NOUS SOMMES LES CONTINUATEUR.E.S
Le présent texte est consacré à l’épisode de crise qui a touché le Parti communiste révolutionnaire (PCR) vers la fin de l’hiver dernier. Il fait suite à notre premier communiqué publié sur notre site web (pcr-rcp.ca) dans lequel le district du Québec rétablissait les quatre camarades expulsé-es par le comité central du Parti et appelait à défendre l’intégrité du PCR et de son programme. Ici, nous avons l’intention de faire toute la lumière sur nos désaccords avec les opportunistes à l’origine de cette expulsion, mais surtout, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la continuité de la pratique du PCR forgée à travers trois décennies de combat et de travail acharné pour bâtir, au Canada, un parti ouvrier véritable reposant sur une compréhension affutée du maoïsme. Aux suites de notre rupture définitive avec la frange opportuniste du parti, la politique a été remise au poste de commande. Dans cette lignée, le Parti au Québec a connu des développements importants. Nous avons été amené à prioriser notre travail d’organisation et à nous engager dans une suite d’initiatives dont le moment fort aura été, sans conteste, la première édition du «Mois de la classe ouvrière: Vers un 1er mai révolutionnaire». Cet enchaînement, additionné de notre détermination à stopper la mise à mort de la perspective de la prise du pouvoir par le prolétariat au Canada, s’est répercuté, en aval et en amont, dans une forte participation militante aux manifestations du printemps, en particulier celles du 8 mars et du 1er mai révolutionnaire.
Avant toute chose, nous devons retracer d’où provient la clique opportuniste composant aujourd’hui le comité central d’un parti qui n’a rien à voir avec le PCR et qui pourtant se réclame de manière éhontée de ce nom. Elle est constituée d’un groupe de militants et militantes qui a rallié le Parti, en 2010, dans la foulée du G20 de Toronto et du Congrès révolutionnaire canadien de la même année et s’étant déroulé dans la même ville. Ce noyau était alors regroupé dans la défunte organisation nommée «Social Revolution Party (SRP)» (sorev.wordpress.com), une tumeur qui, en moins d’une demi-décennie, s’est développée en un cancer des plus ravageurs pour le Parti qui est le nôtre. En effet, les adeptes du SRP ont fait mine d’adhérer au PCR alors qu’il n’en était rien. Nous comprenons, à notre grand dam, que très tôt dans leur courte histoire de militantisme dans le PCR, ils et elles assimilaient, et ont continué d’assimiler, la Guerre populaire prolongée (GPP) – la stratégie révolutionnaire la plus aboutie et éprouvée dans la pratique du prolétariat mondial – à un concept grotesque de leur cru, le «Popular Action Movement (PAM)», lequel a de quoi faire vomir tout révolutionnaire digne de ce nom. En fait, le PAM est un collage éclectique des pires pratiques économistes et réformistes, saupoudré d’une adhésion en paroles à une lutte armée lointaine et hypothétique. Depuis ses tout débuts dans le PCR, la clique a mis en œuvre sa mécanique opportuniste dans le but de liquider nos enlignements prolétariens et révolutionnaires. Pour ce faire, elle a utilisé publiquement le rayonnement de la combativité des militant-es du District du Québec pour gagner en crédibilité et accroître son recrutement. Parallèlement, dans ses rangs, auprès de ses recrues, elle a stigmatisé et discrédité ces mêmes militant-es.
Dans toute l’affaire, il est contingent que la fracture dans le Parti suive une division territoriale. En effet, il s’agit avant tout d’une fracture politique. Il n’en demeure pas moins que la ligne révolutionnaire dans le PCR est portée par sa fraction maoïste et prolétarienne principalement concentrée dans le District du Québec tandis que la ligne opportuniste est incarnée principalement dans la clique qui dirige le comité central, un regroupement d’universitaires très influencé par les idées postmarxistes en vogue sur les campus. L’idée ici n’est pas d’insister sur l’origine petite-bourgeoise de ces militants et militantes, mais plutôt de souligner à grands traits qu’ils et elles sont demeuré-es sur des conceptions petites-bourgeoises, une position de classe qui n’est pas digne de révolutionnaires. D’ailleurs, la clique opportuniste s’est d’abord affirmée à l’extérieur du Parti, à travers le RSM (Revolutionary Student Movement), le seul secteur d’activité politique où la clique avait l’entière liberté d’exercer son influence. Par la suite, c’est à partir du membership du RSM que la clique s’est construit une délégation pour le dernier congrès du PCR. À cet effet, à notre grande surprise, nous avions soudainement beaucoup de membres provenant de certaines régions où pourtant notre présence n’avait été que minimale ou assez récente.
Ces gens, qui croient aujourd’hui diriger le PCR, ne dirigent, dans les faits, qu’un bloc d’éléments qui n’ont rien avoir avec notre organisation, les acquis de notre histoire et le maoïsme. En s’attaquant au centre réel de l’activité théorique et militante du Parti, cette clique a cherché à «briser» le cœur révolutionnaire du PCR, là où s’est forgée, dans la lutte, la ligne fondamentale du PCR. Dans ces conditions, il était devenu impératif que la ligne maoïste révolutionnaire réponde, coup pour coup, aux calomnies répandues par les adversaires du maoïsme révolutionnaire au Canada, mais surtout, qu’elle triomphe.
Contrairement à la clique opportuniste, dont le mode d’action principal est de magouiller et de faire circuler des histoires mensongères à notre sujet, nous nous faisons le devoir d’offrir aux militants et militantes, aux sympathisants et sympathisantes, aux amis-es du Parti d’ici et d’ailleurs dans le monde, une explication honnête, simple et précise qui permettra d’y voir clair. Contrairement à la clique opportuniste, qui a fait le choix abject de mener le débat comme on le fait dans la politique bourgeoise, nous préférons demeurer avec fermeté et détermination sur le terrain des principes du MLM et sur une analyse juste de la situation.
Dans un premier temps, nous récuserons l’ensemble des accusations formulées par la clique opportuniste. Dans un deuxième temps, nous présenterons en quoi elle rejette les perspectives stratégiques et le programme du PCR, ce qui constitue la véritable raison de la scission qui a eu lieu dans notre Parti. À travers cet exercice, nous chercherons à placer la lutte contre l’opportunisme dans la période historique actuelle et dans le contexte d’un pays capitaliste avancé comme le Canada.
Mensonges et manœuvres petites-bourgeoises
Au printemps dernier, le Parti communiste révolutionnaire a connu des bouleversements importants qui ont mené à une scission entre le District du Québec et le reste de l’organisation. Toutefois, vu de l’extérieur, il était difficile d’évaluer la nature de cette crise et d’en comprendre les tenants et aboutissants. Le 4 mars 2017, des camarades ont évincé de la Maison Norman Bethune (local public du PCR à Montréal) des éléments hostiles au Parti. Nous considérons que cette éviction était pleinement justifiée. Le lendemain, en réponse à cet événement, la clique opportuniste qui siégeait sur le comité central, a pris ouvertement la défense de ces éléments hostiles et a expulsé du Parti quatre membres qui avaient procédé à l’éviction de la veille, membres reconnus-es pour leur ferme adhésion au MLM et pour leur militantisme exemplaire. Nous considérons cette expulsion comme une attaque politique de première importance contre le déploiement du PCR au Québec et dans le reste du Canada. Cette décision, des plus illégitimes, s’inscrit dans une suite de manigances politiques manœuvrée par la clique opportuniste ayant pour but d’obtenir, par tous les moyens possibles, l’entièreté de la direction du Parti. C’est dans cette lignée qu’elle s’est emparée de l’événement survenu le 4 mars dernier pour disqualifier les camarades montréalais-es.
Dès lors, nous avons cessé de reconnaître la légitimité du comité central du PCR – direction que nous qualifions, à juste titre, d’opportuniste. Nous avons rendu publique cette décision dans un communiqué daté du 11 mars 2017. Nous sommes donc les initiateurs et les initiatrices de la scission (cette dernière a été déguisée en expulsion de deux cellules québécoises dans le communiqué des opportunistes publié au lendemain du 1er mai 2017).
Il nous est apparu évident que les coups bas et les activités de la clique opportuniste servaient à rendre inopérant le noyau de révolutionnaires maoïstes au Canada. C’est pourquoi nous avons rompu avec elle. Depuis, notre activité n’a plus rien à voir avec celle du PCR fantoche qui se réclame d’un nom qu’il salit depuis trop longtemps déjà. Le PCR a été fondé à Montréal en 2007. Dans toute son histoire, le District du Québec s’est porté à la défense du marxisme-léninisme-maoïsme (MLM), de toutes les manières, contre le subjectivisme petit-bourgeois qui menace le mouvement communiste dans les pays impérialistes et qui s’est aussi mis à gangrener notre parti. C’est en raison de cette défense que la clique opportuniste a expulsé le District du Québec et c’est au nom de cette défense que ce dernier a tourné le dos à cette clique opportuniste.
Obnubilée par sa quête liquidatrice de la révolution, la clique opportuniste a même omis d’inclure dans son expulsion du District du Québec des cellules dont elle ne connaît guère l’existence. C’est donc dire qu’elle se désintéressait depuis longtemps du déploiement du Parti sur le territoire québécois, celui-ci étant conduit par la direction historique du PCR, et donc, ne faisant pas partie des plans révisionnistes du nouveau comité central. En somme, dans les dernières années, la clique opportuniste a mené une panoplie d’offensives à l’endroit des camarades du District du Québec. Si nous ne nous attarderons qu’au communiqué d’expulsion qu’elle a publié sur son site web (pcrrcp.wordpress.com), ce n’est pas parce qu’il est la seule injure dans sa catégorie, mais c’est parce qu’il collige la presque totalité des accusations de la clique opportuniste à notre endroit. Cela dit, il faut considérer ce communiqué comme l’ultime pièce d’un puzzle qui n’était que l’entreprise de dénigrement d’une poignée de petit-es-bourgeois-es envers l’enlignement prolétarien du PCR au Québec. Sa publication ne servait qu’à achever leur tentative d’en finir avec le communisme véritable au Canada. Sachez que cette tentative aura été vaine et qu’elle le demeurera.
La clique opportuniste, qui opère aujourd’hui le comité central du PCR fantoche, a expulsé la presque totalité du District du Québec, c’est-à-dire la très grande majorité des effectifs de la province, et incidemment plus ou moins 50 pourcent des effectifs du Parti. La clique justifie ces expulsions non pas comme découlant de la lutte de ligne ayant cours dans le parti, mais d’«infractions organisationnelles et procédurales». Le communiqué dresse une liste des soi-disant infractions qui auraient été commises par les membres du District du Québec et parmi lesquelles on retrouve 1) le défaut d’initier une campagne de rectification exigée par le CC; 2) l’usage de la violence pour résoudre des désaccords politiques; 3) un désintérêt à lutter politiquement; 4) avoir interféré dans une enquête à propos d’une allégation d’abus sexuel; 5) avoir véhiculé des idées transphobes; 6) avoir commis un vol; 7) avoir rejeté le centralisme démocratique.
Tous ceux et celles qui militent, luttent et prennent des risques pour la révolution, partout dans le monde, que ce soit en Inde, aux Philippines ou ici même au Canada, en conviendront: volontairement chercher à annihiler les forces vives d’un parti exige d’avoir, entre les mains, un minimum de sérieux motifs. Or la clique opportuniste est loin d’avoir répondu à cette exigence minimale. Toutes les allégations lancées par la clique opportuniste sont de graves distorsions de la réalité, voire pour plusieurs d’entre elles des mensonges purs et simples. En fait, ces allégations ne sont que des prétextes au déploiement d’une ligne qui entend remettre en question les acquis du maoïsme. Plus concrètement, une clique opportuniste s’appuyant sur une cohorte d’universitaires, nouvellement arrivée au maoïsme et ayant tout juste commencé à militer dans nos rangs, a pris le contrôle du comité central du PCR lors de notre dernier congrès. Même si le congrès l’a élu, ce n’est pas une faute de notre part que d’avoir rejeté ce comité central et ses supporters, mais plutôt un devoir qui s’imposait à nous. Les communistes véritables ont conscience d’émerger d’une lutte de lignes qui traverse le mouvement communiste international, une lutte contre le révisionnisme et le réformisme. C’est donc dire que le fait d’avoir raison politiquement ne nous donne pas de laisser-passer pour mener à bien la révolution prolétarienne, mais plutôt du fil à retordre.
Cette clique a donc cherché à imposer un changement dans l’orientation du Parti, notamment par une remise en question du programme et de ses perspectives qui sont pourtant des acquis d’une lutte sans concession pour établir un vrai noyau prolétarien et maoïste au Canada. Concrètement, la clique opportuniste veut remplacer la ligne révolutionnaire du PCR par son propre enlignement «pragmatico-oppportuniste». Tel est le contenu de leur rupture avec les supposées «vieilles idées». Comme nous le verrons, loin d’être des promoteurs et promotrices de «nouvelles idées», la clique opportuniste est porteuse d’une camelote bon marché, depuis longtemps éculée, et dont le contenu est une réification des travers rencontrés dans le mouvement communiste à différentes époques: conception arriérée du rôle des communistes dans les syndicats; conception arriérée du rôle du parti dans un pays capitaliste avancé; incapacité à comprendre la nature du combat politique comme élément central de la progression du communisme; etc.
Les opportunistes cherchent toujours à cacher la ligne de démarcation entre eux et les révolutionnaires sous le couvert d’une fausse unité. De fait, il est facile de dire que nous sommes tous et toutes en accord avec le programme du PCR ou avec certaines perspectives générales, mais c’est une autre chose que de le valider dans les faits. C’est d’ailleurs pourquoi la clique opportuniste a cherché à éluder délibérément les principales questions politiques derrière la scission.
La clique opportuniste allègue que les militants et militantes du District du Québec refusent d’initier une campagne de rectification. Plus encore, les opportunistes soutiennent qu’il y aurait, à Montréal, une compréhension incorrecte du MLM (sic!). Il va sans dire que cette campagne de rectification et la critique à l’endroit des conceptions portées par les camarades de Montréal ne sont qu’une tentative de museler le débat de ligne; de désunir les partisan-es; de créer un climat de délation et d’intimidation; surtout, d’humilier systématiquement les éléments prolétariens de notre organisation. Cette campagne de rectification n’est pas sans rappeler celle que les mêmes traîtres siégeant au Comité de coordination du RSM ont menée au nom de la lutte contre la soi-disant transphobie montréalaise. En définitive, elle n’était qu’une croisade contre les femmes prolétaires du PCR au Québec: inspections, enquêtes, interrogatoires et flicage ont été à l’ordre du jour pendant plusieurs mois. Bref, tout cela n’est que la matérialisation du profond mépris de classe qui habite les opportunistes que nous avons chassé-es du Parti.
Dans son communiqué d’expulsion, la clique opportuniste laisse entendre que l’activité du District du Québec stagne. Il n’en est rien. Le travail du Parti dans le District du Québec s’est grandement développé dans les deux dernières années. Plus encore, c’est le résultat du travail acharné, dans la grande région de Montréal, qui a favorisé l’expansion du Parti dans le reste du Canada. Par ailleurs, cette activité a mené à la formation d’une toute nouvelle génération d’organisateurs et d’organisatrices maoïstes capables d’assumer l’ensemble des tâches de direction. Aujourd’hui, la présence du Parti sur le territoire du District est forte et les dispositifs que sont le MRO, le MER, le FFPR et le FRJ, sous la direction locale du Parti, organisent de plus en plus de militants et militantes.
La «campagne de rectification» voulue par la clique opportuniste visait non pas à corriger le travail montréalais, mais à nous imposer un changement d’orientation, notamment en remettant en question des conceptions défendues par le District du Québec et en critiquant des militants et militantes révolutionnaires du fait que ceux-ci et celles-ci maintiennent une forte allégeance aux perspectives et plans adoptés par le Parti.
Puisqu’il ne propose rien de consistant, l’opportunisme peut se contenter d’être spectateur des événements et de critiquer les insuffisances des uns et des autres. Sa position fondamentale ne l’engage pas à innover, mais à copier ce que font les autres sans réellement comprendre ce qu’ils font. Cette absence de maîtrise de l’expérience du mouvement communiste international amène l’opportunisme à ne pas en dépasser les limites et, par conséquent, à en répéter les mêmes erreurs et en arriver aux mêmes échecs. C’est pourquoi, n’ayant pas la volonté d’assumer les conclusions qui découlent des perspectives adoptées par le PCR, la clique opportuniste préfère ériger les difficultés qui existent (et qui existeront) au niveau pratique en critique des orientations historiquement défendues par le Parti, lesquelles forment la charpente de l’initiative révolutionnaire au Canada.
La clique opportuniste allègue que les militants et militantes du Parti au Québec font usage de la violence pour résoudre les désaccords politiques. En fait, la seule violence dont fait usage le Parti est dirigée contre la bourgeoisie et les ennemis de la révolution… Les communistes conçoivent que la violence est constitutive de la lutte des classes. La critique faites aux militants et militantes du Québec n’est que l’expression de la crainte qu’inspire l’usage de la violence révolutionnaire pour combattre le capitalisme à la clique opportuniste.
Revenons sur l’épisode de «violence» qui s’est déroulé lors d’un lancement de livre à la Maison Norman Bethune, car il y a des détails importants que l’on ne retrouve pas dans le communiqué et que la clique opportuniste a volontairement choisi de cacher, comme par exemple, le fait que les évincé-es forment un groupe d’éléments hostiles au Parti et qu’ils et elles sont engagés-es depuis longtemps dans une campagne de sabotage de l’activité du PCR à Montréal. Loin d’être des supporters du Parti, malgré ce qu’en dit la clique opportuniste, ce noyau de provocateurs et de provocatrices, entre autres choses, a formulé des appels à la violence physique envers des camarades et a harcelé des membres montréalais-es. Surtout, il a fait circuler des textes calomnieux dans lesquels on s’amuse à diffamer les militants et militantes du Parti ainsi qu’à faire circuler de graves allégations contre des militants, allégations inventées de toutes pièces. Par ailleurs, il est effronté de qualifier d’abus de violence une bousculade, alors que tous les jours, partout dans le monde, les exploitées affrontent la bourgeoisie au péril de leur vie. Les éléments antiparti ont l’arrogance de ne pas reconnaître qu’ils et elles ont délibérément initié l’altercation en se présentant à notre local après toutes les bassesses qu’ils et elles nous avaient livrées dans les derniers mois. Ils et elles, secrètement, ne sont pas sans savoir qu’ils et elles s’en sont sortiEs indemnes alors que si nous avions donné libre cours à notre indignation, ils et elles auraient pu se voir infliger des coups portant réellement atteinte à leur intégrité physique.
On retrouve, dans un des textes calomnieux que l’on vient d’évoquer, une allégation grave d’abus sexuel supposément commis par un membre montréalais envers une ancienne militante du PCR au Québec. Précisons que ladite accusation n’a pas été formulée par cette ancienne camarade. L’allégation est reprise dans le communiqué de la clique opportuniste. Si on en croit cette dernière, les militants et militantes du District du Québec auraient volontairement conspiré pour entraver son enquête sur cette affaire. En fait, c’est tout le contraire qui s’est produit. La clique opportuniste, appuyée et encouragée par la cellule d’Ottawa (cellule la plus populeuse dans le camp adverse, à laquelle s’était greffé l’antiparti à l’origine de l’accusation), a laissé circuler à l’interne, dans toutes les cellules à l’exception de celles du Québec, une allégation non vérifiée. Cette situation aurait pu perdurer longtemps si ce n’était de la prompte réaction des responsables du District du Québec, qui ayant finalement eu vent du contenu dudit document, ont entrepris de faire toute la lumière sur cette histoire. Ils et elles ont fait la seule chose responsable dans les circonstances, c’est-à-dire entrer en contact avec la victime alléguée afin d’obtenir la vérité. Cette personne nous a transmis une lettre qui réfute l’allégation en énonçant qu’ «[elle] n’[a] rien à reprocher à ce camarade» et qui demande «qu’on le blanchisse de tout soupçon et que l’on cesse d’utiliser [son] nom et [sa] vie [à elle] dans des contextes sans lien logique». Elle ajoute que «cela relève de l’indécence» et que «cette relation [à laquelle l’antiparti fait référence] n’a rien à voir avec [sa] défection». Pour sa part, la clique opportuniste a préféré laisser les choses aller sachant pertinemment que cela allait contribuer à entretenir un climat d’hostilité et de suspicion envers les militants et militantes du Parti à Montréal, sa véritable intention étant de les stigmatiser et de les isoler.
Selon la clique opportuniste, les militants et militantes du Parti au Québec auraient manifesté un désintérêt à lutter politiquement. Selon elle, ce désintérêt se serait manifesté lors de notre dernier congrès du fait que les militants et militantes du Québec votaient en bloc contre toute possibilité de débat interne ou de discussion sur les questions litigieuses. Cette dernière allégation est franchement loin d’être représentative de la réalité. En effet, en préparation du congrès, les militants et militantes du Parti au Québec ont produit individuellement ou collectivement la presque totalité des documents qui ont été distribués en vue du congrès. Le contenu de la plupart de ces documents adressait des questions importantes, certaines effectivement litigieuses, notamment la question syndicale, la question du féminisme prolétarien, la question de la prostitution, etc. Toutes ces contributions ont été décentralisées dans les délais prévus afin de favoriser le débat dans le Parti. Cela dit, il apparait aujourd’hui que la même clique opportuniste, qui nous accuse de préférer les intrigues aux débats politiques, est la seule qui ait trempé dans la fomentation de complots et d’intrigues. Les militants et militantes provenant de l’extérieur du District du Québec ont eux et elles aussi voté en bloc. Plus particulièrement, et alors qu’ils n’avaient presque rien à proposer au congrès, le bloc dirigé par la clique opportuniste a rejeté toutes les perspectives amenées par les militants et militantes révolutionnaires. Les membres du comité central du moment, qui sont aussi ceux et celles qui composent le noyau de la clique opportuniste, ont été injoignables dans les semaines qui ont précédé notre congrès. Donc, au lieu d’agir en dirigeants-es pour tout le monde et de chercher à résoudre les contradictions dans le Parti, ils et elles se sont repliés-es sur les forces qu’ils et elles avaient sous leur responsabilité et, à partir de là, ils et elles ont orchestré leur sordide cabale contre le Parti. En définitive, ce sont deux partis qui sont sortis du dernier congrès. Le premier, le PCR, s’est construit dans le débat politique en unifiant les militants et militantes autour d’éclaircissements politiques. Le second, le PCR opportuniste, s’est quant à lui construit à travers une alliance opportuniste consternante entre une fraction révisionniste prêchant l’étapisme, et une fraction post-moderniste prêchant la lutte anti-oppressive. En fait, le PCR opportuniste est une combinaison douteuse de militants et militantes marxisant-es et de militants et militantes ayant embrassé, sans en avoir la pleine maîtrise, les idées post-modernes et post-politiques, idées désintéressées du prolétariat réel. Les actions de la clique opportuniste sont d’ailleurs motivées par des intérêts de classe qui ne sont pas prolétariens.
La clique opportuniste est habilement parvenue à dominer le nouveau comité central en se compromettant ouvertement avec des idées antimarxistes et en faisant rejeter de nombreuses propositions et idées que nous avons soumises au dernier congrès. Ce rejet a été minutieux et dans le détail allant jusqu’à censurer l’emploi de certains mots, «prostitution» par exemple. Donc, lorsqu’il a été voté que s’ouvrirait dans les mois à venir une période de discussion (sur le programme, notamment), il était manifeste que les dés étaient pipés d’avance. L’opportunisme veut bien discuter de tout, tant que ce sont ses propositions qui sont mises en débat et tant qu’il a la garantie qu’elles seront adoptées.
En ce qui a trait à l’accusation de transphobie, elle a été formulée parce que les militants et militantes du District du Québec défendent les perspectives qui sont présentées dans le document intitulé «Sur le FFPR et l’oppression des femmes». Pourtant, l’orientation de ce texte est juste, car elle place à distance le féminisme queer et le féminisme radical, notamment en mettant de l’avant une analyse de classe pertinente et un souci conséquent de s’appuyer sur le matérialisme dialectique et historique. Il fait la critique indispensable de conceptions non-marxistes, et non pas la critique des individus eux et elles-mêmes. Néanmoins, le congrès s’est prononcé en majorité contre les conceptions contenues dans ce texte et les opportunistes se sont permis de faire moult commentaires condescendants à l’endroit des femmes prolétaires du PCR, révélant ainsi leur mépris de classe.
Parmi toutes les accusations présentées dans le communiqué, c’est probablement l’accusation de vol qui est la plus insultante. En effet, la clique opportuniste sait très bien qu’elle n’a jamais perçu, de manière sérieuse et respectueuse de l’effort de contribution des membres du Parti au Québec, les cotisations dans les cellules sous sa responsabilité. C’est donc dire que même si les opportunistes et leurs supporters composaient un peu plus de la moitié des forces du PCR pré-scission, sur plus d’un an, ils et elles n’ont versé qu’un dixième de l’argent donné par les camarades du Québec durant la même période. Pourtant, ces dernier-es sont, pour la grande majorité, des bas salarié-es, des retraité-es et des sans revenus, alors que certain-es opportunistes sont des boursier-es payé-es pour étudier les sciences humaines à l’université. Il n’y a aucune autre raison que le laxisme impudent de la clique opportuniste pour expliquer cette disproportion d’apport monétaire. Bref, la presque totalité des montants et des ressources accumulées par le Parti a pour origine les cotisations perçues et les revenus gagnés lors des activités organisées par les membres du district du Québec au cours des années. C’est aussi dire que la presque totalité des dépenses de congrès ainsi que la totalité des dépenses effectuées par la clique opportuniste ont été payées à partir des montants accumulés par le membership québécois. Nous n’avons rien volé du tout; nous avons tout simplement repris le contrôle de nos ressources… et pour cause, car il serait criminel de financer la diffusion de la ligne opportuniste!
Nous ne contesterons pas le reproche de la clique opportuniste concernant notre refus circonstanciel de respecter le centralisme démocratique, mais nous les pointons du doigt en retour: elle est la première à l’avoir entravé pour arriver à ses fins, et ce, avant même le dernier congrès. Toutefois, les marxistes ont une compréhension des principes qui échappe aux marxisant-es: le centralisme démocratique n’est qu’un outil pour mener à bien lutte des classes et non pas un impératif abstrait. Par conséquent, lorsqu’une organisation tourne le dos au prolétariat, pour la fraction révolutionnaire restante, la lutte des classes a préséance sur le centralisme démocratique. Maintenant que nous n’obéissons plus à la clique opportuniste et que nous avons concrétisé la scission nécessaire, nous avons réinstauré, dans le PCR, un centralisme démocratique qui n’a rien à envier à celui fétichisé par les éléments liquidateurs. Au contraire, il est au service de la lutte pour le pouvoir prolétarien.
La vraie raison de la scission: un réformisme à petite queue rouge
Le District du Québec s’est séparé du reste indigne du PCR pour défendre la lutte pour le communisme contre l’extinction qui la guette au Canada. Du même souffle, nous avons pris la tâche de rebâtir le Parti à travers l’ensemble du pays sur des bases révolutionnaires nettes. L’incapacité à faire une synthèse adéquate de l’expérience historique du mouvement communiste jumelée à une pratique essentiellement réformiste débouche sur ce que l’on pourrait caractériser comme étant une forme de maoïsme-révisionniste: un maoïsme fusionnant les pires pratiques de toute l’histoire du mouvement communiste (économisme, étapisme, opportunisme, social-démocratie) avec le post-modernisme, c’est-à dire l’empêtrement dans la lutte idéologique séparée d’une pratique révolutionnaire dirigée vers le prolétariat, et faisant une grande place aux idées «post-politiques» à consonance libertaire et aux pratiques sociales petites-bourgeoises. Le lien ténu qu’entretiennent les porteur-es du maoïsme-révisionniste avec la réalité prolétarienne favorise une propension à théoriser sur la classe ouvrière à partir de ressources académiques. Cela amène aussi à exagérer l’importance du point de vue progressiste petit-bourgeois (notamment celui que fait circuler l’intelligentsia de «gauche» qui domine les réseaux sociaux). Mais plus souvent qu’autrement, il s’agit de calquer l’expérience historique des autres sans en avoir une réelle maîtrise (fusse-t-elle seulement la capacité de déterminer ce qui est d’actualité et ce qui est révolu, etc.). Or comme le soulignait à grands traits un des documents de congrès, ce que nous concevons comme étant notre manière de construire le parti «recèle une part de spécificité et d’innovation». En simplifiant, on aurait pu dire la chose suivante: la lutte pour le parti et la révolution est entièrement balisée par les impératifs de maîtriser les enseignements fondamentaux du mouvement révolutionnaire international et d’innover aux niveaux pratiques et théoriques à partir de la réalité de la lutte des classes ici même au Canada.
Le maoïsme-révisionniste favorise l’abandon des concepts fondamentaux du marxisme comme «parti», «prolétariat», «mode de production», etc. au profit de l’adoption de concepts flous tels que «machine de guerre partisane», «personnes opprimées par le genre», «systèmes d’oppression», etc. Cette perspective débouche sur une exagération de l’importance accordée à certains secteurs hyper-marginalisés de la société, lesquels sont confondus avec le noyau dur du prolétariat. On décèle chez nos détracteurs une forte tendance à camoufler l’abandon de la centralité du prolétariat dans le processus révolutionnaire en abusant du concept de «masses»: en théorie on prétend défendre l’idée selon laquelle, dans les masses, le prolétariat est la force principale, mais en pratique on nie cette centralité. Le rejet du prolétariat comme principal sujet révolutionnaire est représentatif de plusieurs organisations «maoïstes» en Amérique du Nord. Dans les pays capitalistes développés, où l’exploitation est plus diffuse que dans les pays dominés, les éléments petit-bourgeois qui sont en colère contre les injustices de la société capitaliste vont s’investir dans les organisations des exploité-es et des opprimé-e-s dans lesquelles ils et elles importent spontanément leur conception du monde, qui est une conception éclectique faite de mélange d’idées bourgeoises et prolétariennes. Il faut donc une solide direction politique prolétarienne pour contrer cette tendance à l’édulcoration du maoïsme. De plus, étant donné leurs capacités et leurs disponibilités, ils et elles en viennent rapidement à transformer fondamentalement les organisations dans lesquelles ils et elles militent. Les idées petite-bourgeoises et les méthodes d’organisations petite-bourgeoises existent objectivement, elles dominent la sphère publique et elles régissent donc spontanément l’activité de nombreux militants et nombreuses militantes. La relecture anti-oppressive et idéologique du maoïsme que font les éléments petits-bourgeois qui assiègent le mouvement communiste nord-américain traduit un délaissement de la lutte des classes pour la transformation des rapports de production. Construire le Parti et la direction révolutionnaire de celui-ci exige d’aller à contre-courant du mouvement spontané petit-bourgeois. Dans le cas de notre Parti, ne pas aller à contre-courant aurait signifié être pris-es en tenailles entre les opportunistes d’un côté et les postmodernistes de l’autre, ce qui aurait eu pour effet, à terme, de faire complètement disparaitre la direction révolutionnaire du prolétariat canadien.
En plus de l’introduction massive d’éléments dissolutifs du marxisme empruntés au post-modernisme, le maoïsme-révisionniste, véritable altération du communisme dans les pays impérialistes, se caractérise par l’édification du maoïsme comme élément de rupture avec l’histoire du mouvement communiste international. Plus encore, il met de l’avant le rejet du léninisme et du rôle dirigeant du parti, s’élevant ainsi à un niveau d’opportunisme historiquement inégalé. Nous constatons qu’il y a trop de militants et militantes opportunistes dans les pays impérialistes qui n’ont pas la volonté réelle d’orchestrer la prise du pouvoir par les travailleur-es.
Le rejet de l’action révolutionnaire
Depuis sa fondation, le PCR se construit à travers l’action révolutionnaire. Sans la persistance et le déploiement de celle-ci, le Parti n’aurait pu progresser. Par conséquent, très tôt dans l’histoire du PCR, nous savions que notre progression, imputable à l’action révolutionnaire que nous menions, allait inévitablement importer une droite dans nos rangs. Plus encore, nous avions conscience que notre volonté d’avancer et notre avancement dans le combat contre la bourgeoisie canadienne allait faire émerger une droite: de lâches militants et militantes qui tournent impunément le dos aux exploité-es. Cette mécanique de validation des forces accumulées et d’exposition des opportunistes, nous l’avions résumée dans le mot d’ordre «Combattre et affronter l’ennemi». Le PCR opportuniste est une des incarnations de cette droite dont nous avions prédit le développement.
Selon les opportunistes, le District du Québec aurait fait montre de mauvaise foi quant à l’objet de la lutte dans le Parti en avançant qu’il s’agissait d’une lutte de lignes touchant, entre autres, aux questions de l’action révolutionnaire dans un pays impérialiste, et de la stratégie de la guerre populaire prolongée. De son côté, avant de procéder à l’expulsion des cellules québécoises, la clique mettait mensongèrement de l’avant que l’ensemble du parti était unifié autour de la stratégie de la guerre populaire prolongée et que la lutte ne portait que sur des conceptions divergentes «de la ligne de masse et spécifiquement sur le sujet du féminisme prolétarien, de la libération trans, du travail du sexe et des orientations du Parti envers les syndicats».
Comme nous l’avons mentionné plus haut, depuis le début de leur pitoyable campagne de relations publiques, les opportunistes cherchent à détourner l’attention et à éviter d’aborder les questions plus fondamentales qui touchent aux conceptions stratégiques du PCR. Pour ce faire, les opportunistes se drapent dans les ragots en cherchant à ramener l’enjeu de la rupture à des questions «organisationnelles et procédurales».
Il y a présentement deux partis qui se revendiquent du même nom. Il n’y en a qu’un qui soit réellement le PCR et c’est le nôtre. Nous et les opportunistes ne pouvons plus coexister au sein de la même organisation. Nous avons l’intention avouée de mener une lutte intransigeante contre la clique opportuniste qui, bien que se réclamant du maoïsme et du PCR, n’a jamais adhéré aux conceptions que notre parti a historiquement développées. Surtout, la clique opportuniste n’a jamais mis de l’avant une activité franchement révolutionnaire qui seule permet de forger l’unité indispensable entre ce que l’on dit et ce que l’on fait. Elle a préféré adopter les formes de lutte que sont l’économisme et les pratiques sociales petites-bourgeoises.
Pour prendre le contrôle du Parti et imposer sa ligne, la clique opportuniste devait, avant tout, identifier et neutraliser la base révolutionnaire du PCR, celle qui se trouvait, en l’occurrence, au Québec. Tactiquement, pour y parvenir, la clique a dû transiger avec sa propre base, qui est essentiellement composée d’universitaires, et se compromettre avec le postmodernisme. Il s’agit d’un compromis recouvert d’un vocabulaire qui emprunte au maoïsme, lequel est complètement édulcoré et construit sur des «slogans» dont l’effet premier est justement de permettre de scinder le dire et l’agir. Ainsi débarrassé de la contrainte soulevée par la réalisation de la ligne révolutionnaire, et puisqu’on privilégie la lutte «idéologique» au détriment de la lutte politique réelle, il est possible pour l’opportunisme de faire cohabiter le radicalisme des mots avec le réformisme des actions. Soulignons que ce communisme de la «phrase», que critiquait d’ailleurs Marx en son temps, se marie bien aux idées libérales et postmodernes.
Au Québec, le PCR s’est historiquement développé en cherchant à s’émanciper de la discipline imposée par la démocratie bourgeoise. Notre Parti reconnait quatre formes d’action révolutionnaire apparues dans l’histoire de la lutte des classes et objectivées par celle-ci. Ces quatre formes d’action révolutionnaire totalisent l’expérience accumulée du prolétariat international. Il s’agit de la propagande classique, de la propagande armée, de l’action révolutionnaire parmi les masses et de la guerre populaire prolongée – cette dernière étant la forme ultime, celle qui subsume toutes les autres. Ces formes sont objectivement nécessaires à la prise du pouvoir politique par la classe ouvrière. Au contraire, quoi qu’on en pense ou qu’on en dise, les formes de lutte adoptées par les opportunistes nous éloignent de l’atteinte de ce but. C’est l’objectivité même des formes qui fixe le contenu de l’action du parti révolutionnaire, à savoir l’acquisition de l’expérience dans la lutte afin de les maîtriser. Les formes objectives de l’action révolutionnaire sont donc au centre de l’activité des partis révolutionnaires. Ce sont elles que la bourgeoisie cherchera toujours à réprimer avec le plus d’intensité. La conceptualisation des quatre formes objectives de l’action révolutionnaire est la plus grande contribution du PCR au mouvement communiste. Elle le traverse et le porte plus loin. C’est le contexte de la présente lutte politique qui nous pousse à rendre publiques ces conceptions. Retenez surtout que cette conceptualisation est le produit de notre volonté de faire la guerre populaire au Canada. Le PCR qu’est le nôtre est une organisation qui vise à désarmer militairement l’armée canadienne et, par les armes, à arracher à la bourgeoisie du pays le pouvoir qu’elle détient.
Pour être réellement prises en charge, les quatre formes objectives de l’action révolutionnaire doivent se matérialiser dans des pratiques. On aura beau prétendre lutter pour le communisme autant qu’on veut, cela ne veut strictement rien dire si on ne travaille pas à s’emparer des formes objectives d’action qui nous y mènent. Aussi, le fait d’enrober d’une phraséologie révolutionnaire une pratique qui ne se distingue pas objectivement de celle des groupes réformistes est une trahison envers le peuple. La clique opportuniste est historiquement championne dans l’art de dissocier le dire et l’agir en se cantonnant, dans ce qui est autorisé par la bourgeoisie et, inversement, en rejetant l’action révolutionnaire.
La clique opportuniste dépeint la ligne du PCR comme une ligne construite sur des «vieilles idées». En effet, pour faire passer sa camelote pour du nouveau, la clique opportuniste a qualifié la ligne révolutionnaire du PCR de ligne périmée. Cela dit, les supposées «new ideas» se sont révélées n’être que la capacité illimitée de l’opportunisme d’enligner les phrases vides et de les présenter comme une application fidèle du MLM. Les idées mises de l’avant par la clique opportuniste quittent le monde de la lutte politique concrète pour les sphères éthérées de l’idéologique. Quand l’agir révolutionnaire cède tout son terrain à la pensée révolutionnaire abstraite, le renouveau des partis communistes révolutionnaires est entravé. Le communisme, ponctué de périodes de reflux, court le risque de ne devenir qu’une spéculation théorique sur le futur tout en étant pratiquement inexistant au niveau du combat politique. Les maoïstes canadiens du PCR(co) et les fondateurs et fondatrices du PCR n’ont jamais accepté l’immobilisme et l’attentisme des périodes de reflux. Ils et elles ont formulé une conception de la lutte telle qu’elle est objectivement induite par la lutte des classes et ont rejeté les conceptions non-scientifiques et idéalistes. Ils et elles se sont lancé-es à pied d’œuvre dans la période objective de préparation politique et de grandes initiatives politiques qui va de la constitution d’un noyau du Parti jusqu’au déclenchement de la guerre populaire. Au Québec, nous pérennisons ces orientations.
À présent, exemplifions nos divergences avec la clique opportuniste sur le plan de l’action. Alors que nous privilégions la mobilité – être partout pour répandre notre programme et nos perspectives partout! –, la clique opportuniste privilégie la fixité – se concentrer dans un lieu donné pour y mener une lutte revendicative exemplaire avec un petit groupe de personnes. Ainsi, notre MRO est conçu comme un dispositif du parti servant à intervenir à l’intérieur de tout le mouvement ouvrier. Il s’est donné comme tâche de visiter le plus grand nombre possible d’usines, en privilégiant celles dont le nombre d’ouvrierEs est le plus élevé. À l’opposé, dans les débats entourant le rôle du MRO, les opportunistes ont affirmé vouloir créer un syndicat rouge pour d’abord syndiquer les employéEs de petits patrons, tirant leur inspiration de la campagne que le IWW montréalais a menée dans un restaurant Frites Alors. C’est essentiellement à ce type d’activité – qu’ils appellent travail de masse – qu’entendent se consacrer les opportunistes. Cela permettrait d’accomplir une tâche primordiale, selon eux, dans la période actuelle, celle «d’améliorer immédiatement les conditions des masses», ce qui donnerait à celles-ci «une véritable raison matérielle» de nous prendre au sérieux. Peu importe si, abstraction faite du discours qui l’accompagne, leur travail est dans les faits identique à celui des organisations réformistes cantonnées dans l’action revendicative légale, ils diront que ce n’est pas du réformisme ou de l’économisme parce qu’ils lient consciemment cela à la révolution:
«C’est seulement en liant consciemment la lutte pour une réforme à la lutte révolutionnaire plus globale et en la subordonnant ouvertement au processus révolutionnaire qu’on ne tombera pas dans l’économisme.» («L’approche communiste du travail de masse», Arsenal no 9)
Ainsi, pour les opportunistes, c’est sur le plan subjectif qu’on échappe à l’économisme. En d’autres mots, peu importe la forme que prend la lutte et les moyens employés – il pourrait s’agir d’une campagne d’appels téléphoniques! –, peu importe s’il s’agit d’un type d’activité qui a le potentiel ou non d’affaiblir le régime bourgeois, ce qui compte, c’est d’y ajouter une petite queue rouge à la fin, par exemple, y ajouter les mots révolution et communisme. Selon un critère aussi large, il suffit d’y croire pour que ce soit révolutionnaire et… on pourrait même considérer qu’il y a une manière révolutionnaire de faire signer des pétitions!
Nous opposons à ce type de pratique ce que nous appelons l’action révolutionnaire parmi les masses. Il s’agit de la présence agissante des communistes à travers laquelle on amène les masses à sortir des limites de l’action revendicative légale en les entraînant à un affrontement soutenu et répété avec la bourgeoisie, favorisant ainsi l’élévation de leur conscience de classe, l’expression de leur colère et la libération de leur potentiel de destruction. L’organisation, l’agitation et la mobilisation en vue de manifestations de rue combatives, les grèves sauvages, les sabotages, et ainsi de suite, sont à ranger dans cette catégorie. L’action révolutionnaire parmi les masses permet d’organiser et de diriger l’activité des masses afin d’en faire une force matérielle ayant le potentiel d’attaquer et d’affaiblir la classe dominante.
L’action révolutionnaire parmi les masses, cette métabolisation de la capacité du Parti à diriger, représente un danger immense pour la bourgeoisie et pour l’opportunisme, car elle permet à la fois de révéler le caractère réactionnaire de la première (en affrontant la bourgeoisie le prolétariat s’unifie politiquement comme classe) et la faillite du second (parce qu’en se limitant à imiter ce que font spontanément les masses, il ne contribue en rien à la consolidation de classe du prolétariat). La seule perspective de travail révolutionnaire valable est celle selon laquelle les militants et militantes du parti saisissent la conjoncture et l’utilisent en faveur de la révolution avec un sens aigu de l’initiative et de la lutte politique pour le pouvoir.
La bourgeoisie ne se combat pas uniquement, ni même essentiellement, sur le terrain des idées. La lutte pour le pouvoir est une lutte entre deux forces matérielles qui entrent en collision et dont l’une cherche à anéantir l’autre. C’est donc dire que la violence est au cœur de la lutte politique. Organiser la révolution, c’est organiser des forces pour affronter la bourgeoisie et les mettre régulièrement en action, c’est accumuler ces forces jusqu’à ce qu’elles soient en quantité et en qualité suffisantes pour détruire l’État bourgeois. L’organisation des forces révolutionnaires passe nécessairement par l’affrontement: ce n’est qu’avec l’expérience directe de la confrontation avec l’ennemi qu’on développe les capacités nécessaires pour le vaincre. Les forces potentielles dont les capacités ne sont pas validées dans l’action ne peuvent tout simplement pas être considérées comme des forces révolutionnaires accumulées pour la simple raison qu’on ne sait pas de quoi elles sont capables et parce qu’elles n’accumulent aucune expérience.
Lors de notre dernier congrès, les opportunistes se targuaient d’avoir réussi à accroître considérablement le membership du Parti et brandissaient cela comme preuve de la justesse de leurs positions et de la qualité de leur «ligne de masse». Étrangement, impossible pour nous d’avoir une idée de ce que tout ce beau monde avait été en mesure de produire en termes d’action révolutionnaire; impossible de savoir quelles capacités nouvelles le Parti avait gagnées avec cet afflux de nouveaux membres. Cela ne semblait avoir aucune importance pour nos opportunistes, qui, aveuglés par leur pragmatisme, ne voyaient rien d’autre que le nombre de personnes assises dans la salle. En réalité, combien de ces nouvelles recrues étaient vraiment engagées dans le processus d’apprendre à combattre la bourgeoisie en la combattant? Combien ont déjà été confrontées, même minimalement, à la violence de la lutte politique (celle qui se déroule dans la vraie vie, pas seulement sur internet et sur les bancs d’école)? Cela ne semble guère préoccuper les opportunistes, pour qui la volonté de lutter et de se battre n’est qu’une approche parmi d’autres (!), l’important étant de faire participer le plus de gens possible autour d’une «ligne politique et organisationnelle correcte» (ce qui, une fois qu’on a décodé leur langage stéréotypé, veut dire rassembler dans une pièce le plus de gens adhérant en paroles au communisme que possible):
«Simplement, le militantisme, c’est la volonté de lutter et de se battre. Parfois, cela peut se traduire par un affrontement physique avec l’ennemi, la police ou les réactionnaires, mais ce n’est pas l’aspect le plus important. […] Le militantisme est parfois nécessaire, parfois pas: c’est une approche parmi d’autre. Dans la mesure où on applique la ligne de masse, toute tactique doit principalement viser à organiser et susciter la participation de la plus grande portion possible des masses autour d’une ligne politique et organisationnelle correctes.» («L’approche communiste du travail de masse»)
On n’a qu’à observer la différence entre ce qui s’est produit cette année lors de la manifestation du 1er mai à Montréal et ce à quoi ont ressemblé les manifestations organisées par le PCR opportuniste pour réaliser à quel point un abîme nous sépare, dans l’action, des opportunistes. Il n’y a qu’ici qu’on s’organise pour générer une véritable perturbation et pour confronter physiquement la police. Ailleurs au Canada, les manifestations du 1er mai prennent la forme de parades prévisibles et insignifiantes – quand elles ne sont pas tout simplement invisibles ou inexistantes en raison de la faiblesse de l’agitation et de la mobilisation de nos anciens camarades. Quand les opportunistes ne condamnent pas ouvertement ces expériences en les qualifiant d’aventuristes, ils expliquent la différence entre notre activité et la leur en insistant sur les conditions objectives prévalant ici et là. Pour eux, la combativité ne serait pas le résultat du travail d’organisation: elle découlerait principalement de facteurs extérieurs qu’on ne contrôle pas! Ainsi, ils se dédouanent de la responsabilité de produire des résultats et justifient leur refus d’organiser l’affrontement avec la bourgeoisie et d’assumer la violence qui vient avec. Ce refus s’est aussi manifesté dans le laxisme et le libéralisme dont les opportunistes ont régulièrement fait preuve en ce qui a trait aux mesures de sécurité élémentaires qui devraient normalement être mises en œuvre au sein d’une organisation révolutionnaire: divulgation d’informations secrètes sur internet (localisation des cellules, nombre de personnes sur le CC, révélations publiques sur la structure interne du parti, etc.), réunion du CC dans un local militant connu, partage de documents internes sur internet, téléphones cellulaires apportés aux abords du lieu du dernier congrès, etc. Il faut croire que lorsqu’on ne travaille pas réellement à organiser la révolution, on craint un peu moins la répression.
Poursuivons en abordant la question de la propagande classique. Cette dernière cimente toute notre activité en lui conférant une direction idéologique et politique. Mais qu’est-ce que la propagande? C’est un travail que nous faisons dans les masses afin d’y répandre les perspectives communistes et de faire connaître l’existence d’une initiative révolutionnaire. La propagande permet ainsi d’élever la conscience de classe du prolétariat en lui transmettant, sous la forme d’idées et par des moyens journalistiques, l’expérience de la classe ouvrière internationale. Elle révèle aux prolétaires la possibilité de la révolution. C’est pour cela que nous distribuons régulièrement nos journaux et nos tracts, dont le contenu est ouvertement maoïste, aux portes des usines, dans les quartiers populaires, dans les réseaux de transport, etc. C’est pour cela que nous n’hésitons pas à diffuser notre propagande révolutionnaire le plus massivement possible, dans toutes les sections du peuple. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons récemment relancé le journal Partisan, décision qui, aussi ahurissant que cela puisse paraître, nous a été reprochée par les opportunistes dans leur communiqué d’expulsion. On peut légitimement se demander pourquoi des communistes s’opposeraient à la parution et à l’impression d’un journal communiste. Mais comme toujours, l’opportunisme laisse des traces qui sont visibles. Voici ce qu’écrivait un des leaders opportunistes, en 2010, sur le site du Social Revolution Party:
«We know the old strategy of standing on a corner hocking newspapers is bankrupt. There are enough groups doing that already, and if that were the way forward, the revolution would already have happened. The reality is that it isn’t 1917 anymore, and our base has to be built on the personal relationships we build in a sea of atomization.»
La clique opportuniste adhère visiblement encore à ces idées médiocres. Cela explique pourquoi, lors d’une tournée récente dans l’Ouest canadien, et qui était organisée par la clique opportuniste, aucune diffusion dans les masses ne fut planifiée – la tournée ayant servi exclusivement à rencontrer une poignée de contacts faits sur internet.
Les opportunistes pensent que les masses ne peuvent pas être réceptives à la propagande révolutionnaire. Dans la période actuelle, il faudrait d’abord, selon eux, les approcher en leur parlant de leurs besoins immédiats et en leur proposant des campagnes pour des réformes. C’est précisément ce qu’affirme un autre leader opportuniste dans le texte «L’approche communiste du travail de masse», paru dans le dernier numéro de la revue Arsenal lorsqu’il écrit: «Les révolutionnaires ont besoin de parler aux masses là où elles sont, d’une manière qui influence directement leur vie au jour le jour et en s’adressant concrètement à leurs expériences quotidiennes; actuellement, cela prend largement la forme de réformes ou de campagnes spécifiques.»
Voilà une façon spontanéiste et économiste de comprendre le lien que nous devons entretenir avec les masses. Se cantonner dans cette politique du reflet, c’est-à-dire parler de la pauvreté aux pauvres, des mauvaises conditions de travail aux travailleur-es, du racisme aux immigrant-es, etc., c’est-à-dire s’arrêter exclusivement sur les particularités et les différences entre les secteurs des masses, est une pratique qui découle de postulats anti-oppressifs petits-bourgeois qui renforcent l’état spontané de désunion de la classe ouvrière. Or le prolétariat ne se constitue en classe qu’en luttant contre la bourgeoisie dans l’intérêt commun de ses membres. La force et l’ampleur de l’unité de classe dépend alors du contenu et du degré d’universalité de la lutte. Par conséquent, plus les objectifs de la lutte apparaitront comme ceux de la classe toute entière, plus ils apparaitront vitaux, et plus grande sera l’unité de la classe et plus forte sera l’antagonisme avec l’ennemi de classe. Il ne faut donc pas seulement se limiter au quotidien des masses: il faut introduire les perspectives du changement révolutionnaire.
C’est sa compréhension partielle du rôle des communistes et de leur propagande dans les masses qui explique pourquoi la clique opportuniste s’est opposée à ce que le Parti entreprenne en 2017 un effort de propagande intense pour souligner le 100e anniversaire de la Révolution bolchévique sous prétexte que nous n’étions pas un collectif d’historiens et que la Révolution d’Octobre n’intéressait pas les travailleurs et travailleuses. Alors que nous nous efforçons d’élever la propagande révolutionnaire, en connectant l’expérience historique du prolétariat international à l’expérience directe et actuelle du prolétariat canadien, les opportunistes préfèrent rabaisser la propagande au niveau de la réalité vécue des masses, chose que font déjà très bien les médias et organisations réformistes.
Une conception erronée du rôle du Parti
L’avant-dernier congrès du Parti – un congrès spécial qui visait principalement à corriger certaines faiblesses, notamment au niveau de la propagande et au niveau du renouvèlement d’une partie de l’équipe dirigeante – invitait tous et toutes les membres à reconnaître que le PCR se construisait dans une perspective qui est tout à fait singulière dans le contexte canadien, et probablement même dans celui du mouvement communiste en Amérique du Nord, car il tend à «se développer comme un parti révolutionnaire complet». Effectivement, notre conception du Parti, est celle du Parti complet, c’est-à-dire un organe ouvrier qui dirige la révolution prolétarienne et qui prend le pouvoir. Pour y parvenir, il doit obligatoirement occuper l’entièreté du spectre politique, idéologique et tactique. Les bases du léninisme stipulent que le Parti doit assumer toutes les formes d’action révolutionnaire. Il doit également casser tous les intermédiaires entre lui et les masses afin d’en élever la conscience révolutionnaire. Le Parti complet est, en somme, celui qui conduit le prolétariat vers la GPP de même que celui qui dirige la GPP.
Déjà, à l’époque de l’avant-dernier congrès, la clique opportuniste dédaignait les idées et les pratiques relevant de cette conception du Parti. Paradoxalement, ce sont ces mêmes idées et pratiques qui lui ont permis d’avoir un rayonnement. Aujourd’hui, elle ne fait que formuler, de manière décomplexée, son dédain pour la conception du parti communiste complet dont l’expansion du PCR dans le reste du Canada est pourtant tributaire.
Notre Parti s’est construit sur une compréhension de la dialectique entre les petits et les grands mouvements. C’est la réponse qu’il a trouvé à l’inévitable question des grands nombres: comment organiser le rapport entre un petit groupe de révolutionnaires organisé-es et le grand bassin du prolétariat, et donc, comment, un jour, faire basculer un large pan de la population dans le camp de la révolution? La dialectique entre les petits et les grands mouvements dicte une façon méthodique de se construire et d’intervenir dans les masses. Elle ne permet pas de faire des détours inutiles tels que de tenter de bâtir un mouvement ouvrier alternatif. Ce que le parti appelle ses petits-mouvements (MRO, MER, FFPR, FRJ, etc.) sont une composante majeure de cette méthode de construction. Ils participent au rayonnement et à l’influence du Parti, dans le prolétariat, qu’il doit sans cesse chercher à décupler. Dans cet ordre d’idées, il est impensable que le PCR ne dirige pas pleinement les structures qu’il met en place. Ce qu’un Parti communiste crée, il doit le diriger, et ce qu’il ne crée pas, il doit chercher à le diriger, sans quoi, il donne les armes à la bourgeoisie pour qu’elle le liquide.
L’enlignement de la clique opportuniste conduit le Parti à être le maillon faible, car selon sa conception, ce sont les organisations de masse qui dirigent le parti. Cela traduit également sa vision selon laquelle il est impossible de construire un parti communiste révolutionnaire au Canada à l’heure actuelle. À ce propos, un des principaux membres de la clique opportuniste écrivait dans la neuvième édition de l’Arsenal:
«Dans le contexte canadien, les organisations intermédiaires sont particulièrement importantes: alors qu’il existe un certain nombre de partis qui se sont fixé la tâche de devenir l’avant-garde du prolétariat canadien, aucun parti (y compris le nôtre) n’a encore atteint cet objectif.»
Au cœur de la mise sur pied des petits-mouvements se trouvent des problèmes indéniables que le Parti tente de résoudre en se construisant dans le mouvement réel (pas à côté!). D’abord, l’avant-garde communiste dans un pays comme le Canada est restreinte et faible. Il faut donc former des nouveaux et nouvelles communistes. Ensuite, une des composantes spontanées de l’avant-garde qu’étaient historiquement les intellectuel-les (p. ex., le jeune Marx ou encore le jeune Lénine) sont actuellement des forces contraires au mouvement communiste et opposées à l’idée de Parti: la démocratie bourgeoise les a domestiqué-es et intégré-es pleinement en son sein en leur octroyant toute la liberté à laquelle ils et elles aspiraient. Aussi, à l’état avancé du capitalisme, tout est mûr pour le socialisme. Les feux brûlent partout dans la classe ouvrière. Il nous faut donc sans attendre déployer le Parti et préparer la guerre populaire pour prendre le pouvoir dans un avenir rapproché. Les problèmes que nous avons énumérés sont le propre de la période qui est la nôtre. Faire la révolution au Canada aujourd’hui en tant que petit groupe révolutionnaire, c’est-à dire prendre en charge les quatre formes objectives d’action révolutionnaire, pose des défis qui sont étrangers au mouvement communiste du début du siècle dernier alors que tous les partis communistes dans le monde avaient des milliers et des milliers de personnes à leur disposition dès leur fondation.
Cette compréhension, les opportunistes la rejettent. La ligne opportuniste conçoit plutôt les petits-mouvements comme des organisations intermédiaires ou de masses, c’est-à-dire comme des organisations dont l’orientation politique et le mode de fonctionnement est plus vague que celui du Parti, mais se situant dans son orbite. Selon les opportunistes, le but de ces organisations intermédiaires est de se substituer aux organisations déjà existantes des masses.
Plus concrètement, pour les opportunistes, les petits-mouvements fonctionnent avec leur propre régime de démocratie et sont indépendants de la direction du PCR. La direction du Parti s’exercerait alors par l’entremise de l’influence de ses militants et militantes sur ces organisations, c’est-à-dire que les petits-mouvements échappent en partie ou en totalité à la direction du parti. Selon les opportunistes, viser à ce que le parti dirige les structures qu’il met en place pour se lier aux masses relèverait d’une erreur «bureaucratique», c’est-à-dire de chercher des solutions bureaucratique à des problèmes politiques.
La clique opportuniste est dans l’erreur en cherchant à substituer nos dispositifs aux organisations déjà existantes des masses. En concevant nos petits-mouvements comme des substituts aux grands mouvements (syndicat rouge pour remplacer les syndicats existants; association étudiante révolutionnaire pour remplacer les associations étudiantes existantes, etc.), on restreint l’influence directe du Parti dans les grands mouvements en ajoutant des intermédiaires, c’est-à-dire les organisations-substituts entre le parti et les masses. C’est là une conception erronée du travail de masse que doit mener une organisation révolutionnaire à une étape où toute l’activité des communistes devrait être commandée par la préoccupation d’assurer la pénétration des idées et des pratiques révolutionnaires dans la classe ouvrière et dans les masses prolétariennes. Le principal problème avec la conception des organisations qui est soutenue par la clique opportuniste, c’est qu’elle nous mène à nous séparer des masses (former des organisations-substituts) sous prétexte de nous lier avec elles: on ne saurait faire montre de plus de confusion. Depuis le Manifeste du Parti communiste, nous savons que les communistes se distinguent des masses sur deux points: ils et elles font toujours prévaloir les intérêts indépendants et communs du prolétariat et ils et elles représentent toujours les intérêts du mouvement prolétarien dans sa totalité. Par conséquent, pour réaliser la tâche révolutionnaire que Lénine décrivait avec justesse dans Que Faire?, à savoir opérer la fusion entre le socialisme scientifique et le mouvement ouvrier, les communistes engagé-es dans la lutte pour la révolution n’ont pas à prendre la place des syndicats, des associations étudiantes et des autres organisations des masses pour que les luttes deviennent plus combatives. C’est bien plutôt en intervenant sur des bases communistes dans ces luttes qu’ils et elles parviendront vraiment à ce que ces luttes soient non seulement plus combatives, mais également révolutionnaires. En construisant le MRO, le FFPR, le MER et le FRJ, nous ne demandons pas aux prolétaires, aux femmes prolétariennes et à la jeunesse de choisir entre leur syndicat, leur association étudiante, etc. et nos mouvements. Nous organisons plutôt à travers nos petits-mouvements des prolétaires, femmes et jeunes gagnées aux idées communistes pour qu’ils et elles puissent introduire les idées et pratiques communistes dans les syndicats, associations étudiantes, groupes de femmes, etcetera. Pour se lier aux masses, il faut être là où elles sont.
La conception erronée du rôle du Parti défendue par la clique opportuniste se révèle de manière particulièrement scandaleuse quand nous en venons au sujet inéluctable de la guerre populaire prolongée (GPP), et encore plus manifestement lorsqu’il est question de son déclenchement. Ce dernier est la plus grande manifestation de la direction du Parti. Il s’agit d’une initiative politico-militaire consciente qui inaugure un affrontement militaire soutenu avec la bourgeoisie. Sans déclenchement, il ne peut y avoir de GPP.
Les positions défendues par la clique opportuniste, que cela soit dans des textes, interventions ou bien déclarations faites sur internet, révèlent des conceptions contraires à celles du PCR sur la guerre populaire prolongée, dont elle remet en question certains des principes universels et fondamentaux à un tel point que les perspectives qu’elle endosse réellement correspondent, à quelques nuances près, à la stratégie insurrectionnaliste du RCP-USA.
La vision défendue dans le texte L’approche communiste du travail de masse, selon laquelle la construction du parti doit se faire à travers la mise en place d’une pléthore d’organisations de masse ou intermédiaires autonomes servant à mener des campagnes pour des réformes, est le fruit d’une conception stratégique erronée. Selon cette conception, la progression vers la révolution comporterait d’abord une longue phase de lutte économique (rappelant étrangement la longue phase de travail légal du schéma insurrectionnaliste classique), suivie d’une période plus ou moins longue de défense armée des organisations de masse contre la répression que l’État bourgeois aura commencé à faire s’abattre sur celles-ci en raison de leur accroissement et de leur succès grandissant. Cette deuxième période correspondrait à la première phase de la guerre populaire, c’est-à-dire à la défensive stratégique (le mot défensive ayant été pris au pied de la lettre!). C’est ce qu’on trouve résumé dans cet extrait éloquent:
«Au fur et à mesure que notre travail de masse obtiendra du succès et que notre parti et les organisations de masse se développeront, nous allons inévitablement subir une répression accrue de la part de l’État. La défense des organisations révolutionnaires de masse deviendra une partie essentielle de notre travail de masse, pour s’assurer de sa poursuite. Cette défense pourra donner lieu à une confrontation violente avec l’État. La défense énergique des organisations de masse et de leurs activités contre la répression de l’État peut constituer une étape de l’ouverture de la défensive stratégique en milieu urbain. Dans la mesure où les organisations de masse constituent l’embryon de ce qui deviendra les institutions du socialisme, la capacité de les défendre est au cœur de la mise en place d’un double pouvoir.»
Ainsi, selon cette vision, le déclenchement de la guerre populaire (pour autant que l’on veuille encore appeler cela guerre populaire) est tributaire de facteurs qui sont en dehors de notre contrôle: il survient au moment où l’État bourgeois décide de nous attaquer – le moment où la «confrontation violente» débute.
La conception que nous défendons est complètement à l’opposé de ce point de vue. Au cœur de la stratégie de la guerre populaire prolongée se trouve la lutte contre l’aléatoire et le contingent. L’avancement stratégique vers la prise du pouvoir doit être conditionné principalement par le développement de notre propre activité révolutionnaire, sans quoi on finit par être dominé par les circonstances extérieures. Ainsi, pour nous, le déclenchement de la guerre populaire ne peut être rien d’autre qu’une initiative politico-militaire du parti. Laisser toute l’initiative à la bourgeoisie équivaut à signer l’arrêt de mort de la révolution. Toute la période qui précède sert à accumuler les forces et à développer les capacités nécessaires pour initier la guerre populaire. L’accumulation des forces est le processus à travers lequel le Parti se construit en prenant graduellement en charge les trois premières formes objectives de l’action révolutionnaire, jusqu’à ce qu’il en ait développé une maîtrise suffisante pour passer à la quatrième forme, laquelle englobe les premières. Pendant cette période, il est important de ne pas s’en tenir au travail légal, mais d’accorder une place de plus en plus grande au travail illégal. Il est aussi primordial de contester le monopole de la violence de la bourgeoisie en intensifiant progressivement le niveau de la violence révolutionnaire. À la lecture de cet extrait du texte La guerre populaire prolongée est la seule voie révolutionnaire (Socialisme Maintenant! no 8) publié par le PCR(co) en 2002, on comprend que c’est la réussite de nos objectifs dans la période préparatoire qui détermine le passage à la défensive stratégique, et non pas des conditions extérieures à notre propre activité:
«On peut ainsi déterminer que la guerre populaire prolongée doit passer par une étape préparatoire: celle de la propagande armée, qui est la combinaison entre la construction du parti communiste révolutionnaire, le développement de l’embryon de l’armée rouge et la lutte des masses. Cette étape conditionne (la tactique militaire dépend du niveau de la technique militaire, c’est Engels qui a répété cette vérité) le passage à la prochaine étape – celle de la défensive stratégique, dans laquelle vont se modifier le mouvement politique et revendicatif des masses, l’activité politique révolutionnaire et l’activité combattante révolutionnaire. En synthèse, cette période est stratégiquement défensive, mais tactiquement offensive.»
On apprend aussi, dans cet extrait, que la première phase de la guerre populaire est tactiquement offensive. Il faut en comprendre que malgré son nom, la défensive stratégique est constituée presqu’exclusivement d’opérations militaires offensives. Au départ, les unités de partisan-es opèrent dans des zones de guérilla urbaine et mènent une guerre d’usure contre les forces armées de la bourgeoisie. Il n’y a pas de territoire à défendre coûte que coûte, pas de nouveau pouvoir révolutionnaire à protéger.
Au contraire, les opportunistes voient la défensive stratégique comme une période tactiquement défensive. Pour eux, cette période serait marquée par une grande effervescence des masses. Les luttes économiques auraient désormais un aspect armé, mais les actions de l’armée rouge seraient principalement défensives, ayant pour objectif de protéger les masses en lutte: défense de grèves, d’occupations de terrains, etc. contre la répression de l’État bourgeois. Il ne s’agit pas d’une guerre de guérilla, d’un affrontement militaire soutenu où l’on cherche à désarmer progressivement la bourgeoisie et à armer le camp du peuple, à conserver nos forces et à anéantir celles de l’ennemi.
Dans l’extrait précédemment cité, on apprend également que la propagande armée est une composante incontournable de la période préparatoire au déclenchement de la GPP. Notre Parti conçoit la propagande armée comme étant l’utilisation de moyens armés, dirigés contre des biens, des instances, des appareils organisés, des moyens et dispositifs de la bourgeoisie, occasionnant leur destruction partielle ou totale, comme support ou véhicule d’un discours révolutionnaire servant fondamentalement la construction du parti. La propagande armée permet de démontrer la possibilité d’affronter victorieusement (même à une échelle réduite), les armes à la main, la bourgeoisie et ses forces de défense. C’est une forme de propagande qui permet de s’adresser à la nation entière, à la société dans sa totalité.
Dans tous les textes importants du PCR portant sur la guerre populaire prolongée (Le parti communiste doit mener la guerre révolutionnaire dans les pays impérialistes, Les bases urbaines du maoïsme, La guerre populaire prolongée est la seule voie révolutionnaire), il est affirmé que la propagande armée doit être utilisée dans toutes les phases de développement du parti et de la révolution, y compris dans la période d’accumulation des forces précédent le déclenchement de la guerre populaire. Cela ne semble pas avoir été bien assimilé par la clique opportuniste dont un porte-parole, il n’y a pas si longtemps, affirmait sur le groupe Facebook Communism 101 – son véhicule de prédilection pour la propagande – que l’aspect armé du processus révolutionnaire apparaît seulement avec le déclenchement de la guerre populaire:
«Revolution advances broadly through the following phases: gathering of forces, strategic defensive (opening of the armed aspect), strategic equilibrium (establishment of base areas, and strategic offensive (expansion of base areas).»
En fait, la clique opportuniste refuse de faire la distinction entre la propagande armée – qui est essentiellement, rappelons-le, une forme de propagande – et les opérations militaires des détachements de partisan-es lors de la guerre populaire prolongée. Ainsi, l’emploi de moyens armés est pour eux indissociable de l’existence d’une armée du peuple et donc impensable dans la période d’accumulation des forces dans laquelle nous nous trouvons.
Le même porte-parole public de la clique opportuniste a affirmé, à plusieurs reprises, sur la même plate-forme, que le passage à l’offensive stratégique serait très rapide (une question d’heures!), et que la dernière phase de la guerre populaire serait également très courte:
«The period of dual power will be protracted (strategic defensive), the strategic equilibrium may very well last a couple of hours and will look like something akin to an insurrection, but the strategic offensive will have to be achieved quite quickly.»
Encore, ce même porte-parole, sur la même plate-forme, a aussi affirmé, à plusieurs reprises, que la constitution de bases d’appui en milieu urbain, dans le contexte d’un pays impérialiste comme le Canada, était impossible, comme on le constate dans la citation suivante où il écrit: «I don’t think urban base areas are possible in any meaningful sense, and I think that the transition from strategic defensive to strategic equilibrium will be short in imperialist countries.» Cela contredit l’expérience historique du prolétariat armé. Cela contredit le programme du PCR dans lequel on peut lire que «la construction de bases d’appui et leur utilisation pour commencer les transformations sociales avant même la prise du pouvoir» est l’un des principes universels, applicables partout, de la guerre populaire prolongée. De même, le texte Les bases urbaines du maoïsme introduit la perspective des bases d’appui tout en l’intégrant à un processus dialectique: «Au début, les unités de partisans fonctionneront probablement dans des zones de guérilla. Ce n’est qu’après la prise de centres urbains, que devraient apparaître les bases d’appui temporaires, puis les bases d’appui stables. L’expérience du mouvement communiste nous enseigne qu’il est possible de créer de telles bases. Pour ce faire, les révolutionnaires doivent s’appuyer résolument sur les masses et procéder à partir d’elles en construisant les bases politiques permettant la création de bases d’appuis stables, selon la ligne ne pas avoir/avoir, de petit/à grand, d’imparfait/à plus que parfait.»
Une guerre populaire prolongée dans laquelle on ne crée pas de bases d’appui n’en est pas une. Pour reprendre l’expression de Gonzalo, les bases d’appui constituent l’épine dorsale de la guerre populaire prolongée. En effet, au cœur de cette stratégie se trouve le principe selon lequel le nouveau pouvoir se constitue graduellement dans le temps et dans l’espace, «de petit à grand, d’imparfait à plus que parfait», comme on peut lire dans la citation précédente. Ce principe est à l’opposé du postulat insurrectionnaliste selon lequel le pouvoir révolutionnaire s’établit rapidement sur une portion significative du territoire après une offensive militaire déterminante et de grande ampleur lancée quand les conditions objectives sont jugées favorables. C’est précisément ce deuxième postulat que défend la clique opportuniste en affirmant que le passage de l’équilibre à l’offensive stratégique sera très rapide et en soutenant que la création de bases d’appui est impossible au Canada.
La conception stratégique des opportunistes conduit au même attentisme et à la même passivité qu’induit le schéma classique de l’insurrection. Pour eux, la guerre populaire est un horizon lointain plutôt que quelque chose que l’on construit dès aujourd’hui. Cela transparaît dans leur refus d’organiser dès maintenant l’affrontement avec la bourgeoisie, dans leur rejet de l’action révolutionnaire.
Une lutte pour la défense du communisme
Du SRP à la clique opportuniste: un véritable cancer pour le mouvement révolutionnaire canadien
La clique de militants et de militantes en provenance du SRP ayant faussement rallié le PCR, dans la foulée du G20 et du CRC de Toronto, s’est développée comme la gangrène au sein de notre organisation.
N’ayant jamais réellement reconnu la guerre populaire prolongée comme la stratégie révolutionnaire du Parti, cette clique a cherché, tout au long de son parcours, à en distordre les fondements pour pouvoir mettre à l’ordre du jour son propre agenda: un collage des pires pratiques opportunistes et réformistes jumelé d’un appui en paroles à une éventuelle confrontation avec l’État bourgeois. Cette éventuelle confrontation imaginée est un amusement pour dilettante, du véritable subjectivisme petit-bourgeois. C’est une construction pure et simple servant à justifier l’ensemble de ses pratiques actuelles ancrées dans la démocratie bourgeoise. Les opportunistes veulent nous faire croire que l’ensemble de leurs pratiques réformistes actuelles vit à crédit: un moment salvateur où tout prendra enfin son sens serait sensé survenir dans un avenir hypothétique. Après trente ans de marais obscènes et opportunistes, l’État bourgeois serait sensé attaquer un château de cartes. Pour les opportunistes, c’est seulement à ce moment, qu’il serait possible de poser les questions stratégiques et militaires de la révolution… et encore, seulement si elles sont posées dans la perspective d’une défense proportionnelle au niveau de la conscience de classe moyenne des masses! En attendant, toutes tentatives de le faire seraient de l’aventurisme.
Le rejet des formes objectives de l’action révolutionnaire sont autant d’initiatives laissées à l’ennemi. L’ensemble de l’œuvre de la clique opportuniste est un abandon complet du rôle dirigeant du Parti, lequel doit pourtant culminer dans sa capacité à déclencher et à diriger la guerre populaire. Un amateurisme si outrancier que celui de la clique opportuniste ne mérite pas d’attention, mais il reste que les manœuvres et les mensonges petits-bourgeois ont fait en sorte que:
• Les militants et militantes du SRP se sont établi-es dans notre organisation en présentant systématiquement leur position révisionniste et leur version du programme du PCR à leurs recrues. Ils et elles ont créé un parti dans un parti;
• Ils et elles se sont organisé-es et consolidé-es en utilisant à leur avantage les contributions théoriques du PCR et l’ensemble du travail pratique que le Parti a mis de l’avant dans la lutte contre la bourgeoisie, et ce, de manière à se développer beaucoup plus rapidement que s’ils et elles avaient poursuivi leur travail risible dans le SRP. Tel-les de véritables parasites, d’un côté, ils et elles ont utilisé l’aspect radical d’une adhésion en paroles à la guerre populaire pour masquer leur opportunisme et, de l’autre côté, ils et elles sont venu-es discréditer, à mesure que leur influence augmentait, le travail révolutionnaire du parti en le qualifiant d’aventuriste, et en l’accusant d’abandonner la ligne de masse et de devancer l’état de conscience général du prolétariat;
• Ils et elles ont versé dans les manœuvres et se sont servi à profusion de mensonges petits-bourgeois pour lancer des campagnes antiparti, visant parfois même à diffamer des membres du PCR à Montréal. Ils ont utilisé l’intimidation pour diviser le camp du prolétariat et tenter de faire taire les révolutionnaires du Parti. Ils ont manœuvré et utilisé à leur guise des saboteur-es qui sont allés jusqu’à menacer de s’en prendre à l’intégrité physique de nos camarades. Ils et elles ont procédé à la stigmatisation systématique des éléments prolétariens de notre organisation, en particulier les femmes, en faisant en sorte que toute contestation d’une ligne petite-bourgeoise sur le genre et le rôle des femmes dans la révolution soit suivie d’une humiliation publique;
• Ils ont lentement accumulé et positionné leurs pions pour pouvoir ultimement jouer leurs cartes au dernier congrès et tenter de mettre enfin à l’ordre du jour leurs propres positions, leur propre programme, leurs propres perspectives stratégiques et leur liquidation de la révolution. C’est au dernier congrès que ce mouvement antiparti a pris sa forme décomplexée. Cette cabale s’est terminée par la rupture complète et définitive entre nous et les opportunistes. La nouvelle période de reconstruction du Parti communiste révolutionnaire s’est ouverte avec l’amputation du membre gangrené qu’était la clique opportuniste;
• La possibilité de voir ces perspectives se développer, voire se répandre, nous oblige à lutter à mort contre elles. C’est un combat pour la défense du communisme que le PCR entend mener, coup après coup, lutte après lutte, tant et aussi longtemps que l’entièreté du pays ne sera pas devenu un territoire hostile aux opportunistes.
La fusion de deux mouvements toxiques
Dans notre lutte face aux opportunistes canadiens, nous avons rencontré une manifestation directe d’une nouvelle forme de révisionnisme historique. La force que la clique d’opportunistes en provenance du SRP a réussi à mettre en branle provient de la fusion de deux mouvements toxiques:
• D’une part, la clique opportuniste s’est regroupée autour des pires conceptions réformistes et opportunistes ayant été rejetées par le mouvement communiste international, autour de l’économisme, autour de l’intégration à la démocratie bourgeoise et à la discipline qu’elle impose, autour de la confusion stratégique et autour de l’abandon de la lutte pour la conquête du pouvoir.
• D’autre part, les opportunistes canadien-nes ont fusionné avec les post-modernistes et leurs idées étrangères au marxisme. Cette fusion s’est produite à travers une spécialisation dans les secteurs universitaires qui a mené à l’intégration massive d’éléments petit-bourgeois. Cette fusion a aussi été facilitée par la perméabilité à l’idéologie anti-prolétarienne propre à la superstructure des pays impérialistes où le mode de production capitaliste subit une crise de longue durée. Cette fusion avec un bassin d’universitaires a été opérationnalisée par la mise en place du RSM. L’un des produits les plus toxiques qui en a résulté est le rejet du prolétariat comme sujet révolutionnaire. À ces éléments universitaires, le programme du PCR a été systématiquement présenté comme incomplet et en grande partie erroné. Du même souffle, les opportunistes ont promis à leurs recrues que le programme serait modifié dans le futur pour assurer le recrutement d’un bassin hostile au programme historique du parti.
Ils et elles ont usé de fausses accusations, de mensonges et de manœuvres petite-bourgeoises pour diriger l’attention de cette base universitaire sur des fausses accusations, mais aussi pour focaliser l’ensemble de la confusion des membres universitaires sur une critique à notre endroit, celle de ne pas avoir accepté et compris les idées et les pratiques qu’ils et elles ont mises de l’avant.
Une révision de l’histoire du mouvement communiste
Cette force politique tolérable pour la bourgeoise (et intolérable pour nous!) s’est développée en cherchant à se donner une légitimité au sein des autres forces de gauche dans les pays impérialistes. L’union des deux mouvements toxiques, telle que présentée précédemment, a cherché à se consolider sur la base de sa propre relecture de l’expérience du mouvement communiste international:
• En trouvant des expériences à répudier pour se mettre en valeur devant d’autre forces de gauche et pour justifier l’intégration de concepts étrangers au marxisme tels que «identité de genre», «système d’oppression», etc.;
• En revisitant, selon son subjectivisme petit-bourgeois, et avec un fétichisme de droite, des expériences anciennes pour faire valoir le maoïsme au sein des forces de gauche dans les pays impérialistes;
• En venant systématiquement ternir le léninisme, le rôle dirigeant du parti et l’ensemble de l’époque historique de luttes contre l’économisme et l’opportunisme qui a servi de base matérielle à l’émergence du léninisme;
• En inventant un maoïsme inexistant qu’elle place en rupture avec l’ensemble du mouvement communiste international, un maoïsme qui viendrait corriger les défauts et les erreurs de la période antérieure en permettant au mouvement communiste de recommencer à neuf; en défendant un copier-coller des pires déviations des social-démocrates, des franges de droite des partis communistes de la 3e Internationale, des points de vue insurrectionnalistes étroits, et des pires pratiques du mouvement ML;
• En ne maîtrisant aucune question et dimension militaire; en s’embourbant dans des accusations d’aventurisme sans même maitriser l’ABC de l’expérience militaire du prolétariat international; en entretenant de l’opacité sur l’importante distinction entre la propagande armée et la lutte armée.
Les cinq composantes des opportunistes canadiens
et du maoïsme révisionniste
Nous reconnaissons au maoïsme-révisionniste, tel que nous le comprenons et le combattons aujourd’hui, cinq grandes composantes:
1. Le positionnement du maoïsme comme élément de rupture face à l’expérience du mouvement communiste international;
2. L’élévation à un niveau qualitativement supérieur de l’opportunisme historique dans les pays impérialistes par le rejet du léninisme et du rôle dirigeant du Parti;
3. Le rejet du prolétariat en tant que sujet révolutionnaire et la soumission complète aux perspectives bourgeoises par l’introduction massive d’éléments dissolutif du marxisme;
4. Le confinement de la grande majorité du maoïsme dans une version anhistorique de la révolution culturelle et l’importance d’une relecture anti-oppressive et idéologique aux dépens de la lutte des classes pour la transformation des rapports de production;
5. Le refus de la guerre populaire comme élément totalisant du maoïsme unifiant et prolongeant l’ensemble de l’expérience internationale du prolétariat révolutionnaire.
Un parti, un programme, une stratégie et des organisations qui ne sont pas les nôtres!
• Un parti où la clique opportuniste en lutte pour la direction du CC sabote volontairement la préparation du congrès en refusant de rencontrer les camarades révolutionnaires pour mieux préparer son offensive au congrès; où les cellules sous sa direction traduisent des textes antipartis secrets au lieu des textes de préparation au congrès; où les magouilles et les attaques anti-prolétariennes dominent!
• Un parti où l’entièreté du programme est réécrite pour plaire à la fraction universitaire postmoderniste, pour s’assurer de gagner la direction du Parti en sacrifiant les acquis des révolutionnaires et pour s’assurer de la fusion des deux mouvements toxiques!
• Un parti où la continuation du PAM se trouve dans une version opportuniste de la guerre populaire et où l’ensemble des pratiques opportunistes et réformistes passe inaperçu derrière une adhésion en paroles à la révolution!
• Un parti où la clique opportuniste a mené une lutte ouverte (particulièrement durant les deux dernières années) contre chaque progrès et chaque gain dans l’avancement stratégique vers le déclenchement de la guerre populaire, et ce, en les dénonçant et les stigmatisant comme de l’aventurisme!
• Un parti se construisant grâce au retour de la ligne opportuniste des organisations intermédiaires historiquement rejetée par le mouvement ML au Québec!
• Un parti se construisant principalement sur une conception selon laquelle la ligne de masse équivaut à du travail réformiste sous le couvert de l’appellation «travail de masse» et selon laquelle il ne faut surtout pas brusquer la conscience du prolétariat par autre chose que les pires clichés opportunistes sur les revendications immédiates des masses!
• Un parti où les seules capacités d’initiatives sont de copier les aléas du mouvement spontané et des autres forces de gauche et de se mettre à la remorque de celles-ci («Fuckthe150», «Opportunism Against Fascism», etc.)!
• Un parti qui n’est pas le nôtre et qui n’a rien à voir avec le PCR!
Nous sommes les continuateur-es!
• Que ce soit dans la lutte contre les conceptions petites-bourgeoises que Marx et Engels ont mené pour poser les bases du socialisme scientifique;
• Que ce soit dans les luttes que Lénine et les bolchéviks ont menées contre les économistes, les opportunistes et les menchéviks;
• Que ce soit dans la lutte de ligne épique qui a culminé à la faillite de la Deuxième Internationale et à la trahison historique de la social-démocratie et qui fut à l’origine du mouvement communiste tel que nous le connaissons;
• Que ce soit dans la rupture que Mao et le Parti communiste chinois ont opérée avec l’URSS révisionniste, lançant ainsi une véritable vague de militant-es et d’organisations antirévisionnistes à travers le monde;
• Que ce soit dans la lutte qui a suivi la mort de Mao et la restauration du capitalisme en Chine pour continuer le combat, lutte qui fut à l’origine du Mouvement révolutionnaire internationaliste (MRI) et de la nouvelle vague de guerres populaires;
… il faut reconnaître que le fait d’avoir raison théoriquement et politiquement n’a donné, en pratique, aucun laissez-passer, aucun ticket gratuit, aucun billet de faveur aux communistes révolutionnaires pour prendre leur place et mener leur politique. La seule vérité pour eux fut le devoir de continuer la lutte peu importe les obstacles; l’obligation de continuer peu importe les trahisons, peu importe les défaites, peu importe les embuches. Et l’histoire du mouvement révolutionnaire canadien n’a jamais fait exception à cet impératif, que ce soit:
• Lorsque nos plus vieux et vieilles camarades membres du PCR ont continué la lutte pour construire le Parti et pour ériger la défense du communisme en en refusant la mise à mort, laquelle avait été annoncée par la trahison historique de la direction du mouvement ML au Québec qui, n’ayant pas les reins suffisamment solides, avait refusé d’avancer vers la révolution en liquidant ses propres organisations;
• Lorsque les camarades formant la direction historique du PCR ont fondé Action socialiste, première organisation canadienne à reconnaitre le maoïsme comme troisième stade supérieur de la science de la révolution, pour lutter contre la lente mort du communisme au Canada;
• Lorsque nous avons lutté contre les tendances de droite à l’international qui refusaient l’universalité de la guerre populaire et sa possibilité dans un pays capitaliste avancé;
• Lorsque notre organisation s’est constituée en PCR(co) pour lutter contre l’attentisme outrancier de la période de reflux et contre le réduction du communisme à une simple option théorique sur le futur;
• Lorsque notre organisation s’est constituée en Parti en allant à contre-courant de l’ensemble de la gauche dans les pays impérialistes et qu’elle s’est mis à avancer dans une pratique réelle de préparation de la guerre populaire en misant sur la continuité et la persévérance de l’action révolutionnaire;
• Lorsque notre organisation a rompu avec les opportunistes canadiens et le maoïsme-révisionniste pour défendre l’intégrité du parti, de son programme, de sa stratégie et de ses conceptions.
Nous avons été, nous sommes et nous serons les continuateur-es de cette lutte pour le communisme; de la lutte contre tous les liquidateurs, toutes les trahisons, tous les mensonges et toutes les manœuvres petite-bourgeoises; de la lutte contre toutes les mises à mort, toutes les révisions et toutes les tentatives d’enfermer la révolution.
Nous appelons tous les partis et toutes les organisations maoïstes dans le monde à lutter contre les déviations, les manifestations de l’opportunisme de droite et les positions liquidatrices au sein du mouvement maoïste; à lutter contre toutes les forces embryonnaires, rampantes, ou à l’état d’organisations formées comme celles des opportunistes canadien-nes; à lutter de toute leurs forces contre le révisionnisme et à tenir bien haut le drapeau rouge de la révolution malgré les attaques de ses ennemis frappant de tous les côtés!
En continuité avec toutes les luttes que les communistes ont menées contre les révisionnistes, contre les opportunistes et contre les liquidateurs ayant cherché à saboter le mouvement révolutionnaire et trahir le prolétariat mondial!
En continuité avec le programme du Parti, ses plans et ses perspectives stratégiques pour construire un centre authentiquement prolétarien apte à diriger l’ensemble du peuple canadien dans la guerre populaire contre la bourgeoisie et l’État bourgeois canadien!
Pour la défense du communisme, du Parti, du maoïsme et de la guerre populaire,
Organisons la lutte à mort contre le révisionnisme et l’opportunisme!
Reconstruisons le Parti communiste révolutionnaire libéré du révisionnisme!
Nous sommes les continuateur-es!