Déclaration de la rédaction : Les perspectives du printemps ouvrier

Pourquoi un «printemps ouvrier»?

Le Parti communiste révolutionnaire (PCR) est engagé dans une importante initiative politique qui vise à marquer un progrèse dans la lutte des classes au Canada. Baptisé «Luttons pour le socialisme et nos revendications», cette vaste campagne de propagande et d’actions durera de nombreux mois et culminera le 1er mai 2019 avec une importante manifestation prolétarienne dans les rues de Montréal et d’autres actions et manifestations partout au Canada. En 2019, nous voulons descendre nombreux et nombreuses dans la rue pour honorer la mémoire des ouvriers et des ouvrières qui se sont soulevéEs lors de la grève générale de Winnipeg en 1919 et pour marquer notre volonté de remplacer dans un futur pas trop loin, le pouvoir de la bourgeoisie par celui des travailleurs et travailleuses, car c’est dans la lutte que prendra forme notre mot d’ordre de combat contre le capitalisme exploiteur et pour le pouvoir ouvrier révolutionnaire!

Bien que 100 années se soient écoulées depuis cette grande grève, une chose est certaine: les événements qui ont eu lieu à Winnipeg anticipent et illustrent les combats et les difficultés à venir si on prend le parti de fermement lutter en faveur du pouvoir de la classe ouvrière sur la société. Il ne suffit pas de parader pour démontrer notre colère; la puissance du prolétariat réside essentiellement dans sa capacité à défaire ceux qui nos exploitent, les capitalistes, et ultimement à initier la transition vers l’abolition du capitalisme, des classes sociales et de l’exploitation. Mais pour en arriver à un projet de classe commun aussi radical, on ne peut se contenter de résolutions et de mots, il faut aussi chercher à combattre pour le concrétiser dans le réel. Cela met en lumière une tâche importante pour tous ceux et celles qui aspirent à un monde juste, à savoir celle de déterminer quel doit être le contenu politique de la période actuelle. Autrement dit, il faut savoir pourquoi nous combattons, pour quels objectifs, et avec quels moyens? Etc.

Selon nous, les communistes révolutionnaires sont tout à fait justifiéEs de lutter et de s’unir avec les travailleuses et travailleurs puisque nous cherchons tous et toutes à améliorer nos conditions de vie et de travail. Comme prolétaires, nous luttons pour nos revendications et comme communistes, nous luttons aussi dès maintenant, à notre échelle, pour la révolution, le pouvoir ouvrier et le socialisme.

Si on veut changer le monde, il faut voir loin et il faut voir gros! Un véritable parti révolutionnaire va toujours chercher à appliquer de façon vivante sa ligne politique. Appliquer, c’est assumer, être conscients et conscientes que c’est dans les luttes que le parti et ses membres dépassent leurs propres limites jusqu’à devenir ensemble un parti complet ayant accumulé l’expérience et des liens solides avec les masses.

C’est parce que les communistes révolutionnaires amènent quelque chose de nouveau dans la lutte des classes, c’est-à-dire quelque chose qui ne sera pas la pâle copie de ce qui existe déjà, qu’ils et elles intéresseront de plus en plus de travailleurs et travailleuses à joindre le combat. Et, c’est en se développant que le parti révolutionnaire va convertir sa force politique, c’est-à-dire ses militants et militantes, ses fronts, ses organisations, son lien avec les masses, etc., en puissance politique, c’est-à-dire en initiatives, en campagnes et en combats. Inversement, l’absence d’initiatives permettant toujours plus d’organiser de nouvelles forces est indicative d’une régression qui mène invariablement à l’opportunisme et à l’abandon de la lutte révolutionnaire. C’est la lutte révolutionnaire qui nous approche du pouvoir ouvrier, pas l’opportunisme.

Cependant, un parti qui cherche réellement à diriger la lutte révolutionnaire, pour affronter victorieusement tous les moyens et forces que lui opposera la puissante classe capitaliste, doit avoir préalablement gagné la maîtrise scientifique des conditions de la lutte. Un tel parti ne peut donc se contenter de maîtriser une seule forme de lutte; il doit maîtriser toutes les formes objectives de la lutte révolutionnaire. Mener une lutte éclairée de longue durée exige que l’action du parti prenne les formes les plus diverses au niveau de sa propagande, des organisations qu’il met en place, des luttes auxquels il participe ou qu’il organise, etc. Par conséquent, on ne peut se contenter de s’investir dans l’éducation politique et la propagande; la crédibilité du projet révolutionnaire réside aussi dans l’action révolutionnaire avec les masses.

Il faut s’intéresser aux luttes des travailleurs et travailleuses et il faut partir de ces luttes afin de préparer la lutte révolutionnaire. Notre axe principal est et demeure la lutte des classes. Ceux et celles qui ne changeront jamais rien peuvent continuer à nous faire leurs critiques; nous savons très bien que la connaissance utile pour la libération prolétarienne vient de l’apprentissage (théorique et pratique) de la lutte des classes. En effet, c’est en combattant la bourgeoisie pour nos revendications que nous, prolétaires, prenons conscience que nous partageons tous et toutes des intérêts communs et que c’est sur la base de ces intérêts que nous apprenons à agir comme classe. Mais cela ne nous suffit pas; nous voulons aussi abolir le capitalisme. C’est pourquoi, comme communistes révolutionnaires, nous apprenons à mener la lutte révolutionnaire, en en maîtrisant les formes objectives et en organisant nos frères et sœurs de classe afin que nous puissions à l’aide de l’expérience gagner, compléter l’édification des instruments de notre unité à savoir: le parti révolutionnaire capable de diriger le mouvement d’émancipation du prolétariat et notre stratégie pour y parvenir, la guerre populaire prolongée. C’est en ce sens et pas autrement qu’il faut comprendre le slogan matérialiste «partir des masses pour revenir aux masses». Ce qui nous intéresse avant tout est de jouer un rôle d’avant-garde, pas celui d’être suiviste. Or, être d’avant-garde, ce n’est pas un titre que l’on peut s’auto-attribuer, il faut le mériter en réussissant le saut nécessaire dans la pratique.

 Des usines jusqu’aux luttes, nous sommes prolétaires et révolutionnaires!

Si on s’intéresse vraiment au prolétariat, alors une des tâches qui devrait tous et toutes nous préoccuper en ce moment est celle d’organiser un vaste mouvement prolétarien qui soit offensif. Or, pour en arriver à mobiliser les forces nécessaires, il faut d’abord s’intéresser réellement à la classe ouvrière, parce que c’est la seule classe qui ait réellement un intérêt objectif à se débarrasser complètement du système capitaliste. Il faut aussi s’intéresser aux conditions de l’exploitation des prolétaires, parce que ce sont les conditions qui prévalent maintenant; or, il faut partir de la réalité pour en faire une juste analyse. Par conséquent, ceux et celles qui veulent réellement avancer vers l’abolition du capitalisme doivent aller vers le prolétariat et ne pas juste y aller de temps en temps, mais s’y installer durablement: ne pas y aller pour y copier les pratiques des organisations réformistes, mais pour y introduire l’action révolutionnaire; ne pas y aller y faire du folklore comme «opposition de gauche », mais plutôt pour s’installer au cœur du prolétariat exploité de façon méthodique, organisée et permanente. C’est d’ailleurs pourquoi les communistes révolutionnaires ne vont pas dans la classe ouvrière avec les mains vides et qu’ils ne se contentent pas de dire aux exploitéEs qu’ils et elles sont exploitéEs. Ils et elles vont vers le prolétariat pour combattre aux premiers rangs de celui-ci arméEs de la théorie révolutionnaire et de l’expérience accumulée du mouvement communiste international.

L’extrême-gauche canadienne est timide lorsqu’il s’agit de prendre en charge la lutte révolutionnaire. Opportunistes, révisionnistes et syndicalistes révolutionnaires partagent tous et toutes un défaut commun qui est celui de cacher par les mots ce que leur pratique met en lumière. «Syndicalisme rouge», «syndicalisme révolutionnaire» ne sont que des mots si la pratique qu’ils contiennent se résume à étiqueter comme «révolutionnaires» des formes d’organisation qui imitent celles des réformistes.

Aussi bien dire que tout reste à faire, et quand tout reste à faire c’est qu’il n’existe pas de raccourci facile permettant de s’esquiver des obligations qui s’imposent aux révolutionnaires. On ne peut plus tolérer que l’on rabaisse l’action révolutionnaire au niveau du réformisme radical et que l’on puisse par la suite justifier théoriquement ce rabaissement. Il y a trop de monde de nos jours pour qui la principale pratique «révolutionnaire» consiste à prendre la «posture révolutionnaire» sur Twitter, Facebook et autres endroits de prédilection du militantisme virtuel, tout en évitant au possible de se mouiller véritablement dans la lutte des classes. Aux camarades honnêtes, nous appelons à devenir des organisateurs et organisatrices de la lutte des classes. Et, dans ce processus, les communistes révolutionnaires ne se contentent pas seulement de fournir les enlignements politiques nécessaires; ils et elles combattent avec les masses prolétariennes.

Un printemps ouvrier pour préparer les grandes batailles

L’an dernier, nous affirmions: «Pour en finir avec le capitalisme, il faut démolir l’État bourgeois et ses institutions, il faut aussi liquider la propriété privée de la bourgeoisie. Chercher à liquider ce qui maintient la société bourgeoise, c’est se placer résolument du côté du prolétariat qui est la classe la plus révolutionnaire sous le capitalisme et qui, par sa condition, concentre toutes les aliénations que subissent les hommes et les femmes. Cette conception de classe va à contre-courant du subjectivisme petit-bourgeois qui conçoit la direction des luttes sur la base d’identités disparates et qui conçoit l’unité comme consistant à mettre au même endroit ces différentes “identités” sans jamais chercher à les rassembler, chacun cherchant à conserver “l’exclusivité” de sa lutte. Il est évident que la bourgeoisie se satisfait pleinement de cette façon d’aborder la complexité sociale qui amène de nombreux militants et de nombreuses militantes à s’épuiser à affronter la bourgeoisie dans des affrontements isolés les uns des autres. Contre cette façon d’appréhender la réalité sociale et contre cette façon de combattre la bourgeoisie, nous devons plutôt mettre de l’avant l’importance de combattre pour un projet de classe commun et des perspectives politiques fortes. » C’est précisément dans ce cadre que s’inscrit la guerre populaire prolongée qui permettra comme stratégie globale d’unifier dans une même lutte à finir contre les forces du capital, le prolétariat d’ici et ailleurs, les luttes particulières ainsi que les initiatives les plus diverses nées de l’activité des masses.

Le prolétariat de tous les secteurs, de la production jusqu’aux services, est la force révolutionnaire centrale sous le capitalisme. Cette centralité ne découle pas de choix arbitraires, ni de préférences aléatoires car nous ne nions pas que d’autres luttes se mènent et que de nombreuses contradictions traversent le capitalisme, mais elle découle de l’histoire du mode de production capitaliste lui-même et du constat que seule la lutte révolutionnaire peut mettre fin au capitalisme, car avec l’abolition de l’exploitation et du salariat le capitalisme prendra fin.

Les maoïstes ont parfaitement raison de s’intéresser aux formes de lutte et de proposer des formes de l’action révolutionnaire qui contribuent à l’éducation politique des prolétaires et favorisent le processus d’unification et de totalisation. Ces formes, les maoïstes ne les ont pas inventées, elles existent objectivement et doivent être prises en charge: s’installer durablement dans la classe ouvrière, c’est proposer des perspectives politiques fortes et faire appel aux masses pour les réaliser, et par conséquent, c’est aussi prendre en charge les formes objectives de l’action révolutionnaire. C’est en assumant ce rôle que la présence des révolutionnaires dans le prolétariat en devient une d’avant-garde.

Du printemps ouvrier au printemps révolutionnaire!

Combattre le capitalisme, c’est être devenu une force politique capable de mener des combats. La première étape de cette vaste offensive politique qui va nous mener vers un mois de mai 2019 bouillonnant sera de marcher à travers le printemps ouvrier, vers un 1er mai révolutionnaire, un printemps d’organisation et d’agitation orienté vers la classe ouvrière durant lequel tous les efforts seront déployés pour entraîner un plus grand nombre de travailleurs et de travailleuses exploitéEs à prendre part à l’assaut annuel du «Golden Square Mile», le quartier général de la grande bourgeoisie à Montréal, lors de la journée internationale des travailleurs et des travailleuses.

Dans un pays capitaliste comme le Canada, où l’exploitation est diffuse et où règne la confusion dans les idées, il faut nécessairement accorder la plus grande importance à poser les gestes qui permettent d’unifier notre mouvement dans l’action révolutionnaire de masse. Il faut donc savoir toujours se saisir des moments importants lors desquels il est possible de développer une activité de propagande révolutionnaire intensive et percutante. Le 1er mai révolutionnaire, journée internationale des travailleurs et travailleuses, est un moment privilégié pour montrer clairement que nous travaillons à réunir et organiser à même la lutte révolutionnaire les forces qui plus tard renverseront le capitalisme. En construisant sur le précédent, chaque nouveau 1er Mai permet de renouveler et mettre à l’épreuve les forces révolutionnaires que nous accumulons dans la lutte car pour être réelles et solides, ces forces doivent passer avec succès le test ultime de la pratique, ce qu’oublie facilement l’opportunisme.

Si on veut vraiment mettre fin à l’exploitation, il faut s’attaquer en théorie et en pratique au capitalisme lui-même. Il faut réunir le dire et le faire dans une stratégie globale, en prenant soin de bien identifier chacune des étapes à parcourir; et c’est par le passage dans la pratique que les révolutionnaires démontrent qu’ils et elles parcourent les étapes et déploient véritablement une activité révolutionnaire et unificatrice combattive et offensive.

C’est dans la liaison permanente entre d’une part la théorie révolutionnaire et la pratique révolutionnaire, et d’autre part, le prolétariat réel que se construit le mouvement réel qui abolira l’état des choses actuel, c’est-à-dire qui abolira le capitalisme. Ce lien indestructible entre le parti et le prolétariat peut exister et sa forme moderne ne saurait être autre chose que la guerre populaire prolongée, qui permet d’unifier les revendications justes du prolétariat et la lutte révolutionnaire pour le socialisme.

Finalement, c’est quoi le printemps ouvrier? C’est la prise en charge par les communistes révolutionnaires de la difficile lutte pour accélérer la transformation qualitative que doit effectuer le prolétariat pour être en mesure de lutter pour des améliorations et pour renverser le système d’exploitation qu’est le capitalisme. Ce parcours est jalonné de petites victoires, de moments difficiles et parfois de défaites, mais les communistes révolutionnaires s’y engagent sans détour, car nous sommes certains et certaines que c’est le chemin qui mène à la victoire.

Le printemps ouvrier, c’est l’occasion de multiplier les initiatives, d’afficher et de diffuser le point de vue révolutionnaire, d’organiser nos frères et sœurs de classe pour constituer le plus fort contingent ouvrier, dans les rues, le 1er Mai!

Vive le pouvoir ouvrier!

En avant vers la révolution prolétarienne!

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Les déclarations de la rédaction de l’ISKRA servent de point de communication entre le Parti et le prolétariat révolutionnaire. Il s’agit simplement de parler sans filtres, de faire comprendre la conjoncture, d’expliquer l’étape de travail actuelle et ses défis, de présenter les objectifs d’une initiative et les pas qui doivent être franchis dans la progression du Parti. Lorsque le PCR impulse un mouvement et lance une offensive, ses perspectives et les objectifs politiques de ses actions sont présentés dans ces déclarations.