’a qu’à penser au cas de l’usine de montage de voitures GM à Oshawa ou encore à celui de l’usine d’aliments Olymel à Saint-Eustache. En fait, depuis les années 1970, il existe, en Amérique du Nord et en Europe, un mouvement de liquidation d’une partie des forces productives nationales par la bourgeoisie. Cela signifie que des usines et des moyens de production qui étaient parfaitement opérationnels sont abandonnés du jour au lendemain. On détruit ainsi des outils et des moyens de production qui servaient à l’ensemble du peuple. Cette destruction est opérée sans aucune raison historiquement valable, autre que celle de relancer l’accumulation de profits. On abandonne alors le progrès et les acquis historiques que représentent des forces productives fortes et développées, des moyens de production modernes et variés et des usines nombreuses et fonctionnelles.
Ce qui amène cette destruction des forces productives, c’est une période de crise grave qui a débuté dans les années 1970 et qui va en s’accentuant. C’est la chute des profits qui marque d’abord cette crise, laquelle entraîne la surproduction puis la destruction de très grandes quantités de forces productives. Les capitalistes ne sont plus capables de produire et de diriger les États comme ils le faisaient dans les années 1950 et 1960. Il leur faut imposer des normes nouvelles dans la production et dans la circulation pour stopper la chute des profits. Les marchés se sont ouverts. La concurrence, qui s’en trouve décuplée, entraîne des restructurations importantes, lesquelles occasionnent elles-mêmes d’autres destructions de forces productives (fermetures d’usines et d’entreprises, déplacements, etc.).
Cette tendance historique à liquider et à détruire les forces productives est comme une carie dans un pays comme le Canada, un pays qui est pourtant mûr pour le socialisme. Nous assistons en effet au pourrissement des moyens de production que les travailleurs avaient déjà fabriqués et qui devaient immédiatement leur revenir lorsqu’ils prendraient le pouvoir. D’ici la victoire de la révolution, de sérieux dommages peuvent encore être faits par les capitalistes, alors que, paradoxalement, toutes les conditions sont présentement réunies pour édifier le socialisme, une société hautement productive basée sur la satisfaction des besoins de toute la population. Lorsqu’il prendra le pouvoir, le prolétariat devra ainsi surmonter un défi supplémentaire : il devra reconstruire certaines capacités industrielles amoindries, un peu comme l’on rénove une maison mal entretenue durant de longues années. Cependant, le fait que les capitalistes liquident des forces productives ne signifie pas que l’ensemble de la production à l’échelle nationale a été détruite, loin de là. Cela signifie simplement que dans certains secteurs et dans certaines circonstances, les capitalistes ferment les usines pour relancer leurs profits. En définitive, cela veut surtout dire que la bourgeoisie a maintenant la capacité de mettre la classe ouvrière sur la défensive, en faisant planer la menace de la liquidation des forces productives. Elle peut menacer non seulement de renvoyer des employés et de les mettre sur le chômage, mais littéralement de liquider l’usine au complet si les ouvriers tentent une offensive trop grande. Or, cette « offensive trop grande » est devenue, avec le temps, le simple fait de lutter pour conserver des gains historiques (les salaires, les horaires, les avantages sociaux, etc.).
La défense des forces productives par le mouvement ouvrier et l’intervention des communistes
Les communistes ne doivent pas développer à outrance des contradictions avec les syndicats qui sont ainsi mis sur la défensive par la bourgeoisie. En effet, cette position défensive n’est pas due à un manque de volonté ou encore à la « trahison » des directions syndicales ou des ouvriers peu combatifs, mais plutôt à la période historique dans laquelle nous sommes. Pour le dire autrement, cette situation découle de conditions objectives et non subjectives. Dans ces circonstances, ce que les communistes doivent faire avant tout, c’est de se saisir dans leur grande masse des luttes défensives sur le territoire, comme d’un levier puissant pour faire progresser le mouvement révolutionnaire. Il ne s’agit pas de mener une lutte exemplaire à un endroit donné, mais bien de parvenir à installer au sein de cette grande masse de conflits déjà existants un puissant outil d’organisation et d’initiative.
Il faut révéler que la destruction des forces productives par la bourgeoisie est une force motrice complètement négative dans la société. Cette force a amené les intellectuels à théoriser la disparition complète de la classe ouvrière et de la production dans les pays impérialistes. Elle a mis sur la défensive le mouvement ouvrier qui doit lutter pour pouvoir uniquement conserver ses emplois et ses acquis. Elle s’oppose au progrès de l’humanité en détruisant en partie des acquis historiques et en liquidant des morceaux de la base réelle du socialisme que le capitalisme a fait émerger. Cette base réelle du socialisme, c’est la grande industrie et ses moyens de production modernes. Au Canada, la grande industrie demeure, mais elle est « cariée » par l’anarchie de la production capitaliste.
Le désordre et les ravages causés par le capitalisme n’ont pas de fin. Par exemple, qu’est-il arrivé à l’industrie de l’acier au Canada, laquelle était pourtant bien développée à une certaine époque?Afin de conserver pour elle seule toute la richesse produite dans la société, la bourgeoisie détruit les outils et les moyens dont notre classe a besoin. Elle détruit une partie de ce que les ouvriers ont développé au cours des deux derniers siècles. Elle met la classe ouvrière sur la défensive en l’obligeant à renoncer à des luttes trop ambitieuses. Si plusieurs ne voient pas de fin à ces luttes défensives, c’est parce qu’ils ne voient pas que leur véritable conclusion se trouve dans la lutte pour le socialisme, c’est-à-dire dans la lutte pour la collectivisation des moyens de production et leur contrôle par la classe ouvrière.
La révolution doit organiser les ouvriers en lutte contre les fermetures d’usines et révéler sans ambiguïté ce qu’elles représentent!
La fermeture de l’usine de Velan, comme l’ensemble des destructions de forces productives opérées par la bourgeoisie, représente une tendance historique particulièrement cannibale que les travailleurs doivent faire cesser en prenant le pouvoir!
C’est seulement quand la classe ouvrière dirigera la société que la production et le travail seront développés harmonieusement!