Le combat pour le 1er mai 2019 : Les perspectives prolétariennes à la lumière du centenaire de la grève ouvrière de Winnipeg

Voici un compte-rendu écrit du discours prononcé à la fin janvier lors de l’anniversaire du Parti. Ce discours présente dans les grandes lignes notre initiative «Luttons pour le socialisme et nos revendications» qui culminera en mai 2019. Cette campagne de plus d’une année s’est amorcée avec la manifestation révolutionnaire du 8 mars et se poursuit avec le prochain 1er mai, journée international des travailleurs-euses.

Aujourd’hui, ce que nous célébrons, c’est le onzième anniversaire de la création du Parti communiste révolutionnaire. Lorsque nous avons fondé le PCR, notre but final était bien sûr le communisme. Cela ne pouvait se concevoir sans une révolution socialiste visant à donner au prolétariat le pouvoir politique pour transformer la société. Pour prendre le pouvoir, il fallait bien sûr un parti doté de la bonne stratégie, la stratégie de la guerre populaire prolongée. Pour arriver au communisme, pour faire la révolution et pour prendre le pouvoir politique, nous avons donc maintenant le Parti communiste révolutionnaire, un parti fort de plus d’une décennie d’expérience.

L’histoire est ponctuée de moments-clés, d’événements où se concentrent les grandes contradictions qui traversent la société. Ces moments, ces événements sont des jalons qui nous permettent d’avancer. Certains apparaissent très indépendamment de nous – les guerres impérialistes, par exemple –, alors que d’autres sont générés par notre activité. Certains moments sont plus structurants que d’autres et nous permettent une plus grande accumulation de forces et d’expériences pour avancer.

Ce sont aussi des moments où se manifeste notre capacité d’initiative. Actuellement, nous savons que la bourgeoisie impose ses initiatives. La classe sociale qui est solidement au pouvoir peut le faire. Elle peut imposer son agenda. Elle peut délimiter le champ politique et forcer les autres classes à y participer alors que ces dernières sont perdantes au change. Quand une classe perd cette capacité d’initiative au profit d’une autre, tôt ou tard elle perd le pouvoir.

À une autre époque, même s’il n’était pas au pouvoir, le prolétariat, comme classe, avait une certaine initiative et influait sur la marche politique du pays. La grève de Winnipeg en 1919 a été un moment historique lors duquel le prolétariat a été un acteur politique déterminant. Quand une classe commence à avoir de l’initiative politique, elle peut forcer l’autre classe à faire des erreurs parce qu’elle l’entraîne sur un terrain sur lequel elle ne se sent pas à l’aise. Ces erreurs, ce sont des opportunités sur lesquelles on peut tabler. Nous ne sommes pas des spectateurs et spectatrices qui attendons la grande crise.

Nous nous engageons dans une longue marche de 15 mois qui culminera avec une grande action en mai 2019. Nous avons, dans le passé, fait des manifestations, certes déterminées et fortes, mais circonscrites dans quelques heures. Le 1er mai 2019, toute la journée sera un enfer pour la bourgeoisie canadienne. En mai 2019, on devra rivaliser avec ce qui se fait en Turquie chaque 1er mai lorsque le prolétariat et la gauche révolutionnaire de ce pays prennent d’assaut le Parc Gezi à Istanbul alors que les forces policières leur font barrage.

On pose mai 2019 comme un grand moment dans l’histoire de notre parti. Au bout de cette longue marche, notre parti se sera transformé considérablement. Le mouvement révolutionnaire au Canada aura tellement progressé que plus personne dans le pays ne pourra ignorer que les communistes et le prolétariat représentent une force politique réelle.

Après quinze mois, la progression aura eu lieu notamment parce que le prolétariat se sera saisi d’une partie importante de son histoire. Une classe qui ne connaît que son expérience directe est handicapée. Quand elle connaît l’expérience indirecte de la lutte de classes qui se déroule ailleurs dans le monde ou à un autre moment dans l’histoire, elle est à même de mieux orienter sa pratique révolutionnaire immédiate.

En connaissant son histoire, le prolétariat est à même de mieux saisir l’articulation entre les luttes pour des revendications immédiates et la lutte pour le socialisme. Il comprend qu’il n’y a pas une étape séparée entre les deux. L’expérience historique a montré que la lutte pour les revendications immédiates sera toujours à refaire sous le capitalisme. Par contre, si, dans le cours de ces luttes, le prolétariat acquiert forces et expériences révolutionnaires, la possibilité de mettre fin au régime capitaliste et de satisfaire toutes ses revendications devient réelle. Arrivera un temps que les concessions au niveau des besoins immédiats seront trop peu trop tard, parce que le prolétariat sera déterminé à clouer le cercueil du pouvoir bourgeois. Poser correctement l’articulation entre les revendications des masses et la lutte pour le socialisme revient à développer une des formes objectives de l’action révolutionnaire, soit l’action révolutionnaire parmi les masses, et à éclairer le prolétariat dans sa pratique révolutionnaire pour satisfaire éventuellement tous ses besoins immédiats en instaurant le socialisme.

Comment arrivera-t-on à faire de mai 2019 le moment d’envergure qu’on escompte? Il y a des dates incontournables comme le 1er mai de cette année et les élections bourgeoises en Ontario et au Québec. Il y a aussi d’autres moments comme le G7 cet été et les deux prochains 8 mars. Ces différents moments constitueront des centres de gravité de toute notre activité. Cela veut dire que c’est en ces moments précis que se révélera plus spécifiquement le travail massif déployé quotidiennement. Ce travail invisible de diffusions dans les usines et les polyvalentes, d’affichages dans les quartiers populaires et de visites dans des nouvelles villes peut apparaître banal. Pourtant, c’est par cette action qu’on réussit à rejoindre quelqu’un qui s’instruit sur le communisme çà et là et qu’on lui dit que l’action communiste se fait aussi ici, au Canada. C’est ce travail invisible qui aura contribué à mobiliser un grand nombre de personnes pour ces grands moments.

Ce soir, on démarre la première phase de la campagne, celle du Printemps ouvrier : vers un 1er mai révolutionnaire. D’abord, le 8 mars, les femmes du prolétariat auront l’occasion de participer à une manifestation libre de toute servilité envers les forces policières. La police ne fixera pas l’itinéraire de l’action. Le 1er mai 2018, nous attaquerons encore une fois le « Golden Square Mile », là où on retrouve un des plus importants quartiers généraux de la bourgeoisie au Canada. D’années en années, nous faisons preuve de plus en plus d’audace lors des manifestations du 1er mai. Cette année, nous aurons l’occasion d’être plus libres de nos mouvements pour assener des coups terribles à la propriété des bourgeois dans ce secteur de la ville. Alors que les pauvres connaissent le délabrement des édifices des quartiers populaires, le 1er mai prochain, la bourgeoisie du « Golden square mile » pourrait aussi le connaître.

À tous les 4 ou 5 ans, la bourgeoisie essaie de nous donner l’impression qu’on a un mot à dire sur la marche politique. Les élections jouent un rôle déterminant dans l’exercice du pouvoir bourgeois : elles réussissent à piéger plein de forces qui se disent de changement en les amenant sur un terrain politique étranger aux besoins des masses populaires. En réalité, une grande partie de la population est très sceptique voire même ne se dérange même pas pour participer au grand cirque que sont les élections bourgeoises. On va s’inviter dans la campagne électorale, non pas en appelant à voter pour le moins pire, mais en appelant plutôt à boycotter les élections bourgeoises. Nous appellerons le prolétariat, classe capable d’exercer un nouveau pouvoir populaire, à prendre part à la politique révolutionnaire, notamment en menant de fortes actions durant les élections et en participant au 1er mai révolutionnaire en 2019.

Les 15 prochains mois seront très intenses. Nous avons l’occasion de participer à l’histoire de la révolution au Canada. Nous avons le devoir de tout faire pour développer toutes les formes de l’action révolutionnaire et créer les conditions du début de la guerre populaire prolongée. En construisant le parti, en menant à bien toutes les tâches que cela implique, en faisant preuve de dévouement pour le prolétariat, nous ferons en sorte de réaliser un 1er mai 2019 haut en couleur qui fera frémir la bourgeoisie. La bourgeoisie se moque de nous pour le moment. Certes, on ne pourra pas l’arrêter de rire de nous, mais son rire va devenir jaune. La peur va changer de camp et l’initiative aussi.

Allons de l’avant dans nos tâches!

Développons les différentes formes de l’action révolutionnaire!

En avant vers le 1er mai 2019!

Préparons l’embrasement généralisé en développant le PCR, le parti de la guerre populaire prolongée!